
Elles sont souvent cultes, nées dans les années 80 ou 90 – à quelques exceptions près – et depuis tout ce temps, elles ont survécu en livrant plus ou moins régulièrement de nouveaux films. Si la franchise est le moyen d’assurer une rentrée intéressante pour les distributeurs, c’est aussi devenu le recours préféré d’Hollywood pour pallier le manque d’inspiration ou de prises de risque de ces dernières années. De remake en reboot, en passant par des préquels, des suites ou encore, plus fourbes, le remoot, certaines franchises cultes ont vu leurs storylines chamboulées au fil des années.
Retour sur la saga Destination Finale ou comment le fait d’avoir échapper à la mort peut entraîner une fin encore plus perverse, douloureuse et machiavélique que prévue. Autant vous dire que la Mort ne fait pas dans la dentelle…

À l’origine… le tout début des années 2000, c’était l’âge d’or des teen horror movies à la sauce slashers (Scream, Urban Legend, Souviens-Toi L’Été Dernier, etc…). Ados meurtriers, victimes revanchardes ou psychopathes juvéniles, on aimait bien voir des jeunes s’écharper au moindre prétextes, souvent dans des circonstances plutôt graphiques, mais surtout le suspens supplémentaire de ces films étaient de savoir qui était le ou les tueurs. C’est le renouveau du “whodunnit”, un sous-genre emprunté au films policiers, l’occasion de s’amuser avec faire tomber le casting un par un avant de sortir un coupable de son chapeau. Rapidement, les motivations du ou des tueurs deviennent annexes et de moins en moins crédibles au fur et à mesure des films. Et c’est là que James Wong, initialement scénariste sur la série culte X-Files notamment, à une idée de génie : et si c’était la Mort elle-même qui s’en prenaient aux héros ? Et si la chose la plus tangible mais aussi la plus inéluctable et flippante qui soit est l’ennemi n°1, bien décidé à rectifier le tir et récupérer celui à échapper à la mort par accident ?
Destination Finale (1)

Un groupe de lycéens est en partance pour un voyage scolaire et une recette qui emprunte aux slashers du moment avec, notamment, un casting hanté par des acteurs de séries ou autres films cultes (Kerr Smith et Ali Larter de Dawson, Seann William Scott d’American Pie, . Peu après le décollage, leur avion est pris dans des turbulences et le spectateur assiste à un accident terrible et tragique où de nombreux personnages meurent sous le regard impuissant d’Alex, le héros, avant que ce dernier ne succombe à son tour. Sauf que : c’était une vision ! Il ne faudra que quelques minutes pour que la sensation de déjà-vu d’Alex se confirme comme étant une prémonition. Il parviendra malgré lui à sauver une poignée de camarades avant que l’avion n’explose en plein vol.
Le tout dure à peine quelques minutes au début du film, installant un climat qui met instantanément en haleine puisqu’il coche plusieurs cases, notamment celle du réalisme alors que la peur de l’avion et les crashs aériens sont loins d’être de la fiction (et pour rappel, nous sommes seulement à peine plus d’un an avant le 11 septembre). Peu de temps après, des événements tragiques semblent décimer les survivants un par un. Il devient rapidement clair pour Alex et les autres que s’ils ont réchappé à la Mort, celle-ci compte bien rectifié le tir.
Au-delà du principe simple, c’est surtout la façon dont les personnages décèdent qui va faire le succès de la saga. En plus de créer de la tragédie à travers la normalité (ici pas de ouija, ni de fantômes ou d’esprits malveillants, ni de tueurs en série…), Destination Finale crée des pièges insidieux qui se referment lentement mais inexorablement sur ses victimes. D’un courant d’air à une flaque d’eau, de cheveux qui s’accrochent au mauvais moment à un accident de la route, la Mort se faufile derrière les “accidents domestiques” et autres tragédies éloignées du fantastique, pour asseoir encore plus son emprise sur le spectateur et lui rappeler que… bah qu’on peut mourir à tout moment et “bêtement”.
Résultat, si certains effets ont mal vieilli avec le temps, le film de James Wong est un souffle de renouveau glaçant dans un paysage horrifique qui avait tendance à se reposer sur ses lauriers. Ça séduit les amateurs de frissons, mais la fabrique un poil cheap du début des années 2000 laisse quand même quelques traces, tandis que le voyeurisme morbide au cinéma n’est pas totalement assumé (la saga Saw arrivant quelques années plus tard). Et le plus drôle dans tout ça, c’est que cet opus était relativement soft dans ses mises à mort…
Box office mondial : 112 880 294 dollars, ce qui parait pas fifou aujourd’hui, mais pour un film de genre au début des années 2000, c’est suffisant pour lancer le chantier d’une suite !
Destination Finale 2

En 2003, James Wong passe le flambeau (bon gré ou mal gré) à David Richard Ellis pour cette suite qui, pour ma part, reste l’un des meilleurs opus de la saga – sinon LE meilleur. Destination Finale 2 reprend le même découpage que le premier opus mais a appris de ses erreurs : fini le camouflage dans des séquences nocturnes, moins d’effets spéciaux mal fagotés et plus (trop) d’intrigues policières qui parasitaient le premier film. Le premier défi des Destination Finale c’est de démarrer avec un premier acte autour d’une vision terrifiante.
Ici, c’est un groupe d’amis en route pour le fameux Spring Break qui va échapper de peu à la mort, grâce à la prémonition de l’héroïne, Kimberly. Cette fois, c’est à travers un terrible carambolage que vont démarrer les hostilités, une scène qui va traumatiser marquer toute une génération – dont je fais partie – puisque le drame démarre à cause d’un semi-remorque transportant des troncs d’armes, jusqu’à ce qu’un attache lâche. Jusqu’aujourd’hui, je vois encore des vidéos TikTok et des memes qui montrent ce type de camion, et je me souviens qu’à l’époque, en partant en voyage scolaire, nous avions croisé un véhicule similaire sur la route (autant vous dire que personne n’était serein).
Alors que la Mort se met au travail, les survivants font le lien avec les événements du premier film, qui se sont déroulés un an auparavant. Ali Larter réapparait au casting, ainsi que le mystérieux croque-mort incarné par Tony Todd et on apprendra au passage que le personnage d’Alex est décédé (Devon Sawa n’ayant pas souhaité revenir). D’incendies explosifs en tentative de sauvetage raté, en passant par un ascenseur et des poupées sans tête, si les mises à mort du premier film semblait un poil tirée par les cheveux, Destination Finale 2 met les bouchées doubles pour élaguer son casting. À nouveau, le concept de la vie et de la mort en équilibre est au centre de cette course contre la montre qui s’articule autour d’une femme enceinte, mais on retiendra surtout que le film continue de rendre des lieux plus ou moins anodins en pièges mortels. Aller chez le dentiste après ça relève du courage brut !
Box office mondial : 90 426 405 dollars, un résultat plus bas que le premier opus qui s’explique parce que le film est sorti avec le label R, soit interdit au moins de 17 ans (et moins de 18 ans au Canada hors Québec). Un label particulièrement compliqué qui limite singulièrement la distribution aux US, surtout que le film était particulièrement destiné aux jeunes ados et jeunes adultes en quête de frissons. Heureusement, le film connaît une deuxième vie lors de sa sortie vidéo. En France, le film reste interdit au moins de 12 ans.
Destination finale 3

Réglé comme une horloge, c’est à nouveau trois ans plus tard que Destination Finale 3 voit le jour, avec son réalisateur initial, James Wong, de retour derrière la caméra. Cherchant toujours à relier les histoires, l’héroïne du film, Wendy, est la cousine de Kimberly. Cependant, cela reste le seul lien avec les autres films, bien que l’acteur Tony Todd soit crédité comme étant “la voix du diable” à la fête foraine. Et puisqu’on parle de fête foraine, parlons du nouveau terrain de jeu. Le concept devient familier : un groupe d’amis se rende dans un parc d’attractions et, alors qu’ils s’embarquent à bord de montagnes russes, Wendy a un mauvais pressentiment et puis c’est la catastrophe. L’attraction tombe en panne en pleine course, ça voltige et ça se fait découper, écrabouiller, électrocuter dans tous les sens, avant de revenir au présent afin que Wendy puisse sauver ses amis. Si tous ne survivent pas, d’autres ont suivi son échappée belle et, sans qu’il le sache, le compte à rebours est lancé.
Les événements du premier film sont rapidement abordés, alors que les premières victimes rôtissent vives dans des caissons de bronzage. Comme dans le film précédent, l’héroïne et son petit-ami sont confrontés à l’incrédulité de ceux qu’ils essaient d’alerter et alors que ces derniers tentent de continuer leurs vies, il se font tuer de manière toujours plus violentes : à la gym, au drive-in ou dans un Castorama américain, la Mort ne leur laisse pas une minute de répit. Pour la première fois, un personnage décide de prendre les choses en mains pour échapper à son destin en tentant de tuer un des autres survivants, mais évidemment tout finit en eau-de-boudin. Tradition oblige, les dernières minutes du film relâcheront la tension faisant croire que tout est bien qui finit bien, sauf que… c’est la saga Destination Finale, et bien avant Games of Thrones, nous savions déjà que tout homme doit mourir (même hors-champ).
Box office mondial : 117 719 158 dollars, c’est la remontada. Et oui, même si le film est toujours sous le label R, il faut croire que les ados qui ne pouvaient pas voir le film précédent en salles… ont grandi !
Destination Finale 4

Devinez quoi ? Et oui, trois ans se sont à nouveau écoulé depuis le dernier film. Avec le retour de David Richard Ellis à la barre, Destination Finale 4 embrasse l’ère du numérique dans un chapitre qui connaîtra une belle affluence en salles mais qui, à la manière d’un Fast and Furious, en fera beaucoup trop.
Fini le lycée, cette fois ce sont des personnages à l’université qui animent le film, alors qu’un groupe se rend à une course automobile. Nick, le héros, aura donc le droit à la terrible vision mettant en scène un tragique accident de voiture qui entrainera l’effondrement du stade au cours d’une crise de panique et de bagarre. Visages râpés par des roues de voitures, corps piétinés par la foule hystérique et écrabouillages en série, Destination Finale 4 vise le gore et la surenchère pour mettre l’eau à la bouche. Des survivants de tout horizon se déchirent, la Mort se met à nouveau au travail avec une précipitation vorace et toujours une application sadique coté mise en scène. Lavage automatique de voiture, dépanneuse en roue libre ou encore un plongeon dans une piscine qui se transforme en une revisite de The Shining en plein air (avec des morceaux), le film regorge d’idées machiavéliques pour décimer ses personnages. Comme souvent, les héros pensent avoir trouver la solution à tous leurs problèmes, entre sacrifices ou plans pour déjouer leurs destins tragiques, mais évidemment, c’était sans compter sur le sadisme de la mort qui finira par faire d’une pierre trois coups. Valar Morghulis.
Box office mondial : 186 167 139 dollars, le film cartonne en salles, aux US (Label R, toujours) comme en France (interdit aux moins de 12 ans en salles, moins de 16 lors de sa diffusion à la télévision). Personnellement, je pense que c’est le chapitre le moins réussi de la pentalogie à ce jour. D’ailleurs, si les sites experts ont toujours eu des avis mitigés sur les films de la franchises, Destination Finale 4 a cependant fait l’unanimité quant à sa médiocrité générale. Cependant, il reste le film le plus rentable de la saga, alors forcément…
Destination finale 5

3 ans plus tard, en pleine ère du film en 3D, Destination Finale 5 débarque sur grand écran, ayant bien l’intention de se rattraper. Réalisé par Steven Quale, cet opus fleure bon le soft reboot et ne mentionne même pas les films précédents, bien que l’acteur Tony Todd, le croque-mort, soit de retour. Comme on continue de grandir, la franchise sort de l’âge insouciant pour suivre des collègues de travail en partance pour un séminaire d’entreprise. Mais vla-t-y-pas que notre nouveau héros, Sam, a la vision que le pont qu’ils sont entrain de traverser à bord d’un bus, va s’effondrer. Destination Finale 5 crée une première surprise alors que la prémonition se réalise pendant que le héros tente d’avertir ses pairs. Le drame se déroule donc en temps réel, Sam et une poignée de collègues parviennent à s’extirper in extremis. Mais nous sachons : la Mort n’a pas l’intention d’en rester là.
Ce film renoue avec les bons ingrédients du deuxième opus, à savoir du rythme, des mises à mort plus accessibles et surtout moins de CGI. Ainsi, les myopes pourraient revoir leur envie de se faire opérer au laser pour recouvrer la vue, tandis que des années de gymnastique ne vous empêcheront pas d’avaler votre colonne vertébrale par les genoux. On retrouve le brin d’humour noir et sadique qui animait la saga, tandis que la course contre la montre révélera les véritables velléités de chacun, certains sauvant des vies (quitte à écoper d’un sort plus terrible), d’autres devenant purement et simplement un psychopathe.
Heureusement, tout est bien qui finit bien jusqu’au moment où le film révèle son véritable atout caché : alors que les derniers survivants decident de partir en vacances à Paris, une bagarre à bord de l’avion éclate : il s’agit d’Alex et Carter (en images incrustées) du premier film, révélant ainsi que cet opus n’est finalement pas un reboot mais un préquel !
Box office mondial : 157 887 643 dollars. Après l’échec critique du dernier film, le public répond un peu moins présent, mais reste néanmoins un beau succès, rassemblant pour la première fois les critiques positives et un succès au box-office.
Destination finale : Bloodlines

14 ans se sont écoulé depuis le dernier Destination Finale, qui avait si bien bouclé la boucle de sa pentalogie. Oui mais voilà, Hollywood étant ce que c’est, tout succès d’antan devra passer par la case revival. Derrière la caméra, c’est un duo de réalisateurs, Zach Lipovsky et Adam B. Stein, qui se chargera de faire revivre la saga sur grand écran. Ce revival sera-t-il à la hauteur de la franchise ? Lire mon avis sur le film
Le pitch : Hantée par un cauchemar terrifiant qui revient sans cesse, Stefanie, étudiante à l’université, rentre chez elle pour retrouver la trace de la seule personne susceptible d’enrayer ce cycle infernal et de sauver ses proches du sort funeste qui les attend…
Réalisé par Lori Evans Taylor et Guy Busick
En salles le 14 mai 2025
Avec Brec Bassinger, Teo Briones, Kaitlyn Santa Juana…
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