
Le pitch : Inséparables depuis le premier âge, Lil et Roz vivent en parfaite osmose avec leurs deux enfants, deux jeunes garçons à la grâce singulière et qui semblent des prolongements d’elles-mêmes. Les maris sont absents. Inexplicablement, et pourtant comme à l’évidence, chaque femme se rapproche du fils de l’autre, nouant avec lui une relation passionnelle. A l’abri des regards, dans un Eden balnéaire presque surnaturel, le quatuor va vivre une histoire hors norme jusqu’à ce que l’âge vienne mettre un terme au désordre. En apparence, du moins…
Légèrement insipide et particulièrement malsain, Perfect Mothers contemple la relation tordue entre deux mères et leurs fils. Adapté du livre de Doris Dressing, Les grands-mères (tout un programme…), le film d’Anne Fontaine (Nathalie…, La Fille de Monaco, Coco Avant Chanel…) s’observe comme une petite curiosité, alors que la réalisatrice cherche à faire passer du narcissisme exacerbé pour une romance passionnée. En effet, les deux héroïnes presque identiques sont fusionnelles depuis l’enfance et prennent un malin plaisir à contempler leurs progénitures devenues des hommes plein de testostérone, tout en se félicitant elles-même. Perfect Mothers pousse même le vice jusqu’à faire des allusions sur leurs sexualités et alors qu’elles se défendent en ricanant « on est pas des goudous », il devient évident que c’est uniquement la gêne qui les empêcherait de passer à l’acte…
Derrière la promesse d’amours interdites, Perfect Mothers met surtout en scène deux femmes manipulatrices, tout-à-fait conscientes de leurs sensualités, qui mettent chacune le grappin sur le fils de l’autre. Leurs deux proies profitent de l’aubaine pour assumer un œdipe mal digéré, sans réaliser que le piège finirait tôt ou tard par se refermer sur eux. Histoire d’ajouter du piment, les deux veuves noires en mal d’amusement s’amusent à semer la pagaille dans la vie de leurs fils, alors que ces derniers ont été faussement remis en liberté. S’ensuit donc des scènes dérangeantes autour de réunions familiales, où ses femmes devenues grand-mères aguichent le fils choisi alors que sa femme à le dos tournée et autres crises de jalousies mal placées.
Anne Fontaine tente vaguement de proposer une issue romantique à ce fantasme étrange, à la fois narcissique et presque incestueux, en tentant de nous faire croire à de la passion dévorante où, bizarrement, la notion d’amour est à peine évoquée. Malheureusement, tout ce qui transpire à l’écran, ce sont deux femmes capricieuses qui, si elles avaient pu, se seraient mises en couple avec leurs propres reflets. Finalement, le titre originale du film, Adore, colle parfaitement au film puisque ce ne sont pas de l’amour qu’elles attendent, mais de l’adoration venant de ces jeunes mâles qui seront toujours plus jeunes qu’elles et toujours dans les parages, quoiqu’il arrive.
Toujours à l’affût de portraits de femmes venimeuses, Anne Fontaine filme d’une caméra alanguie et contemplatrice cette petite ronde inintéressante, en surfant sur la mode déjà exténuée des « cougars ».
Coté casting, Naomi Watts (The Impossible, Diana…) abandonne un instant sa course à l’Oscar avec un ennui à peine voilé, laissant la superbe Robin Wright (Les Vies Privées de Pippa Lee, Millenium : Les hommes qui n’aimaient pas les femmes…) lui voler la vedette.
Xavier Samuel et James Frecheville sont interchangeables et auraient pu être remplacés par des marionnettes, ce qui n’aurait marqué aucune différence.
En conclusion, on est loin de la romance sulfureuse et des propos audacieux attendus. Perfect Mothers se vautre dans l’auto-satisfaction, se reposant uniquement sur l’attrait de ces couples croisés. Résultat, on a d’yeux que pour ces mères abusives, névrosés et détestables qui profitent de la naïveté de leurs gamins.
