
Le pitch : Sans explication, Paul rétrécit peu à peu. Il va alors devenir la proie des animaux et insectes. Il va devoir survivre dans un environnement devenu hostile, tout en se questionnant de plus en plus sur son identité.
Seize ans après 99 Francs et quelques films ou documentaires plus discrets entretemps, Jan Kounen (Mon Cousin, Mère Océan…) revient enfin derrière la caméra avec un projet aussi audacieux qu’inattendu : revisiter L’Homme Qui Rétrécit, le classique de Richard Matheson déjà porté à l’écran en 1957 par Jack Arnold. Et il faut le dire : cette nouvelle mouture française, menée par un Jean Dujardin quasi seul au monde (wink wink), a de la gueule… du moins à première vue.

Jan Kounen reste fidèle à son goût du trip visuel et sensoriel. Dès les premières scènes, la mise en scène impressionne : il réussit à rendre spectaculaire le banal, transformant un simple salon en jungle urbaine, un escalier en Everest et une araignée en cauchemar lovecraftien. Le réalisateur contourne habilement le piège du tout-numérique, jouant davantage sur les décors et la mise en perspective que sur la surenchère d’effets spéciaux. Le résultat a quelque chose de physique, de palpable, presque artisanal, qui renvoie à une SF “old school”, faite d’artifices et d’imagination.

Cependant, après la fascination et la curiosité initiales, la mécanique se grippe. Une fois que le spectateur a assimilé la logique du film, celle d’un homme minuscule confronté à un monde devenu gigantesque, le récit peine à se renouveler. La survie se répète et la contemplation prend le pas sur la tension. L’ensemble devient méditatif, presque métaphysique, quand il voudrait rester haletant. Ce n’est pas désagréable, mais ça manque d’énergie pour soutenir deux heures de film.

L’oscillation permanente entre délire visuel et quête intérieure devient alors une parabole sur la solitude, l’effacement, la petitesse humaine face à l’immensité du monde. Sauf que ce mélange d’introspection et de spectaculaire finit par se neutraliser lui-même : trop contemplatif pour son ambition presque blockbusterienne, trop codifié pour un vrai film d’auteur.

Au casting, Jean Dujardin (Novembre, Présidents…) a déjà montré qu’il pouvait se faire petit dans Un Homme à la Hauteur, mais ici, il s’offre son propre Seul au Monde, à travers une performance à la fois physique et fragile, déchu malgré lui. N’est pas Tom Hanks qui veut : ça manque parfois d’émotion et de finalité après tant d’introspection à l’écran. À ses cotés, on aperçoit Marie-Josée Croze (Ma Langue au Chat, Prométhée…) et la jeune Daphné Richard (Iris, Des Vivants…) pour incarner la cellule familiale.
En conclusion, L’Homme Qui Rétrécit reste une belle démonstration de science-fiction à la française, techniquement bluffante et portée par une vraie vision. Jan Kounen ne revient pas en force, mais prouve qu’il n’a rien perdu de son audace. À voir.

