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Ces franchises instables mais bankables #3 : Transformers, Michael Bay et des robots-voitures qui ont côtoyé le Roi Arthur

Elles sont souvent cultes, nées dans les années 80 ou 90 ou 2000 – à quelques exceptions près – et depuis tout ce temps, elles ont survécu en livrant plus ou moins régulièrement de nouveaux films. De remake en reboot, en passant par des prequels, des suites ou encore, plus fourbes, le remoot, certaines franchises cultes ont vu leurs storylines chamboulées au fil des années. D’autres ont misés sur la surenchère pour perdurer. Retour sur le parcours de la franchise Transformers qui compte 5 films (and counting) et un spin-off. 

À l’origine… Il y a des jouets créés par la marque Hasbro et la société japonaise Takara Tomy : des robots qui, après manipulation, se transforment en voiture. L’histoire fictive veux que deux groupes ennemis s’affrontent : les Autobots contre les Decepticons. Au début des années 80, je me souviens des soirées où l’ambiance était chaude et les mecs rentraient… Oups pardon, ça c’est Je Danse le Mia d’IAM. Je reprends 😀

Au début des années 80, alors que les jouets sont un carton, un premier comics est conçu à partir de cette origine story et est édité par Marvel Comics. Plus tard, Marvel Production crée un dessin animé sur le même thème (tandem !). Depuis 40 ans, les séries Transformers ont connu de nombreuses évolutions, dont l’événement Beast Wars duquel est tiré le prochain film prévu pour juin 2023. 

Face à un tel succès, même underground, et en plein début des années 2000 où les adaptations de comics et autres dessins animés faisaient rage, Transfomers attirent l’attention d’Hollywood et notamment l’intérêt d’un certain Steven Spielberg, un grand fan des jouets et des comics qu’il collectionne depuis longtemps, qui produira et participera au développement du premier film. À la réalisation, c’est Michael Bay qui s’y colle, après hésitations (et potentiellement un gros chèque). Le réalisateur, à l’époque déjà connu pour ses films musclés et bourrés de testostérone (Bad Boys 1 et 2, Rock, Armageddon…), va devoir adapter son style au format tout de même familial, jeune et estival attendu par les producteurs.

À l’arrivée, en 2007, Transformers est si divertissant, neuf et ambitieux qu’il conquit le public d’emblée. Cependant, avec du recul, le film semble souffrir d’un dédoublement de personnalités alors que Michael Bay mélange les codes du films de guerre, de la comédie adolescente et de la science-fiction pour narrer l’arrivée de ces robots extraterrestres. Le grand public fait la rencontre avec Optimus Prime et son ennemi juré Megatron, deux chefs de groupe opposés mais survivant d’une planète détruite, Cybertron. L’un tente de protéger les humains contre la menace alien, tandis que l’autre espère dominer la Terre. Au milieu de ces géants de métal, un adolescent un peu looser amoureux d’une pin-up vulgaire, des militaires qui jouent les gros bras, des parents dépassés et beaucoup, beaucoup, beaucoup de placements de produits d’explosions. Le cocktail est efficace et, malgré ses nombreux défauts (sexisme, clichés racistes dissimulés à travers les robots (ou pas) et raccourcis scénaristiques en tout genre…), Transformers tient ses promesses en terme de divertissement spectaculaire. Box office mondial : 709 709 780 dollars. Le public (dont bibi) en redemande et puisqu’il faut battre le fer tant qu’il est chaud…

2 ans plus tard, Transfomers 2 : La Revanche (Revenge of the Fallen) remet le couvert. On prend les mêmes et on recommence. Le jeune Sam Witwicki et sa petite amie prennent plus de place, éclipsant quelque peu l’aspect militaire pour s’autoriser plus de désinvoltures et de gags plus ou moins drôles. Avec plus de comédie au scénario, le film refuse de se prendre au sérieux alors qu’il déroule une aventure toujours plus survoltée. Avec Bumblebee comme protecteur, les héros humains se retrouvent à nouveau au centre d’une guerre XXL alors qu’une nouvelle menace pointe à l’horizon et que Megatron n’en a pas toujours pas fini avec Optimus Prime. Entre la quête du « All Spark », le retour d’un Decepticon déchu et la mort (temporaire) d’un héros, Transformers 2 tricote une histoire pleine de trous et de raccrochages improbables. De plus, l’introduction du film ose la rencontre entre les robots et des hommes préhistorique, tandis que le Secteur 7 commence déjà à être tourné au ridicule pour amuser la galerie.  L’accueil critique est moins clément que pour le premier film, mais le public est toujours présent en salles. Box office mondial : 836 303 693

En 2011 et toujours à l’heure, c’est au tour de Transformers 3 : La Face Cachée de la Lune (Dark of the Moon) de débarquer en salles. Et devinez quoi ? C’est toujours la guerre entre les Autobots et les Decepticons ! Le film tente de nous en apprendre un peu plus sur la fin de Cybertron avant de réécrire l’Histoire en revisitant l’alunissage de 1961 pour révéler la présence d’un Autobot en sommeil sur la Lune. Sur terre et de nos jours, Sam Witwicky a fini ses études en un temps record et remplacé sa petite amie pour un modèle plus blond et un poil plus classe. En coulisses, la rumeur court que Megan Fox aurait clashé Michael Bay sur la façon dont il l’a traitée, ce qui aurait causé son renvoi. Mais finalement, même en changeant quelques ingrédients, ce nouveau Transfomers propose une recette toujours plus similaire où les Decepticons finissent par semer le trouble sur Terre, jusqu’à ce que les Autobots sauvent la mise, avec des humains toujours plus dans leurs pattes. Michael Bay n’arrive pas à se renouveler, les explosions à répétitions lassent autant que le placement de produits intempestifs toutes les 5 minutes. La franchise Transformers devient sa propre caricature à force de ressasser les mêmes gimmicks. Seuls les jouets tirent leur épingles du jeu en faisant le job : Optimus Prime en leader, Bumblebee en side-kick attachant et Megatron en perpétuel menace revancharde. Courses poursuites, transformations spectaculaires et combats XXL : ça sent le réchauffé mais le film fonctionne mieux que l’opus précédent. Box office mondial : 1 123 794 079 dollars. 

Pour son quatrième chapitre, Michael Bay décide de changer sa recette. Fini les histoires d’ados et de parents qui desservent l’histoire (en plus Shia La Beouf était déjà devenu persona non grata à ce moment là). Le réalisateur revient à ses codes préférés : l’action héros et des explosions à gogo. Transfomers : L’Âge de l’Extinction sort en 2011 et c’est probablement l’opus le plus foutraque de la saga (à ce jour). Plus de Sam Witwicki, découvrez Cade Yeager (Mark Warlhberg), un inventeur endetté, père isolé d’une jeune femme à peine majeure – dont les jambes serviront trop souvent de cadres pour certains plans (*soupire*) – découvre par hasard que la vieille carcasse d’un camion qu’il récupère est en fait Optimus Prime. Tout irait plutôt bien si le film n’avait pas déjà poussé le bouchon trop loin dès son introduction, alors que Michael Bay remonte le temps et décide que l’extinction des dinosaures étaient en fait causée par des Transformers, montrant également des robots dinosaures au passage. 

Pourtant, la première partie du film reste sympathique et étonnamment sobre alors qu’on découvre de nouveaux personnages et une nouvelle race de robots. Et puis c’est la débandade : Transformers 4 se délite rapidement dans une déferlante et une surenchère d’action et d’explosions dans tous les sens, à tel point qu’on se retrouve prisonniers d’un spectacle pyrotechnique sans queue ni tête où les explosions ressemblent plus souvent à des feux d’artifices qu’autres choses. Comme toujours, Michael Bay imagine son histoire à grandes échelles et fait voyager ses personnages autour du globe, sans tenir compte des règles élémentaires du temps et de l’espace. Tout se transforme en tambouille numérique où les effets spéciaux, les rotations de caméra à 360 degrés et les placements de produits (mention spéciale au camion Victoria Secret filmé au ralenti sans raison) infâmes côtoient des clichés racistes ou sexistes, des faux raccords grossiers, le pompage éhontés aux films de super-héros et des rebondissement sà la subtilité d’une poutre apparente. C’est trop, c’est illisible et de plus en plus pénible : pendant plus d’une heure, Transformers 4 file une migraine oculaire incroyable. Pire, le film tente toujours de nous faire croire qu’il est différent des trois premiers, notamment en  rebaptisant Megatron en Galvatron pour une raison obscure (qui doit tenir la route dans les dessins animés, mais ici, ça ne fonctionne pas du tout. 

Et pourtant, ça reste l’empreinte reconnaissable de Michael Bay qui, dans la lignée de la saga Fast and Furious, continue de repousser les limites du possible pour livrer des scènes aussi incroyables qu’à couper le souffle. Il faut croire qu’on aime en prendre plein les yeux car le succès est toujours au rendez-vous. Box office mondial : 1 104 054 072 dollars. 

En 2017, Michael Bay remet le couvert pour un cinquième film. Le réalisateur a bien compris qu’il devait réinventer sa recette pour ne pas lasser et  répéter inlassablement la même histoire… tout restant dans l’ADN Transfomers et sans délaisser son amour pour les explosions. Ainsi, Transformers: The Last Knight démarre… l’époque du Roi Arthur et des Chevaliers de la Table Ronde. Au programme : des chevaliers, Merlin L’Enchanteur, une épée magique et un dragon en métal, tandis qu’Optimus Prime sombre du coté obscure en étant manipuler par Quintessa, la créatrice des Transformers. 

Voilà.

Je veux dire… là ça change ! 14 scénaristes pour pitcher une intrigue et c’est celle-ci qui a été retenue ! Quelque part, j’aimerai bien connaître les idées qui ont été rejetée…

Et pourtant, aussi farfelu le pitch soit-il, le giron Transformers permet depuis le début la réécriture historique et le storytelling surréaliste, alors pourquoi ne pas prendre le train déjà en marche. De plus, ce nouveau chapitre s’avère bien plus digeste que le précédent. On retrouve un Cade Yeager en cavale qui va de nouveau se retrouver au milieu d’une guerre entre Transformers alors qu’il récupère un curieux Talisman et une gamine intrépide dans les pattes. Pourtant, malgré une idée de scénario foutraque, Transformers : The Last Knight s’avère bien plus digeste que le film précédent, une fois qu’on accepte le délire médiéval qui s’instille à travers l’intrigue. Malheureusement, coté réalisation, Michael Bay montre ses limites et a du mal à se renouveler en cumulant des excès surréalistes, grossiers et des « emprunts » visibles à d’autres films cultes. Résultat, ce chapitre affiche le pire box-office de la franchise en cumulant « uniquement » 605 425 157 dollars !

Il est temps de changer de recette et c’est là qu’intervient le spin-off Bumblebee. En 2018, le réalisateur Travis Knight (Kubo et l’Armure Magique…) propose un film retraçant l’histoire du Transformer favori du public dans une histoire évidemment plongée dans les années 80 – puisque c’est la mode du moment. Bumblebee redéfinit sa cible pour s’adresser à un public plus jeune dans un format familial – toujours à la demande d’un certain Steven Spielberg. Plus léger, le film prend son temps pour poser son intrigue et les protagonistes qui viendront s’en prendre à nos héros, tout en restant proche de l’ADN de la franchise à travers la présence de forces militaires notamment. On respire un peu plus devant Bumblebee qui parait moins forcé (pas d’hypersexualisation, pas de cliché raciste, moins d’explosions dans tous les sens…), Bumblebee a un caractère bien plus fédérateur et accrocheur que ses prédécesseurs. Résultat au box-office, la coquette somme de 467 989 645 dollars dans le monde, certes assez peu élévé dans la franchise Transformers, mais tout de même conséquent pour rentrer largement dans ses frais. Sans compter le fait que ce film a le meilleur score sur Rotten Tomatoes (90% certified Fresh et 74% du score d’audience) que tous les autres films de la saga.

16 ans plus tard, la saga Transformers est de retour avec un sixième chapitre : Transformers : Rise of the Beasts, réalisé par Steven Caple Jr. (Creed 2, The Land…). Cet opus se situe dans les années 90 et semble vouloir dépasser les ambitions du cinquième film en poussant le bouchon de la superproduction à son maximum. À l’instar de la saga Fast and Furious (je fantasme souvent sur un mash-up de ces deux franchises), ce nouveau film cherche visiblement à épater la galerie en intégrant les créatures les plus improbables dans son univers. Après les dino-bots, voici donc les animaux-robots avec notamment une forme de King Kong robots, à travers des anciennes races appelées les Maximals et les Predacons. Si l’intrigue semble totalement surfaite et devrait avoir du mal à créer de la cohérence avec le film de 2007, Transformers : Rise of the Beasts semble être prêts à rivaliser avec les blockbusters de 2023. 

Rendez-vous le 7 juin 2023 en salles pour avoir la réponse. 

>>> Ces franchises instables mais bankables #1 : Terminator et le dérapage Genisys
>>> Ces franchises instables mais bankables #2 : Fast and Furious et la surenchère WTF mais efficace

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