Épouvante-horreur

[CRITIQUE] The Woman In The Yard, de Jaume Balaguero

Le pitch : Ramona, une femme rongée par le chagrin qui a survécu à l’accident de voiture qui a été fatal à son mari, doit s’occuper de son fils et de sa fille, seule dans leur propriété rurale. Un jour, une femme prend forme dans leur jardin. Ramona pense que cette femme erre et a perdu la raison, mais alors que la femme rôde de plus en plus près de la maison, il devient évident qu’elle n’est pas une personne ordinaire et que ses intentions sont loin d’être bienveillantes.

Avec The Woman in the Yard, Jaume Balagueró (Black Adam, Jungle Cruise, The Passenger…) revient à l’horreur et semble chercher à transformer ses premiers essais horrifiques un poil scolaire contre de l’épouvante introspective. Moins gore, plus métaphysique ? Presque. Car si le film flirte avec les codes de l’elevated horror, ce n’est pas sans y glisser quelques facilités bien old school : portes qui claquent, silhouettes flippantes dans le jardin et jump scares un peu en roue libre.

Mais derrière cette esthétique “horror chic”, The Woman in the Yard déploie un vrai malaise qui accroche. Jaume Balagueró enferme littéralement ses personnages dans un huis clos anxiogène, où la peur prend racine dans le chagrin, le deuil et la solitude. Le cadre est resserré, le temps suspendu, et une tension rampante infuse chaque scène. Il y a un quelque chose de pourri dans la psyché de cette maison, et le film ne cherche jamais à tout expliquer… pour notre plus grand plaisir.

Là où The Woman in the Yard séduit, c’est dans sa capacité à transformer un mal bien réel en une entité physique, une menace qu’on ne peut ni fuir ni ignorer. Mais cette allégorie fonctionne par à-coups : on sent la volonté de symboliser la douleur, le sacrifice et la résilience maternelle (ce qui rappelle parfois le combat du personnage d’Halle Berry dans Mother Land), sauf que le propos se dilue parfois dans une mise en scène un peu trop appliquée, un peu trop “film de festival qui veut bien faire”.

C’est finalement pas étonnant de la part d’un réalisateur qui a fait carrière en réalisant des films aux scénarios balisés (avec ou sans Liam Neeson à l’affiche). Quand il faut creuser et un peu plus étoffer l’histoire, le château de cartes s’effondre et laisse apparaître ses failles. Là où The Woman in the Yard aurait pu être bien plus entêtant, le film finit par s’en tenir à pré-fabriquer fonctionnel. Reste une ambiance, une étrangeté tenace, et cette silhouette noire qui hante le hors-champ comme une sentence. L’ensemble n’est pas inoubliable, mais suffisamment efficace pour mériter qu’on s’y attarde.

Au casting : Danielle Deadwyler (I Saw The TV Glow, Emmett Till…) incarne un personnage grippé par le deuil de manière convaincante, aux cotés de ses jeunes partenaires Peyton Jackson (The Resident…) et Estella Kahiha. Face à eux, bien que masquée, Okwui Okpokwasili (Agatha All Along, L’Exorciste – Dévotion…) incarne cette fameuse femme dans le jardin, tandis que Russell Hornsby (BMF, Creed II…) fait quelques apparitions.

En conclusion, Jaume Balagueró propose un cinéma d’épouvante plus cérébral, bien qu’un peu bancal, mais traversé d’éclairs de tension (et d’intentions) salvateurs. Ni révolutionnaire, ni bâclé : The Woman in the Yard se faufile comme un cauchemar doucement dérangeant, comme une météo sinistre en plein été, puis disparait sans laisser de traces. À tester.

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