Thriller

[CRITIQUE] Personal Shopper, d’Olivier Assayas

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Le pitch : Maureen, une jeune américaine à Paris, s’occupe de la garde-robe d’une célébrité. C’est un travail qu’elle n’aime pas mais elle n’a pas trouvé mieux pour payer son séjour et attendre que se manifeste l’esprit de Lewis, son frère jumeau récemment disparu. Elle se met alors à recevoir sur son portable d’étranges messages anonymes…

Une chose est sûre, c’est que le dernier film d’Olivier Assayas n’a pas volé le Prix de la Mise en Scène qu’il a reçu lors du dernier Festival de Cannes (même s’il y avait quand même mieux en face). Deux ans après Sils Maria, le réalisateur retrouve Kristen Stewart dans un thriller fantastique aussi contemplatif que millimétré. En effet, le film plonge dès les premières minutes dans un univers glacé, où le luxe rencontre une approche du paranormal intéressante tout en restant prudente, à travers ces plans aseptisés et obscures, qui jouent avec les apparences et l’appétence du public pour quelques frissons. Olivier Assayas parvient dans un premier temps à entretenir un mystère prenant où la réalité est mise à mal tandis que l’héroïne recherche un signe de son frère décédé. Personal Shopper s’inscrit comme une tranche de vie en parenthèse, livrant un personnage en suspens, comme figé dans le temps et par l’attente, dans une vie en pointillés ponctuée par un job aussi alimentaire que fascinant. Le film est en équilibre dans deux univers parallèles, d’un coté le glamour du monde du luxe qui donne un cachet stylisé au film et, de l’autre, le thriller qui prend de plus en plus d’espace, jusqu’à jumeler ces deux mondes dans un ensemble relativement plaisant.

personalshopper1Malheureusement, niveau intrigue, Personal Shopper laisse sur le carreau. Olivier Assayas sait comment maintenir la tension dans son film, mais tourner autour de la belle Kristen Stewart ne suffit pas longtemps à distraire (surtout quand il faut la regarder envoyer des textos, le pouce tremblant, pendant une demi-heure…). Si Personal Shopper réserve quelques frissons, la suite laisse rapidement perplexe. Les plus futés devineront aisément le twist final avant sa révélation, mais ce sont surtout les longueurs contemplatives qui ont eu raison de mon intérêt pour ce film. Oui, Olivier Assayas sait manier une caméra et jouer avec les prises de vues, certains plans sont même sublimes, mais l’histoire tourne tellement en rond autour de son actrice fétiche que tout ce talent dévoilé et exploré s’évapore dans l’ennui le plus total. L’exercice est peut-être suffisamment original pour Cannes, mais pour les amateurs de thriller : on a déjà vu mieux.

Au casting, Kristen Stewart (American Ultra, Sils Maria, Still Alice…) hante l’écran, superbe et sublimée par le regard visiblement admiratif d’Assayas pour sa nouvelle muse qui prouve que, malgré une certaine saga que je ne nommerai plus, elle reste une actrice étonnante et trop rare sur grand écran, tant elle imprime une classe et une certaine élégance innée qui subjugue tout au long du film, même dans ses moments les plus inintéressants. Autour d’elle gravitent des seconds rôles dans l’ombre : Lars Eidinger (Sils Maria…), Sigrid Bouaziz (Tunnel…), Anders Danielsen Lie (Oslo, 31 Août…) et même Benjamin Biolay (Irréprochable…).

En conclusion, Olivier Assayas livre un film stylisé, articulé autour d’une Kristen Stewart superbe. Mais le réalisateur se perd dans la contemplation de son actrice sous toutes les coutures. Résultat, à défaut de thriller, Personal Shopper ressemble plus à une sorte de drame psychologique et un peu fadasse, car si la mise en scène est alléchante, le traitement narratif, lui, manque de tension et de dynamisme, rendant l’ensemble finalement ronflant et surestimé. À tenter.

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