
Le pitch : Mélanie, atteinte d’une maladie incurable, a décidé qu’il était temps de profiter de la vie ! Elle embarque Benjamin, son ami de toujours, dans un périple vers l’Espagne à bord d’un van délabré, conduit par Lucas, un chauffeur bourru sorti de prison la veille.
Pour son premier long métrage, Maël Piriou (co-scénariste sur À Trois On Y Va) choisit de faire le remake d’un film flamand Hasta La Vista réalisé par Geoffrey Enthoven en 2011. D’après le réalisateur, l’oeuvre originale est une sorte de road-trip affectif avec ce qu’il faut de tendresse, de maladresses, et de moments vrais. Une Pointe d’Amour, c’est une balade douce-amère sur la liberté d’aimer quand le corps ne suit pas, quand le quotidien est une épreuve logistique, et que le désir, lui, reste intact.

Derrière les airs de comédie romantique un peu bricolée sur font de road-trip amical, Maël Piriou livre un film qui parle frontalement d’un truc qu’on ne voit quasi jamais au cinéma : le droit au flirt, au sexe, à l’intimité quand on est malade ou en situation de handicap. Le film met les pieds dans le plat, mais avec un tact et une élégance qui forcent le respect. Pas de violons ni de misérabilisme : le film de Maël Piriou montre une vérité trop souvent ignorée par les personne valide (l’absence de rampe à coté d’escalier, le besoin d’assistance pour les besoins les plus naturels et le face-à-face avec la mort au quotidien…) et pourtant, ces contraintes permanentes ne freinent jamais le récit principal, à savoir la quête de vie malgré tout et surtout l’envie d’être désiré.

Là où d’autres auraient forcé le trait ou joué la carte de la leçon de vie et contrairement à Un P’tit Truc en Plus d’Arthus qui avait choisi l’humour presque potache autour du handicap pour attendrir, Une Pointe d’Amour reste humble et surtout lumineux. Le film avance doucement mais sûrement sur son terrain balisé, comme le van déglingué qui embarque le trio et les secrets de polichinelle entre amis. Entre romcom et buddy-movie dysfonctionnel, le film parvient à capter l’humanité et l’émotion à travers des personnages malmenés par la vie. Ce qui s’annonçait comme un baroud d’honneur sexuel va donner lieu à une rencontre vers l’espoir et surtout la liberté de vivre sans entrave (ou presque).

Alors oui, ça ne casse pas trois pattes à un canard, le scénario est prévisible, la réalisation est loin d’être remarquable et l’ensemble est parfois bancal, comme ses personnages… mais c’est aussi ce qui rend le tout attachant, le temps du visionnage. Maël Piriou livre un film sincère qui rappelle que l’isolement, les complexes, les croyances limitantes, ça concerne tout le monde, valide ou pas. Une Pointe d’Amour est une invitation au sourire et au relativisme, tant il parvient à conquérir par son récit à la fois simple mais relativement tendre et touchant. Ceci étant dit, ce n’est malheureusement pas suffisant pour rester en mémoire une fois le film terminé.

Au casting : Julia Piaton (Le Mélange des Genres, Le Secret de Khéops, Les Petites Victoires…) et Grégory Gadebois (Le Fil, La Plus Précieuse des Marchandises, Coupez !…) portent le film, tandis que Quentin Dolmaire (Niki, Le Processus de Paix…) tient bien sa place à l’arrière du van.
En conclusion, Une Pointe d’Amour ne révolutionne rien, mais il touche juste, avec pudeur et humanité. Maël Piriou réalise un road-movie bancal mais sincère, sans pour autant réussir à élever son sujet. Résultat, c’est sympatoche mais sans plus. À tenter.

