Thriller

[CRITIQUE] Drop Game, de Christopher Landon

Le pitch : Violet, une jeune veuve qui pour son premier rendez-vous depuis des années, se rend dans un restaurant très chic où celui qu’elle doit y retrouver, Henry, est encore plus charmant que séduisant. Mais leur alchimie naissante va vite être gâchée quand Violet se voit harcelée puis terrorisée par une série de messages anonymes sur son téléphone. Contrainte au silence, elle doit suivre les instructions qu’elle reçoit, sous peine que la silhouette encapuchonnée des caméras de sécurité de sa propre maison ne tue son jeune fils gardé par sa tante, la sœur de Violet. Si elle ne fait pas exactement ce qui lui est ordonné, ceux qu’elle aime le plus mourront.

Après avoir proposé d’excellentes comédies d’horreur avec Happy Birthdead, sa suite et Freaky, puis un passage rapide sur Netflix avec We Have a Ghost, le réalisateur Christopher Landon a choisi de revenir un thriller qui se rêvait dans l’air du temps : Drop Game. Malheureusement, le fait d’avoir été scénariste sur trois films de la saga Paranormal Activity avant d’avoir réalisé Paranormal Activity: The Marked Ones laisse des traces, à savoir la fâcheuse habitude de se reposer sur un scénario aussi épais que du fil dentaire dont les enjeux auraient pu tomber à plat dès les premières minutes si l’héroïne de Drop Game avait désactivé Air Drop de son iPhone dès le premier meme reçu.

Mais bon, apparemment, il fallait pousser le prétexte jusqu’au bout pour vendre ce thriller flemmard et usé jusqu’à l’ose alors qu’on perd plus d’une heure à assister à un rendez-vous amoureux plus que bancal. Le problème, c’est que l’histoire est si absurde que Drop Game n’arrive pas à tenir la route. Si l’héroïne s’évertue à lire tous ses “drop”, l’attitude de son rendez-vous galant devient également discutable puisque par la force des choses, le date va devenir de plus en plus désastreux. Dans la réalité, plus d’un d’entre nous aurait mis fin au rencard avant même le premier verre, oui mais dans son film, les personnages sont prisonniers d’un scénario débile et lamentablement alambiqué, qui va tout faire pour étirer la trame et créer des situations à risque aussi stupides les unes que les autres.

Au final, l’ensemble est tellement idiot que le film de Christopher Landon est difficile à prendre au sérieux, tant il traîne la patte et se perd en circonvolutions pour essayer de tenir la distance. 1h36, ce n’est pourtant pas sinon et pourtant Drop Game s’étire dans une éternité de blabla et de tentatives de suspens foireuses autour d’un scénario plus que branlant. Pire, le film joue son va-tout sur ses 15 dernières minutes dans un final aussi grotesque qu’expéditif, essayant de se rattraper vainement par la peau des ongles. En un mot comme en cent : c’est chiant. Ultra chiant même. L’écriture est plate et manque de rythme, mais surtout les protagonistes n’ont pas une once de charisme ni d’alchimie pour créer un quelconque intérêt. J’ai rarement vu un cinéaste pourtant prometteur retomber comme un soufflé en pondant un nouveau film aussi paresseux, aussi bien dans le fond que dans la forme.

Au casting : si Meghann Fahy (The White Lotus, De Celles Qui Osent…) fait de son mieux pour donner le change, elle est face à un Brandon Sklenar (Jamais Plus, Midway…) totalement amorphe, qui garde un visage impassible et une voix monotone tout au long du film. C’est assez navrant à voir et aucune Blake Lively à l’horizon pour le justifier cette fois.

En conclusion, passez votre chemin. Dans un monde un tant soit peu logique, n’importe qui aurait désactivé AirDrop dès le premier mème douteux, et l’antagoniste de service se serait retrouvé à sec, fin de l’histoire. La crédibilité s’effondre aussi vite que l’intérêt, surtout face à un rendez-vous où l’autre agit de façon incohérente sans que personne ne bronche. Et le soi-disant twist qui justifie tout ça… frise le ridicule. On n’y croit jamais, pas une seconde. Résultat : un thriller poussif, tiré par les cheveux, qui flirte dangereusement avec le fond du panier. Bref, c’est mauvais, peut-être même plus mauvais que le pire des Paranormal Activity. À éviter.

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