Épouvante-horreur

[CRITIQUE] Wolf Man, de Leigh Whannell

Le pitch : Et si l’être aimé devenait une créature méconnaissable ? Blake, père de famille en crise, hérite d’une ferme isolée en Oregon après la disparition de son père. En quête de renouveau, il emmène sa femme Charlotte et leur fille Ginger s’y installer. Mais une nuit, une bête invisible les attaque, les forçant à se barricader. Au fil des heures, Blake subit une effrayante métamorphose…

Après avoir fait ses débuts de réalisateur sous la houlette de son mentor James Wan avec Insidious : Chapitre 3 en 2015, puis Upgrade en 2018, Leigh Whannell poursuit désormais sa propre voie avec son quatrième long-métrage. À l’image de Invisible Man, Wolf Man est une relecture d’un classique des Universal Monsters, reprenant Le Loup-Garou de George Waggner sorti en 1941. Cette version revisite le mythe du loup-garou, délaissant la pleine lune traditionnelle au profit d’une transformation plus ancrée dans un réalisme psychologique.

Le film démarre sur une note prometteuse, une tension palpable s’établit dès les premières scènes nocturnes où la menace invisible rôde. Cependant, après l’incident central, la narration peine à maintenir ce rythme effréné. Leigh Whannell opte pour des artifices visuels parfois datés, tels que des caméras secouées et des formes inquiétantes en arrière-plan, prolongeant ainsi une partie centrale qui s’étire un peu trop. Cela nuit à la fluidité du récit, rendant le film légèrement mou dans sa progression.

Sur le fond, Wolf Man s’intéresse aux dynamiques familiales, explorant la transmission des traumas à travers la relation parent-enfant. Initialement centré sur la relation père-fils, le film évolue habilement vers un examen poignant de la dynamique mère-fille. Il théorise sur la transmission des traumas et des protections parentales qui, ironiquement, peuvent devenir source de nouvelles souffrances. Ce thème est joliment incarné dans le moment où la mère, Charlotte, affronte la bête pour sauver sa fille, un acte de bravoure qui résonne malgré des échos rappelant d’autres œuvres de genre.

La transformation de Blake est rendue avec une intensité croissante, soutenue par un changement de point de vue habile et une pointe de body-horror qui permet au spectateur de partager l’évolution de son état. Le film réussit à instaurer une ambiance sombre et troublante, amplifiée par le cadre nocturne et sinistre d’une maison isolée (même si on dirait que le lieu de tournage du film Brightburn a été recyclé). Cependant, cela ne suffit pas à compenser une intrigue qui peine à maintenir l’attention. Le climax, bien qu’intense, évoque trop fortement des références déjà vues, notamment avec un moment qui m’a  rappelé un épisode de Buffy Contre Les Vampires (celui où Oz affronte Veruca pour sauver Willow #LesVraisSachent).

Au casting : Christopher Abbott (Kraven The Hunter, Pauvres Créatures, The Crowded Room…), Julia Garner (Inventing Anna, Modern Love…) et Matilda Firth cohabitent dans ce récit sombre, entre surprises et frayeurs, tenant le film dans un cadre serré et anxiogène.

En somme, Wolf Man se situe entre le film fantastique et le huis-clos psychologique sans pleinement exceller dans l’un ou l’autre. Porté par une atmosphère savamment lugubre, Leigh Whannell parvient à livrer un film tout juste captivant et prenant pour divertir le temps du visionnage, sans pour autant révolutionner le genre ni échapper au sort des films d’horreur moyens qui sortent en janvier : sympa mais pas ouf. À voir.

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