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[SÉRIE TV] The Penguin : 3 bonnes raisons de dévorer cette série noire

Le pitch : Une semaine après les événements liés aux agissements du Riddler, Oswald « Oz » Cobb — surnommé Le Pingouin — va monter en puissance dans le monde criminel de Gotham City.
Série spin-off du film The Batman de Matt Reeves.

Créée par Lauren LeFranc
Avec Colin Farrell, Cristin Milioti, Rhenzy Feliz, Carmen Ejogo…
Disponible sur Max

Depuis le succès du film The Batman de Matt Reeves, les attentes étaient élevées pour The Penguin, une série qui promettait de plonger dans les tréfonds du crime à Gotham, seulement quelques années après la série Gotham (2014 – 2019) où le personnage du Pingouin était déjà approfondi. Portée par Colin Farrell (Les Banshees d’Inisherin, The Gentlemen, Les Animaux Fantastiques…) dans le rôle d’Oswald « Oz » Cobblepot, alias le Pingouin, cette nouvelle série relève brillamment le défi en proposant un récit brutal, immoral, et sans compromis, qui explore l’ascension d’un vilain aussi fascinant que détestable.

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Un vilain d’exception dans une Gotham poisseuse

La force de The Penguin réside dans son personnage principal. Après la série Gotham avec Robin Lord Taylor, Oswald Cobblepot est interprété plus vieux et avec maestria par Colin Farrell, se révèlant être un anti-héros complexe et magnétique. Si les incarnations précédentes du Pingouin oscillaient entre caricature et extravagance, cette version mise sur une approche réaliste et glaçante. Maquillé et méconnaissable, Colin Farrell livre une performance saisissante, capturant la cruauté, l’ambition sans limite et le charisme du personnage. Le Pingouin de cette série n’a pas d’excuses à offrir : il est violent, manipulateur, et prêt à tout pour dominer le monde criminel de Gotham. Pas de tragicomédie à la Joker ici, mais un vilain assumé, hanté seulement par un complexe œdipien oppressant et un narcissisme impitoyable.

Gotham, telle qu’elle est dépeinte dans The Penguin, est à la hauteur de ses protagonistes : un décor nocturne, sale, et suffocant, marqué par les ruines laissées par les événements de The Batman. Dans ce chaos, le héros navigue entre trahisons, règlements de comptes, et cadavres qui s’empilent, tout en affrontant des figures mafieuses rivales pour s’imposer en maître du crime. La série explore avec une précision chirurgicale les dessous du trafic de drogue et des luttes de pouvoir, offrant une immersion totale dans un monde sans foi ni loi.

Sofia Falcone : une antagoniste inoubliable

En antagoniste (de l’antagoniste) principale, Sofia Falcone brille par sa profondeur et sa présence. Nouvelle figure de la famille mafieuse Falcone, elle est introduite comme une femme à la fois fascinante et terrifiante. Nourrie par un désir de vengeance et des blessures profondes – notamment son passage à Arkham – Sofia est une adversaire redoutable pour Oswald. Au fil des épisodes, elle s’impose comme une force brute, capable d’égaler en intensité la noirceur du Pingouin.

Après Crystal Reed dans la saison 4 de Gotham, c’est Cristin Milioti (Le Loup de Wolf Street, How I Met Your Mother, The Resort…) qui donne vie à une Sofia complexe, oscillant entre vulnérabilité et cruauté. L’unique héritière féminine de la famille Falcone va largement se montrer à la hauteur de son ennemi, étant également capable du pire sans le moindre remord à l’horizon.

En outre, son apparence est d’une grande minutie : Sofia fascine non seulement par sa profondeur, mais aussi par son style impeccable. Alliant féminité et obscurité, elle adopte un look rock mêlant des pièces sombres et ajustées à des textures soyeuses et des coupes audacieuses, jouant parfois avec le volume. Impossible de ne pas succomber au charme envoûtant de cet ange noir, sublimé par une Cristin Milioti au sommet de son art.

À noter : dans l’arc comics Un Long Halloween, c’est Alberto, le frère de Sofia, qui porte le titre du Tueur au Pendu, tandis que leur père, Carmine Falcone, trouve la mort aux mains de Double-Face. Sofia, quant à elle, y affronte Catwoman avant d’être défenestrée. Toutefois, elle finit par revenir d’entre les morts, marquée par un handicap, mais toujours déterminée, reprenant les rênes de ce qui reste de la famille Falcone.

Un récit autonome, sans Batman

L’un des tours de force de The Penguin est de raconter une histoire captivante sans jamais dépendre de la présence de Batman (ou autre super figure DC). En se concentrant sur les luttes intestines des criminels de Gotham, la série prouve que le Chevalier Noir n’est pas indispensable pour ancrer l’intérêt, dès lors que le récit est maîtrisé. Les intrigues souterraines, les alliances fragiles, et les trahisons suffisent à créer un récit haletant.

À défaut d’une figure justicière, la série va prendre ce point de vue à contre-courant à travers le personnage terriblement attachant de Victor, incarné par Rhenzy Feliz (American Horror Stories, Marvel’s Runaways…), un jeune délinquant à la petite semaine qui rappelle celui qu’épargne Batman au début du film de Matt Reeves. En suivant le parcours du nouveau bras droit d’Oz, la série permet au spectateur de découvrir les bas-fonds de Gotham à travers un regard plus ou moins innocent, avant d’être contaminé par sa noirceur vorace et inexorablement cruelle.

D’ailleurs, l’histoire d’un homme puissant qui prend sous son aile *wink wink* un jeune orphelin, cela rappelle un autre duo bien connu, Batman et Robin pour ne pas les nommer. Cela agit comme un miroir terrible sur la façon dont Gotham influence ses habitants. Harvey Dent le dit dans The Dark Knight : “You either die a hero or live long enough to see yourself become the villain (Soit on meurt en héros, soit on vit assez longtemps pour se voir endosser le rôle du méchant.)”. Ce choix narratif confère à la série une identité propre tout en renforçant la mythologie de Gotham.
Cela dit, les fans du film The Batman ne seront pas déçus : The Penguin offre des clins d’œil subtils et se connecte à son univers, notamment dans son final, qui tease une potentielle suite.

(désolée)

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Avec The Penguin, Lauren LeFranc livre un spin-off audacieux qui sublime l’univers de Gotham, offrant un point de vue nettement moins optimiste que les films Batman ou encore les séries autour de cet univers (Gotham…). Colin Farrell transcende le rôle du Pingouin, offrant une interprétation inoubliable d’un vilain aussi charismatique que repoussant, un sacré coup de poker pour l’ex-joli cœur du début des années 2000. La série brille également par sa vision crue de Gotham et ses personnages secondaires puissants, notamment l’incroyable et captivante Sofia Falcone, aka Cristin “Mother” Milioti.

En conclusion, entre ascension criminelle, décors poisseux, et jeux de pouvoir implacables, The Penguin s’impose comme un ajout indispensable à l’univers de The Batman. Une série noire polarisante, impitoyable et captivante, qui rappelle que, parfois, ce sont les méchants qui racontent les meilleures histoires. À voir, évidemment !

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