Comédie, Drame

[CRITIQUE] Quand Vient l’Automne, de François Ozon

Le pitch : Michelle, une grand-mère bien sous tous rapports, vit sa retraite paisible dans un petit village de Bourgogne, pas loin de sa meilleure amie Marie-Claude. A la Toussaint, sa fille Valérie vient lui rendre visite et déposer son fils Lucas pour la semaine de vacances. Mais rien ne se passe comme prévu.

Après la dramédie policière Mon Crime sortie en 2023, François Ozon (Peter Von Kant, Été 85, Grâce à Dieu…) est déjà de retour avec un nouveau film, Quand Vient l’Automne, plus dramatique et intime mais toujours porté par une tonalité à la fois pétillante et nostalgique.
Ce qui commence comme une chronique ordinaire de la vie rurale se métamorphose rapidement en une exploration profonde des relations familiales et des secrets enfouis. François Ozon, connu pour sa capacité à mêler drame et comédie avec subtilité, livre ici un récit où l’automne devient une métaphore de la vieillesse et de ses défis. À travers des personnages apparemment ordinaires, François Ozon dévoile des couches de complexité et d’émotion, défiant les attentes du spectateur dès les premières scènes.

Ce qui m’a plu d’emblée, c’est que François Ozon retrouve des personnages très communs et des situations très ordinaires qui donnent, de prime abord, l’impression qu’on aura affaire à un film sage et sans surprise. Mais plus l’histoire avance et plus Quand Vient l’Automne se dévoile bien plus piquant qu’il n’en a l’air et sème le doute. Le film partage et intrigue entre la bonhomie ambiante et l’apparente innocence du personnage principal au passé étonnant.
Quand Vient l’Automne parle de la fin de vie (mais en beaucoup moins tristoune que son précédent film Tout S’est Bien Passé) et surtout de la famille, à travers la relation tendre entre cette mamie gâteau et son petit-fils. Cela fait écho à un sujet d’actualité, parfois méconnu, puisqu’en France de nombreux grand-parents entament des démarches légales pour obtenir leurs droits de visites. Le film aborde avec une finesse poignante des thèmes universels tels que la culpabilité, la rédemption et les dynamiques familiales complexes ampoulées par des secrets inavouables (ou presque).

Malgré sa légèreté chaleureuse, Quand Vient l’Automne s’interroge sur la loyauté et les responsabilités de ses personnages, liés par le sang ou par le coeur. L’histoire soulève la question de la deuxième chance de ces grands-parents qui auraient failli à leurs devoirs en tant que parents, mais vient également égratigner les apparences bonhommes de ce troisième âge faussement naïf. Derrière un face-à-face tendu entre une mère et sa fille, le film est marqué par beaucoup de rancoeur et de regrets, alors qu’il épluche un à un des personnages marqués par des erreurs du passé. Le temps passe, mais est-ce que l’on change vraiment ? Peut-on tout pardonner ? semble se demander Quand Vient l’Automne, alors que la culpabilité et l’orgueil se tienne la main dans une comédie souvent trouble mais toujours espiègle.

L’ensemble se regarde sans effort et j’ai aimé que dans cet étalage de normalité, le film propose des personnages étoffés mais sans en faire trop. Le résultat est accessible et doux-amer, et même si la conclusion est ce qu’elle est, on aura tout de même envie de passer un coup de fil (ou une tête) chez nos papis-mamies (s’ils sont toujours là). François Ozon navigue habilement entre la comédie et le drame, nous offrant une réflexion sur la vieillesse et les relations familiales avec une profondeur touchante. Le film ne se contente pas de divertir mais nous pousse à réfléchir sur nos propres liens familiaux, les secrets qui peuvent les entourer et surtout, sur ses conséquences intergénérationnelles.

Au casting, Hélène Vincent (L’Origine du Monde, L’Astronaute, Hors Normes…) est géniale dans ce rôle, ayant le juste mélange de fragilité et de détermination qui va bien. A ses cotés, le jeune Garlan Erlos est au centre de toutes les attentions, tandis que Josiane Balasko (Captives, Mes très Chers Enfants, Les Envoûtés…) est sympathique en bonne copine bougonne et que Ludivine Sagnier (Napoléon, Les Méchants, La Vérité…) fait des apparitions remarquées. La bonne surprise reste Pierre Lottin (Vivants, Les Harkis…), révélé au grand public par les films Les Tuche, qui joue les repris de justice au grand coeur (ou pas) convaincants.

En conclusion, Quand Vient l’Automne est une œuvre à la fois subtile, nostalgique et captivante, où François Ozon déploie tout son talent pour nous offrir un récit touchant, amusant et nuancé. Porté par une distribution impeccable, ce film résonne longtemps après sa projection, rappelant pourquoi François Ozon reste maître dans l’art de sublimer le normal, avec toute sa beauté, sa poésie mais aussi sa laideur. À voir !

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