Le pitch : Suite à une opération de chirurgie esthétique ratée, une comédienne fait appel à un sosie pour la remplacer sur son prochain tournage… sans se douter qu’il s’agit de sa propre sœur jumelle dont elle ignorait l’existence.
Un samedi soir, après une longue balade dans une ville inconnue, j’ai fini par me poser dans un cinéma parce que, soyons honnêtes, je ne peux pas m’en empêcher.
Aimant bien donner une chance au cinéma français, même les comédies, j’ai délibérément choisi d’aller voir Ni Une Ni Deux d’Anne Giafferi. Quatre ans après Ange et Gabrielle, la réalisatrice rodée au format petit écran (Fais pas ci, fais pas ça et autres téléfilms…) revient un film concocté dans le format auquel elle est habituée. Rappelant les comédies enfantines des années 90/2000 dans lesquelles les jumelles Olsen et Lindsay Lohan ont fait leurs armes pendant leurs tendres enfances, Ni Une Ni Deux surfe sur l’histoire bricolée d’une actrice qui recherche un double pour la remplacer sur un tournage et, pouf, tombe sur sa sœur jumelle qu’elle ne connaissait pas – sans le réaliser, sinon ce n’est pas drôle.
Si on admet le fait que l’héroïne ne voit pas sa ressemblance avec son sosie, le film aurait pu fonctionner s’il ne s’enfonçait pas dans autant de platitude. Entre une actrice qui semble partager entre son tempérament naturel et un personnage caricaturant la provinciale, Anne Giafferi propose une comédie attendue et sans intérêt dans laquelle les personnages se traînent lourdement à travers des sentiers tellement battus qu’ils finissent par avoir l’aspect de sables mouvants.
Ce qui devait arriver arriva : la doublure sympathique brille à la place de l’actrice acariâtre tandis que cette dernière… rumine dans son appartement parisien pendant une heure. Leurs interactions sensées animer l’aspect comique de la situation tombent toujours à plat, tandis que l’évolution des personnages est aux abonnés absents. Ni Une Ni Deux pose ses idées sans jamais les faire vivre, l’intrigue se laisse porter par la vacuité qui l’envahit pour fabriquer un happy end qui fera plaisir à tout le monde, à travers des subterfuges à la subtilité d’une poutre apparente et des personnages secondaires collés dans un coin tel un vieux chewing-gum oublié. À aucun moment l’histoire est crédible, Anne Giafferi jongle avec les clichés épais : l’actrice diva, le petit personnel à la langue de vipère, le réalisateur excessif et puis la coiffeuse à la naïveté pleine de guimauve (qui parvient à gérer sa coloration, coupe et brushing toute seule et en un temps record). Le film fait parfois penser à Sœurs Fâchées d’Alexandra Leclère (2004) dans lequel Isabelle Huppert et Catherine Frot cristallisaient à merveille le fossé social qui divisait la parisienne et la cadette provinciale, entre humour et tendresse. Ni Une Ni Deux pioche dans plusieurs œuvres existantes et copie sans jamais parvenir à atteindre la subtilité ni le caractère divertissant des supports empruntés. L’ensemble a tout les apparats d’un téléfilm de l’après-midi qui se regarde sans sourciller, sauf quand il s’agit de bailler. En effet, pour une comédie qui dure à peine plus d’une heure et demie, le temps se fait bien long jusqu’à un final mou du genou et qui m’a laissée totalement indifférente – en dehors du soulagement de voir enfin ce calvaire se terminer.
D’ordinaire, les comédies françaises de cet acabit parviennent parfois à m’amuser. Le problème dans Ni Une Ni Deux ne vient pas uniquement du manque d’imagination du film, mais surtout de son absence totale d’identité ou même de tentative quelconque de créer un objet relativement vivant.
Le problème vient peut-être du micro-casting dans lequel Mathilde Seigner (Chacun sa vie, Retour chez Ma Mère, Sam…) tient un double rôle. Si j’apprécie habituellement cette actrice et son caractère bien trempée qui filtre aisément dans chaque personnage qu’elle a pu interprétée, cette dernière montre ici l’étendue finalement réduite de son talent dans cette double performance déséquilibrée qui donnait surtout l’impression d’avoir affaire au coté pile et au coté face d’une seule et même personne – et non à des jumelles. Autour d’elle, François-Xavier Demaison (Jour J, Quadras, L’Outsider…) cachetonne en hantant le paysage aléatoirement sans véritable implication, accompagné par Arié Elmaleh (Loue-Moi !, Faut Pas Lui Dire…) et Marie-Anne Chazel (Ma Famille t’Adore Déjà, Bad Buzz…). La palme du personnage accessoire revient à Vincent Regan (Normandie Nue…) dont la présence ne trouve de sens que dans les dernières minutes du film.
En conclusion, alors que j’attendais une comédie rigolote et mignonne sur un quiproquo bancal mais excusable pour un peu que le fond tienne la route, je me suis retrouvée devant un téléfilm mal dégrossi et sans imagination, portée par des acteurs qui n’ont eux-même pas l’air de beaucoup y croire. Pénible. À éviter.