Dans la vague actuelle et tendance des remakes, reboots, prequels, sequels et autres “redo” en tout genre, rares sont les films qui font mieux que la trame originale, Jason Bourne L’héritage n’échappe malheureusement pas à la règle. Profitant du nom d’une trilogie à succès et de la renommée récente de Jeremy Renner (qui était pourtant dans le coin depuis un moment, quand même, mais largement mis en avant grâce au film Avengers), on nous annonçait ce film comme étant un des meilleurs de la saga, si tant est que l’on puisse l’inclure dans la saga (les rappels sont nombreux, impossible de passer à coté du nom de Jason Bourne, tant et si bien qu’on a finalement du mal à retenir le nom du nouvel héros).
Même si je ne suis pas une grande fan de la franchise Bourne, ni même hyper fan de Matt Damon en général, il faut quand même avouer que ce dernier opus n’est qu’un prétexte à peine déguisé pour relancer la machine et se faire des sous, profitant ainsi du travail déja mâché par Doug Liman / Paul Greengrass (et Matt Damon).
Lorsque le film démarre c’est le début du mystère : l’histoire met du temps (beaucoup) à démarrer, pendant plus d’une heure on nous balance des bouts de séquences en mode puzzle qui prochainement à la suite de façon saccadée, entrecoupés de bavardages plus ou moins codés, vaguement scientifiques – histoire de bien nous faire comprendre la complexité de la chose (ou bien c’est une manière de faire illusion et de combler les trous vu le vide intersidéral du scénario) pour finalement se retrouver dans un tronc commun où on finira par comprendre que le programme hyper secret d’agents hyper secrets et hyper entraînes risque d’être dévoilé au grand public, (oh my god heureusement que c’était hyper secret), du coup, faut buter tout le monde (normal). De l’autre coté, Jeremy Renner (en manque de cachetons) et Rachel Weisz (une scientifique vaguement liée à l’histoire) sont parmi les cibles à éliminer et il faut absolument qu’ils se rendent à Manille, en Philippines, sinon Renner redeviendra stupide (sic) et ne pourra pas les sauver (en gros). Tout ça pour ça.
Après ça, il devient clair que l’on a été appâté par un excellent plan de com’ et que l’entrée fadasse dure bien plus longtemps que le plat principal. En effet, le summum de l’action se résume dans les dernières minutes où nos héros (Renner – Weisz) seront pourchassés par un méchant, qui n’aura même pas une ligne de crédit dans tout le film, ce qui nous donnera au final une scène à rallonge et qui se termine en queue de poisson (mais qui a au moins le mérite d’être plus lisible que l’action signée Greengrass, ça fera plaisir aux épileptiques !).
Jeremy Renner délivre une prestation correcte, sans plus, dans son rôle d’action man “mais pas que”, croisé d’un McGyver des temps modernes (on comprend pas trop ce qu’il fait avec les passeports mais ça a l’air génial), le tout saupoudré de son agréable mono-expression faciale. Le reste du casting (Weisz, Norton…) répondent présents sans grande conviction… Encore une fois, le film part tellement dans tout les sens que personne ne se distingue vraiment du lot (bien que Weisz fasse preuve d’une excellente condition physique, notons-le au passage).
Le gros problème du film, selon moi, c’est que Jason Bourne L’héritage manque sérieusement de scènes de castagnes (scènes qui avaient largement contribué aux succès de la Bourne trilogie), il n’y a de mémoire qu’une scène où Renner s’agite vraiment face à trois pauvres vigiles (donc pas du tout formés pour riposter à ce niveau là), scène bien trop courte pour être appréciée. C’est vraiment dommage, car je pensais que ce film signerait une sorte de revival des films d’actions mêlant un peu de suspens (un digne rejeton de la trilogie, en somme) où on s’en prendrait plein la gueule pendant 1h30+ et dont on ressortirait satisfaits (et repus) car on aurait assisté à du grand spectacle (action + explosion(s) + baston(s) entre bonhommes). Là, clairement, c’est vraiment pas le cas, on s’ennuie même un peu, voire beaucoup… Le temps est long (135 minutes). On en ressort déçus, surtout à cause de cette incroyable fin, j’ai envie de dire “bâclée”, car l’action se termine brusquement et le film aussi 5 minutes après, par un dernier plan maladroit où on laisse les deux co-stars du film se regarder dans le blanc de la prunelle et… Pouf, voilà, c’est fini et on plante le générique !
Pas de conclusion, pas même quelques pistes sur ce qui nous attend… Une suite ? Un reboot de la trilogie histoire de bien compléter le massacre ? Non vraiment je ne l’espère pas mais je pense que clairement, les têtes pensantes autour du film ont tout simplement décidé de ne griller aucune cartouche et d’attendre de voir les chiffres du box-office avant de se décider.
Alors bien sûr, l’idée de ce nouveau film était de se pencher un peu plus sur ces fameux programmes top secrets, Treadstone (dont provenait Jason Bourne) ou Outcome (même programme en version plus dark) et de nous dévoiler un peu plus les machinations qu’il y a derrière tout cela (blablabla c’est chiant, on s’en fout), mais je persiste à penser que ces explications auraient largement pu être simplifiées et résumées afin de laisser davantage de place à de l’action (l’intérêt de la franchise quand même) et ainsi donner un véritable rythme au film.
En résumé, Jason Bourne l’héritage n’est tout simplement pas à la hauteur de la trilogie, ni dans la même optique d’ailleurs.