
Le pitch : Pour échapper à la police, un fils et son père en cavale sont contraints de trouver refuge dans une colonie de vacances pour jeunes adultes en situation de handicap, se faisant passer pour un pensionnaire et son éducateur spécialisé. Le début des emmerdes et d’une formidable expérience humaine qui va les changer à jamais.
Aborder le sujet du handicap dans une comédie sans tomber dans la caricature ou la méprise est un défi de taille. Habituellement, les films comme Hors Normes, Le Huitième Jour, Rain Man ou Gilbert Grape préfèrent explorer ce thème dans un registre dramatique, soit pour mettre en lumière le quotidien des personnes handicapées, soit pour une revendication plus sociale. L’acteur Artus, “attiré par la fantaisie des personnes avec handicap mental”, signe ici un premier film ensoleillé et sans complexes qui a déjà conquis plus de onze millions de spectateurs dans le monde (francophone). Et oui, j’ai mis un peu de temps à me motiver à aller le voir.

À mi-chemin entre Nos jours heureux et Hors Normes, deux films du duo Toledano-Nakache d’ailleurs, Un P’tit Truc En Plus nous plonge dans un récit où les personnages hauts en couleur et attachants sont au centre. Artus incarne un fugitif de pacotille tentant d’échapper à la police avec son père. Le film réussit à esquisser une aventure humaine authentique sans jamais verser dans le pathos. Les personnages handicapés sont présentés avec respect, évitant toute forme de stéréotype ou de normalisation forcée. Au contraire, le cadre de la colonie de vacances devient le terreau fertile pour développer des relations tendres, que ce soit entre les encadrants dévoués ou au sein de romances naissantes.

Cependant, malgré ses bonnes intentions, Un P’tit Truc En Plus pâtit des maladresses propres à un premier film. Si la caméra d’Artus capture avec tendresse ses personnages, le scénario peine à maintenir le rythme jusqu’au bout. Malgré une durée relativement courte, l’histoire semble parfois oublier l’urgence de la cavale de ses protagonistes, donnant lieu à un dernier acte précipité, entre rédemptions et transitions maladroites dans le temps, comme si le film cherchait à boucler les arcs narratifs rapidement.

Cette conclusion souligne la dimension un peu scolaire de l’ensemble, malgré une atmosphère bienveillante et le charme indéniable des personnages. Bien que bénéficiant d’une période favorable marquée par les Jeux Olympiques et Paralympiques, propice à une conversation bienveillante sur le handicap, Un P’tit Truc En Plus évite habilement les critiques évidentes grâce à son approche consensuelle et aura probablement la part belle aux prochains César. Cependant, ses lacunes d’écriture et de développement limitent son impact, reléguant le film au rang d’une comédie agréable mais peu mémorable.

Au casting : Artus (Bernadette, Un Homme Heureux, Les Goûts et les Couleurs…) et Clovis Cornillac (Les Couleurs de l’Incendie, Les Têtes Givrées, C’est Magnifique !…) forment un duo attendu, l’un en nounours attachant, l’autre empêtré dans son éternel rôle ronchon. Face à eux, Alice Belaïdi (Terrible Jungle, Victor et Celia, Hippocrate…), Marc Riso (Gueules Noires, Jumeaux Mais Pas Trop…) et Céline Groussard (Acide, Vagabondes…) viennent apporter la juste dose d’humanité, incarnant des personnages habitués à l’handicap. Enfin, Artus s’entoure d’une quinzaine d’acteurs – certains novices, d’autres non – et tous porteurs d’un handicap, on retiendra surtout Arnaud Toupense (Chamboultout…), Théophile Leroy (Visions…), Marie Colin, Ludovic Boul, Gad Abecassis ou encore Sofian Ribes, grâce à leurs personnages attachants.
En conclusion, Un P’tit Truc En Plus charme par sa bienveillance et son humanité, mais souffre d’un scénario maladroit et précipité. Malgré de belles intentions, le film d’Artus reste une comédie plaisante mais vite oubliée. À voir.

