
Le pitch : Rien n’avait préparé Eva à l’exigence d’un grand hôtel. En intégrant l’équipe des femmes de chambres, elle fait la connaissance de collègues aux fortes personnalités : Safietou, Aissata, Violette et Simone. Entre rires et coups durs, la jeune femme découvre une équipe soudée et solidaire face à l’adversité. Lorsqu’un mouvement social bouscule la vie du palace, chacune de ces « Petites Mains » se retrouve face à ses choix.
Pour son nouveau film Petites Mains, Nessim Chikhaoui (Placés…) s’associe à nouveau avec Nathalie Fillières au scénario. Sur fond de comédie sociale, Petites Mains explore le monde des travailleuses de l’ombre, ces femmes de ménage qui, chaque jour, s’occupent du nettoyage des grands hôtels de luxe sans jamais être vraiment remarquées. Le cinéma français a souvent mis en lumière ces invisibles, comme dans des films tels que À Plein Temps, Brillantes ou encore Ouistreham (sans parler du termes « Invisibles » souvent repris dans le film, faisant penser au film du même nom). Petites Mains s’inscrit dans cette lignée avec une approche poignante et réaliste.

Nessim Chikhaoui suit le quotidien d’un groupe de femmes qui jonglent entre charge de travail intense, effectif réduit et dirigeants insensibles à leurs demandes (meilleurs salaires, sécurité de l’emploi, renforts personnels et matériels…). Les personnages sont attachants malgré quelques clichés (ou fond de vérité dérangeante), tandis que l’histoire tire sa force de son inspiration réelle. En effet, le scénario est basé sur des l’histoire des femmes de ménage en Espagne et en Angleterre qui se sont révoltées contre les conditions de travail dans les palaces, connues sous le nom des « Kellys ».

Le film dépeint la vie de ces « Petites Mains » avec sensibilité, sans tomber dans le mélodrame excessif. Il soulève des questions importantes sur la dignité au travail, le respect des droits des employés et la lutte pour de meilleures conditions. Les scènes montrant la camaraderie entre les femmes contrastent habilement avec la dureté des conditions de travail, créant un équilibre entre l’espoir et le désespoir. Si certains éléments peuvent sembler familiers pour les habitués de ce genre de films, « Petites Mains » se démarque par son authenticité et sa volonté de donner une voix à celles qui en ont souvent été privées.

Cependant, si le film a un message engagé, il faut tout de même souligner l’insistance du film à montrer des femmes qui aiment leurs métiers, malgré toutes ses contraintes. Là où d’autres œuvres du même genre ont tendance à faire du mélo sur ce type de personnages (illettrisme, pauvreté, insécurité…), Petites Mains montre des réalités difficiles mais sans jamais apposer de jugement. Ainsi, quand Nessim Chikhaoui sort du cadre hôtelier, c’est surtout pour étoffer ses personnages et mettre en avant leurs courages et leurs déterminations, qu’elles soient isolées ou mères de familles.

Lucie Charles-Alfred (Sambre, La Traversée…) retrouve le réalisateur Nessim Chikhaoui pour ce film, jouant un rôle qui n’est pas sans rappeler ceux qu’elle a déjà interprétés dans Placés et La Traversée. Même si l’actrice pourrait diversifier ses rôles, elle réussit à donner de la profondeur à son personnage et gagne en sympathie au fil de l’histoire. À ses côtés, Corinne Masiero, connue dans ce registre pour des films tels que Louise Wimmer, Les Invisibles et Discount, apporte au film une intensité et une humanité qui résonnent avec les luttes des femmes qu’elle incarne.

À leurs cotés côtés, on retrouve Marie-Sohna Condé (Je Ne Suis Pas Un Héros…), Salimata Kamate (Saint Omer, les films Bon Dieu…), Maïmouna Gueye (Drôle, Rivales…) et Mariama Gueye (Mignonnes, L’Ordre des Médecins…) pour compléter une équipe de choc, dévoilant des moments lumineux au milieu d’un quotidien éprouvant. Kool Shen (Syndrome E, Paradise Beach…) et Abdallah Charki (Skam…) apportent également leur contribution à cette distribution solide.
En conclusion, si le film de Nessim Chikhaoui ne réinvente pas la comédie sociale, il propose un récit accessible et émouvant, évitant les clichés et le misérabilisme trop faciles. Solaire et puissant, Petites Mains célèbre des femmes habituellement invisibles, montrant leur lutte pour briser le carcan des conditions sociales. À voir.

