C’est Halloween et la période idéale pour se coller des sueurs froides devant un bon film. Cette année, puisque les années 80 sont à l’honneur avec la sortie anniversaire du nouveau film Halloween de David Gordon Green, je vous propose de vous détendre devant quelques slashers, mais pas n’importe lesquels : les Teen Horror Movie ! Durant les années 90-2000, grâce notamment à la popularité des séries ados ou post-ados sur nos petits écrans, de nombreux teen-movies ont vu le jour, avec en tête d’affiche, les stars de séries comme Buffy, Cinq à la Maison, Clueless etc… mais aussi de jeunes acteurs qui ont rapidement eu le vent en poupe durant cette période (Ryan Phillippe, Josh Hartnett, Jason Biggs, Freddie Prinze Jr…). Autour des comédies romantique et/ou potache de l’époque qui avaient American Pie et Elle Est Trop Bien en étendard en passant par du bordeline bien tenté (Sexe Intentions), le teen movie s’est rapidement décliné en sous-genre : le teen HORROR movie. Grâce au retour de Wes Craven et la saga Scream, le slasher a été remis au goût du jour à travers un revival qui puise son inspiration directement dans les années 70 et 80 où déjà, les maîtres de l’horreur s’amusaient à faire flipper le bourgeois dans sa banlieue tranquille. Fini les fêtes de fraternité et les expériences plus ou moins sulfureuses : la jeunesse dorée américaine se fait décimer sur grand écran pour notre plus grand plaisir (sur fond de moralisation implicite sur l’indécence morale des jeunes, of course).
Un slasher, c’est simple : un groupe de gens (jeunes, de préférence), un tueur mystère et plein possibilités de mourir. L’occasion de se détendre devant des bons classiques d’hier et d’aujourd’hui.
Massacre à la tronçonneuse, de Tobe Hooper (1974)
Plus un survival qu’un slasher, certes et pourtant le film de Tobe Hooper a la fâcheuse tendance de faire tomber ses victimes comme des mouches et s’impose quand un des points de départ de cette tendance au slasher comme on les aime. Un groupe de jeunes s’embarque dans un road trip qui va virer au cauchemar ,alors qu’il vont se retrouver sur les terres d’une famille pour le moins dérangée. L’escapade entre amis se transforme en une descente en enfer alors que les héros découvriront l’horreur faite hommes. Forcément, les balades en forêt sont devenues moins plaisantes depuis la sortie de ce film qui joue grandement sur la naïveté d’une époque où on entrait dans des maisons inconnues avec innocence… pour mieux finir empalé sur un crochet de boucher ou assommé par un marteau ! Le film a un peu vieilli mais reste un petit plaisir à regarder, ne serait-ce que pour la scène du repas familial. Et comment oublier Leatherface et ce formidable final en roue libre avec sa tronçonneuse !
Halloween – La Nuit des Masques, de John Carpenter (1978)
Oubliez les virées dans les bois, les zombies et autres monstres fantastiques, les invocations maléfiques… John Carpenter rend le Mal bien plus réel et accessible en l’introduisant dans une bourgade tranquille le soir d’Halloween avec Michael Myers, un tueur implacable qui arpente les rues, le couteau au vent. En jouant sur ce personnage aux motivations inexpliquées et opaque qui a démarré ses méfaits au plus jeune âge, Halloween agrippe son spectateur dans une intrigue pleine d’anticipation et de stress, jouant avec l’attente fébrile jusqu’au moment où La Silhouette va frapper. À l’époque, la menace trop accessible a rendu ce film terrifiant. S’il n’a pas très bien vieilli, les premiers pas et les cris de Jamie Lee Curtis sont toujours revigorants !
La saga compte à présent 11 films au compteur, grâce au dernier né signé David Gordon Green. Tous les films ne sont pas à la hauteur, je vous conseillerai le premier, évidemment, Halloween 2, pourquoi pas le premier film anniversaire Halloween – 20 ans après. Il y a également les reboots de Rob Zombie, pour ma part je n’y ai pas accroché.
Vendredi 13, de Sean S. Cunnigham (1980) et la saga
Des jeunes, du camping, du sexe… Il n’en faut pas plus pour exciter le psychopathe revanchard du coin. Si le film culte de 1980 a engendré une dizaine de petits (incluant des films crossovers du type Freddy vs Jason…), c’est parce qu’il se nourrit des codes d’un genre littéralement inépuisable. L’esprit de vengeance frappe à nouveau lorsqu’un camp de vacances rouvre ses portes 20 ans après la mort tragique du jeune Jason Voorhees, pour mieux abattre une vengeance tranchante sur des personnages qui, encore une fois, sont un poilounet dévergondés mais qui font pourtant de mal à personne. Moralisateur, le slasher old school ? Probablement, oui. En tout cas, le twist final a su inspirer Scream 2 quelques années plus tard…
Ah, très franchement, vous pouvez éviter le remake flemmard de 2009.
Scream (la tétralogie), de Wes Craven (de 1996 à 2011)
Dans les années 70-80, Wes Craven faisait partie des maîtres de l’horreur aux cotés de John Carpenter et Tobe Hooper. La Dernière Maison Sur La Gauche, La Colline a des yeux, Les Griffes de la Nuit… Autant de film différents (et remakés depuis), mais toujours un contexte très normal pour mieux transformer un décor rassurant et familier en un cadre morbide et terrifiant. En 1996, Wes Craven revient à la charge en lançant la vague des teen horror movies avec l’aujourd’hui incontournable Scream. Fini les familles, place à la jeunesse américaine qui, entre ses préoccupations standards (études, sexe et festoyage), se fait trucider un par un dans des films qui porteront bien leurs noms. Entre la tonalité moderne et le jeu morbide de chaises musicales parmi les personnages (qui sera le ou les tueur-s ?), Scream se décline en 4 volets plutôt solides et qui, même après une pause de 10 ans entre le 3 et le 4, sont toujours parvenus à coller à la pop-culture – même si Scream 3 a dû alléger son scénario initial à cause de la tuerie de Columbine en 1999. Mieux encore, conscients de la fascination du public pour le morbide soft, Wes Craven en rajoute une couche en introduisant un film dans le film, car dès Scream 2, les personnages évoluent autour de l’adaptation de leurs histoires dans un film appelé Stab. Genius !
Entre bandes de potes, romances à la guimauve et tueries, les amateurs de Ghostface vont pouvoir se gaver de pop-corn !
#LeSaviezTu? Billy Loomis tient son nom du fameux Dr Loomis du film Halloween 😃
>>> Écoutez le podcast dédié à la saga Scream
Souviens-Toi l’Été Dernier, de Jim Gillespie (1997)
Porté par le succès de Scream, Souviens-toi L’Été Dernier a pour têtes d’affiche plusieurs coqueluches de l’époque (Jennifer Love Hewitt, Sarah Michelle Gellar, Freddie Prinze Jr et Ryan Phillippe) et un secret bien trouble : quatre amis, une soirée festive et un mort… Et c’est parti pour un été ponctué de frissons, de remords et de morts violentes, le tout saupoudré par une revanche quelque peu névrotique. Le village tranquille se transforme en théâtre noir où nos héros, déjà tiraillés entre la culpabilité et la mémoire sélective, sont persécutés par une silhouette de pêcheur armé d’un crochet acéré. Comme dans Scream, les personnages mènent également l’enquête pour pouvoir sauver leur peau, ce qui fera évidemment resurgir des secrets pas très glorieux.
Les suites sont dispensables, surtout quand on sait que dans le 2, les héros gagnent un voyage en répondant faux à la question du jeu concours (et non, Rio n’est toujours pas la capitale du Brésil). La théorie officielle dit que cela faisait partie du piège, officieusement, il s’agirait surtout d’une erreur un peu honteuse.
The Faculty, de Robert Rodriguez (1998)
Parmi le très grand nombre de teen movie de la fin des années 90, The Faculty est probablement le plus innovant et le plus inventif puisqu’il va mêler les thématiques fédératrices de la jeunesse américaine en jouant avec ses codes sociaux (le campus, les populaires, les losers, etc…), l’angoisse d’une menace inconnue et dangereuse, ainsi qu’une touche de science-fiction pour épicer le tout. En effet, le film de Robert Rodriguez met en scène un groupe de lycéens confronté à des professeurs et autres adultes de plus en plus hostiles et une menace qui se répand rapidement. Isolés, les « rangs » sociaux implicites tombent pour marginaliser un groupe de survivants, symbolisant à merveille la complexité de l’adolescence au service d’un film plutôt bien fichu. Si la solution est dans la drogue, The Faculty propose un cocktail étonnant et solide, qui vaut le détour aussi bien grâce à un casting sympathique (Elijah Wood, Josh Hartnett, Robert Patrick, Famke Jansen…) que par son approche hyper décalée. Derrière l’angoisse et l’invasion extra-terrestre, le film expose surtout une jeunesse réaliste et accessible à travers ses propres questionnements (sexualité, avenir, problème familiaux ou identitaire…). Indémodable, donc.
Destination Finale (la pentalogie), de James Wong, David Richard Ellis et Steven Quale (de 2000 à 2011)
Si les films précédents trouvaient de bonnes raisons pour transformer ses personnages en tueur sanguinaire (parents revanchards, petits amis tordus, possessions extra-terrestres…), Destination Finale choisit d’aller droit au but en donnant le rôle du meurtrier… à la Mort. Chaque film commence de la même façon (ou presque) : un groupe jeunes gens frétillants s’apprêtent à passer un moment en semble, sauf qu’un trouble-fête a une vision horrible de leurs morts imminentes. Ce dernier permet à un certain nombre de personnes d’y échapper, sauf que la Mort réclame son dû et vient les récupérer un par un : ainsi le jeu commence. Qui sera le prochain dans la liste ? Peut-on échapper à la Mort elle-même ? Et surtout comment mourra la prochaine victime : pendue dans sa douche ou transformée en carpaccio par une vitre qui lui tombe dessus ? Toastée dans une cabine d’UV ou empalée par sa propre colonne vertébrale ? Chaque film Destination Finale rivalise d’idées un chouilla sadiques pour éliminer ses personnages de façon spectaculaire, jouant du suspens à travers une mise en place clairement vicieuse. Si les films sont inégaux, les deux premiers sont nettement au-dessus du lot (je fais partie de la génération qui ne se sent pas très bien si un camion transportant des rondins de bois se trouve sur la même autoroute que moi…), tandis que le dernier opus est une conclusion bien trouvée.
Autres mentions honorables pour passer un Halloween
sous le signe du slasher / teen horror movie :
Urban Legend, de Jamie Blanks (1998) : Autre ersatz post-Scream, Urban Legend s’inscrit dans un campus où ses étudiants aiment se faire flipper avec des fameuses légendes urbaines (type la dame blanche, toussa toussa). Jusqu’au jour où une étudiante se fait assassiner et que s’ensuit une série de meurtres liée à une fameuse légende urbaine qui entoure le campus. Jared Leto (à l’époque le fameux Jordan dans Angela, 15 ans) mène Tara Reid, Rebecca Gayheart ou encore Joshua Jackson (oui, Pacey de Dawson) dans un récit noir au ton un peu plus sérieux que Scream et autre Souviens-toi.
Urban Legend est une trilogie… à voir pour les complétistes.
Détour Mortel de Rob Schmidt (2003) : Clairement inspiré de Massacre à la Tronçonneuse, le film met en scène Eliza Dushku (Faith dans Buffy) qui rencontre un groupe de jeunes campeurs. Bloqués par la circulation, ces derniers décident de prendre un détour pour arriver à leurs destinations. Oui mais voilà, la route choisie mène droit vers un repère de dégénérés qui vont les piéger et les traquer sauvagement. Chasses à l’homme et découpage de cadavres pour un ragoût improvisé, Détour Mortel allie le slasher, le gore et le survival dans un film pour le moins stressant.
All the Boys Love Mandy Lane, de Jonathan Levine (2006) : Mandy Lane (Amber Heard) est la jolie blonde inaccessible qui fait tourner la tête à tous les garçons qui l’entourent, ce qui les pousse souvent à faire n’importe quoi (genre imprimer son crâne au fond d’une piscine pour l’impressionner). Un week-end, elle accepte une escapade avec un groupe d’amis dans un ranch perdu dans la pampa, mais voilà que quelqu’un s’en prend violemment à eux et les élimine un par un. Jonathan Levine signe un film indépendant qui est relativement passé inaperçu, et c’est bien dommage. Graphique, intriguant et violant, All The Boys Love Mandy Lane joue avec les nerfs et la fine ligne séparatrice entre la victime et le bourreau.
Happy Birthdead de Christopher B. Landon (2017) : Plus récent, Happy Birthdead réinvente le slasher / teen horror movie en ajoutant une bonne dose d’humour noir. Coincé dans une boucle infernale, l’héroïne – une étudiante, fêtarde et insouciante… la base donc – revit le jour de son anniversaire en boucle avec terreur : à chaque fois elle meurt. En voilà un petit jeu tordu qui a eu le mérite de renouveler le paysage horrifique adulescent avec originalité et codes maîtrisés.
Moralité : si tu es jeune, en bonne santé, que t’aimes la vie et la nature… prend garde à toi.