Action

[CRITIQUE] Elyas, de Florent-Emilio Siri

Le pitch : Elyas, ancien soldat des Forces Spéciales, solitaire et paranoïaque, devient garde du corps pour Nour, 13 ans et sa mère Amina, venues du Moyen-Orient. Tandis que l’ex-guerrier et la jeune fille s’apprivoisent, un mystérieux commando les prend pour cibles. Elyas ne reculera devant rien pour la sauver.

Près de dix ans après son dernier film au cinéma, Florent-Emilio Siri (Cloclo, Otage, Nid de Guêpes…) revient à un de ses premières amours : le cinéma d’action haletant et tendu. Avec la force tranquille de Roschdy Zem en tête d’affiche, le réalisateur livre un actionner burné à tendance névrosé, qui tente de renouveler le genre en y ajoutant une sous-intrigue psychologique.

Dans son écrin abrupt et brutal, Elyas transpose instantanément le spectateur dans le quotidien paranoïaque et psychotique de son héros, toujours sur le qui-vive et prêt à en découdre. Au détour d’une mission visant à protéger une jeune fille, le film propose une mise en abîme dans un monde cadenassé, étouffé dans une richesse qui les emprisonne et menacé par les (vagues) désidératas et manigances des plus puissants. Là où le film innove, c’est en laissant planer le doute sur la santé mentale de son personnage titre et sur la véracité des images qui se déroulent. Avec ce point de départ, Elyas capte l’attention, proposant un récit épineux et sur le fil du rasoir.

Dans l’ensemble, j’ai beaucoup aimé Elyas. Quand le cinéma français tire la tronche et casse des burnes, je dis oui. Elyas est un thriller d’action qui a de la gueule et n’aurait presque rien à envier à un Equalizer ni à un John Wick dans sa démonstration de brutalité mesurée et féroce. Le personnage principal apporte une profondeur et une intensité qui captivent, créant un paradoxe percutant entre son calme apparent et le déferlement de violence dont il fait souvent preuve.

La réalisation resserrée de Florent-Emilio Siri accentue le sentiment oppressant du récit, rythmant une course contre la montre palpitante ancrée dans une réalité sombre et tangible. Les scènes de combat sont chorégraphiées avec une précision qui laisse le spectateur admiratif, chaque coup porté étant ressenti avec une brutalité palpable. Quelques scènes resteront en mémoire, celle de la caravane – là où le doute était le plus présent jusqu’à la dernière seconde, coté spectateur – et celle du camion, qui fait également un parallèle épouvantable avec une réalité bien sordide. Ce quelques moments forts éclaboussent en plein visage et m’ont souvent laissée bouche bée.

Alors oui, il y a quelques trous dans la raquette côté scénario, j’aurai aimé que le doute sur la santé mentale du héros soit mieux bricolée. Malheureusement, le suspens est anéanti bien trop vite, puis la fin est bâclée dans un dernier acte ultra-commode et improbable. Pourtant, malgré ses défauts visibles, Elyas parvient à maintenir une tension constante, soutenue par une mise en scène efficace et conquérante, qui pardonne instantanément les couacs narratifs.

Au casting : c’est donc Roschdy Zem (Vivants, Le Principal, Les Miens…) qui porte le film sur ses épaules, avec sa force tranquille et son intensité innée. À ses cotés, Jeanne Michel (Ducobu Président !…) continue de faire ses débuts sur grand écran, avec Laëtitia Eïdo (Un Homme Heureux, Les Choses Humaines…), Dimitri Storoge (Made In France, Loin du Périph’, Validé…), Olivia Bonamy (Pour L’Honneur, De Plus Belle…) ou encore Sherwan Haji (La Conspiration du Caire, Les Feuilles Mortes…).

En conclusion, Elyas est un film qui, malgré ses imperfections, parvient à embarquer sans effort, grâce à sa tonalité brute et à la violence palpitante et graphique des scènes d’action. Florent-Emilio Siri nous offre une œuvre qui, tout en étant maladroite, impressionne et fait passer un très bon moment si on aime la castagne à la sauce brute épaisse. À voir.

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