
Lancée discrètement en 2012, Girls est devenue en quelques épisodes la nouvelle série phare de HBO. Produite par le génial Judd Appatow, Girls retrace la vie d’un groupe d’amies vivant à New York. Si vous avez l’impression d’avoir affaire à un Sex and the City bis, détrompez-vous. Entre humour décapant, mélodrames sentimentaux et authenticité, Girls ne laisse aucune place aux paillettes ni aux contes de fées, sans pour autant manquer de mordant et de charme.
Le pitch : découvrez la vie de quatre amies vivant à New York. Névrosées, hystériques, imparfaites, Hannah, Marnie, Shoshanna et Jessa n’ont rien à envier aux Gossip Girls et autres girls de Beverly Hills, et pourtant elles sont mille fois plus attachantes !
Difficile de résumer une série qui s’apparente plus à des tranches de vie. Ici, il n’y a pas d’intrigue particulière ni de grand méchant loup à abattre à la fin de chaque épisode. Non il s’agit simplement de quatre nanas incroyablement normales, potentiellement comiques malgré elles, leadées par le point de vue d’Hannah, qui essaient de se construire, malgré les aléas de la vie, des doutes qui les assaillent et une vie sentimentale désastreuse. Et c’est peut-être ça, l’ingrédient magique de Girls : la normalité. Il est très facile de s’identifier à ces nouvelles héroïnes des temps modernes :
- Hannah est une écrivaine au chômage. Atteinte de diarrhée verbale, elle n’est pas un canon de beauté, elle a des kilos en trop et couche avec le psychotique Adam, plus par habitude que par passion. Et pourtant ça ne l’empêche pas de se retrouver nue dans chaque épisode ni de tout remettre en question ;
- Marnie est la colocataire et meilleure amie d’Hannah, l’archétype de la copine sérieuse et responsable. Elle ne supporte plus son petit ami parfait et culpabilise : doit-elle rompre ou prendre sur elle ? Plus la décision se précise et plus ses certitudes vacillent ;
- Jessa est la cousine anglaise de Shoshanna. Jolie, bohème et fantasque, elle rentre d’un périple en Europe et campe comme étant l’image de la coolitude incarnée. Mais derrière cette nonchalance travaillée, pourquoi est-elle revenue à New York ?
- Shoshanna est toujours de bonne humeur et conciliante, elle est en extase devant sa jolie cousine. Et si ce sourire n’était lui aussi qu’une façade ?
Ce quatuor inédit brille par ses défauts et pourtant, il est impossible de ne pas craquer pour ces quatre amies, drôles et souvent touchantes. Girls est présenté comme une comédie, personnellement je lorgne plus du coté du drame. En effet, sourires et ricanements seront régulièrement aux rendez-vous, mais le ton cynique et l’humour subtile de la série n’a rien à voir avec le ton gai et parfois potache d’autres séries concurrentes.
Voir la bande-annonce de la saison 1 en VO
Les premiers épisodes laissent perplexes, c’est vrai. Il faut s’habituer à la tendance hipster de la série (le coté bobo de New York, l’accent geignard et traînant des acteurs) et surtout au look dépareillé des personnages, souvent anti-sexy et loin des personnages séducteurs que l’on a l’habitude de voir à la télé. Mais en mettant de coté cette première impression trompeuse, Girls se dévoile comme étant une série pour les filles écrite par une fille qui ne nous prend pas pour des truffes. Au cours des dix épisodes de cette saison, Lena Dunham (actrice, réalisatrice et scénariste de Girls) va disséquer chacune de ses héroïnes (créées à partir de ses propres expériences), les mettant à nu (au sens propre, comme au figuré) dans des situations souvent cocasses ou surprenantes. Révélations, échecs, accomplissements… les filles de Girls ne sont pas aux bouts de leurs surprises et entraînent dans leurs sillages parents, patrons et petit-amis, ces derniers étant plus souvent le reflet de leurs peurs et de leurs égoïsmes latents, que de véritables personnages. Un véritable rollercoaster émotionnel, donc !
Grâce à une plume acide, pas toujours tendre mais souvent juste, Lena Dunham réussit à transformer un sujet banal en une critique mi-douce mi-amère d’une jeunesse américaine désabusée et sans artifice, oscillant entre désillusion et découverte de l’âge adulte. Girls s’affranchit des apparences et creuse ses personnages, n’hésitant pas à les ridiculiser si nécessaire ni à prendre le risque de les rendre insupportables. On retrouve les sujets les plus bankables du moment (sexe, amour, amitié, sexe, avenir, argent, sexe…) mais d’un point de vue à la fois féminin, légèrement féministe et beaucoup plus terre-à-terre (que Sex and the City, par exemple).
Comme le fait remarquer le personnage d’Hannah dans le premier épisode, Girls n’est pas LA voix de la génération, mais bien une voix d’une certaine génération. Laquelle ? C’est justement là, la question.
Après une première saison chaotique qui se solde par deux évènements déterminants pour la suite (dont un mariage !), que nous réserve la saison 2 qui démarrera dès le 13 janvier 2013 sur HBO ? Une chose est sûre, c’est que la série, nominée aux Golden Globes 2013 dans la catégorie de la meilleure série comique ou musicale, a un grand défi à relever. Pas facile de faire mieux après une première saison aussi réussie.

