
Le pitch : Lorsqu’un groupe d’amis découvre comment conjurer les esprits à l’aide d’une mystérieuse main hantée, ils deviennent accros à ce nouveau frisson, et l’expérience fait le tour des réseaux sociaux. Une seule règle à respecter : ils ne doivent pas tenir La Main plus de 90 secondes. Lorsque l’un d’entre eux l’enfreint, ils vont être rattrapés par les esprits, les obligeant à choisir : à qui se fier, aux morts ou aux vivants ?
Les frères jumeaux Danny et Michael Philippou sont connus en Australie pour leur websérie RackaRacka – un mélange d’action, de violence et de gore – qu’ils ont écrite, réalisée et incarnée pendant près de six ans. Leurs frasques sont également suivies par plus de six millions d’abonnés sur leur chaîne Youtube, tandis qu’en parallèle, les frères Philippou sont également crédités parmi le crew du film Mister Babadook, réalisé par Jennifer Kent (2014). Une notoriété underground qui n’est pas passée inaperçue, car les réalisateurs auraient parait-il refusé de réaliser un film de DCEU (lequel ? mystère…), afin de réaliser leur premier long métrage : La Main (Talk To Me). Grâce à l’engouement de leurs fans, le film des frères Philippou parvient à traverser les continents jusqu’à nos écrans, à travers une campagne tonitruante et des bandes-annonces alléchantes. Alors, pari réussi ?

La Main s’inscrit comme une petite surprise australienne intéressante, qui s’écarte habilement des schémas narratifs américains, offrant ainsi un souffle d’originalité bienvenu. Avec ses accents de teen horror movie qui s’amusent avec une main possédée comme d’autres feraient des séances de Ouija, malgré tous les avertissement possiblew, le film observe ses personnages jouer avec le paranormal et s’enfoncer dans une spiral infernale semblant sans issue. À l’épicentre du scénario se trouve la thématique du deuil (comme le récent Croque-Mitaine), explorée sans céder aux artifices narratifs attendus. En effet, les frères Philippou s’éloignent des écueils classiques où les personnages vont chercher la racine du mal, traquer un ou des démons avant de conclure avec un énième exorcisme rafistolé avec des bouts de ficelles trempés dans du déjà-vu. Au contraire, La Main assume son partie pris et plonge dans les méandres de l’âme adolescente, où la culpabilité et les choix impulsifs forgent un engrenage d’une intensité troublante et accrocheuse.

Cependant, malgré de bons atouts, La Main peine quelque peu à s’élancer, trébuchant sur ses premiers pas en tentant d’installer une intrigue poussée, en retardant le moment où tout part en vrille. Mais c’est véritablement sa fin expédiée qui frustre, tel un poème écourté dont le dernier vers serait manquant. Le film, trop court, ne parvient pas à équilibrer la longueur de sa mise en place et la brièveté d’un troisième acte expédié en quelques minutes. De plus, la fin proposée reste trouble : je ne sais toujours pas si elle est à prendre au premier degré ou si cette conclusion est une porte de sortie pour une héroïne traumatisée.
Parmi les points positifs, c’est que les réalisateurs, fan de gore, propose un visuel réjouissant. La Main anime sont récit d’une part généreuse de suspense et d’images explicites, flirtant souvent avec le violent et le macabre, à travers des maquillages réussis (voir même un peu trop, tant cela attire l’œil). Âmes sensibles s’abstenir, car si le film a une interdiction aux moins de 16 ans, c’est parce qu’il contient des images peu ragoûtantes. En revanche, la piste sonore dépeint un panorama contrasté. D’un côté, certains bruits résonnent de manière surréaliste, tandis que, de l’autre, un effet gauche-droite soudainement efficace. Du coup je me demande : est-ce un coup de bol ou une envie d’impressionner mal maîtrisée ?

Au casting, peu de visages connus de ce coté de l’hémisphère, en dehors de Miranda Otto (Annabelle 2, Les Nouvelles Aventures de Sabrina…). Coté ados, le film observe les premiers pas prometteurs sur grand écran de Sophia Wilde (Eden…), Alexandra Jensen, Otis Dhanji et Joe Bird.
En conclusion, La Main propose une intrigue originale et prenante au déroulé qui change du storytelling américain. Cependant, le film des frères Philippou auraient gagné à être rallonger de quelques minutes en plus, affin de proposer un récit plus équilibré et abouti. Peut-être dans une suite ? À tester.

