Épouvante-horreur

I spit on your grave : très violent mais jubilatoire !

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Sorti en 2010 et, bien sûr, interdit aux moins de 16 ans, j’avais le film I Spit On Your Grave (le remake du film Œil pour œil, de Meir Zarchi, sorti en 1978) dans le collimateur. N’étant pas très fan du style « rape and revenge » que je trouve trop pervers et souvent réservé à un public masculin, j’ai pris mon temps avant de le voir et finalement, je ne suis carrément pas déçue. Certes, le film est carrément voyeur et pas mal tordu, mais contrairement à ce qu’on peut croire, le voyeurisme est dans les deux sens et donc ouvert à un public mixte. Ici, la victime devient le bourreau, plus sadique que ses agresseurs. Résultat, quand l’heure de la revanche a sonné, I Spit On Your Grave brille par son originalité et un dosage juste entre un peu de gore et beaucoup de frissons. Grâce à une photographie aux tons bruts et à une mise en scène habile, le film de Steven R. Monroe est surprenant, captivant et horriblement efficace. L’envie de détourner le regard est toujours présente, mais au final, on se prend carrément au jeu machiavélique (et justifié) de l’héroïne. Décomplexé, I Spit On Your Grave offre une plongée dans un enfer sordide, jubilatoire et savoureusement effrayant.

Le pitch : Jennifer, jeune et jolie écrivain, s’isole dans un chalet pour y écrire son nouveau roman. Elle qui s’attendait à une retraite tranquille, se retrouve violée et torturée par cinq hommes. Abusée par chacun d’entre eux, laissée pour morte, elle se livrera à une vengeance sans pitié…

Le film ne démarre pas avec de bons points. Outre le thème discutable qui pourrait bien rebuter le public féminin d’entrée de jeu, les premières minutes plantent un décor téléphoné et maladroit, où on observe la jeune femme demander son chemin à tous les pauvres types qu’elle croise, avant de leurs confier naïvement qu’elle part s’enterrer seule dans un chalet au milieu d’un coin paumé. Quand on sait que la jeune femme vient de la Grande Pomme, c’est plutôt inconscient. Cependant, malgré ces quelques défauts, I Spit On Your Grave installe tout de suite une atmosphère tendue dont la légèreté apparente, due à la bonne humeur innocente de l’héroïne, se fissure au fur et à mesure que la caméra capte les regards que s’échangent les futurs agresseurs. Le calme avant la tempête…
I Spit On Your Grave ne perd pas de temps avec les présentations et entre rapidement dans le vif du sujet, lorsque la jeune femme se retrouve seule avec ses agresseurs. Durant une bonne trentaine de minutes, les personnages vont jouer au chat et à la souris avec leur victime, soulevant une atmosphère de plus en plus gênante et inconfortable. Plus la scène dure et plus le coté voyeur du film prend de la place, évitant de peu le complexe du film porno non assumé grâce à un travail de mise en scène calibrée et des personnages white trash très crédibles, à la fois violents, misogynes et détraqués. On peut se demander, durant cette première partie, si I Spit On Your Grave ne serait pas finalement réservé à un public uniquement masculin à tendance vicelarde… Heureusement, Monroe ne nous imposera pas la totalité de la scène, laissant judicieusement deviner l’enfer que subira son héroïne. Monroe délaisse l’attrait sexuel, qui prenait énormément de place dans la version originale, pour mieux focaliser tout son film autour de la violence, exprimée dès le début du film aussi bien dans les gestes, les attitudes et les mots, elle finit enfin par exploser dans la seconde partie.

En effet, le film vaut le coup de s’accrocher, I Spit On Your Grave dévoile son véritable intérêt au moment de la revanche, en suivant la jeune femme piéger chacun de ses agresseurs avant de les torturer à mort. Des scènes horribles, macabres mais particulièrement jouissives et originales, où on aura parfois envie de regarder ailleurs (âmes sensibles s’abstenir). Monroe ne fait pas dans la dentelle, s’il a tenu à nous épargner dans la première partie, cette fois il ne lésinera pas sur les détails afin que le spectateur n’en perde pas une miette. Le frisson est au rendez-vous et c’est un vrai régal. La métamorphose de l’héroïne est stupéfiante (peut-être un peu trop), car elle passe de la victime apeurée à une tueuse sans pitié sans aucune nuance. Toujours est-il qu’on apprécie et admire le travail, tant chaque mise à mort est à la fois froide, inventive et cruelle. Monroe reprend certains châtiments du film original (la scène de la baignoire), tout en imprimant sa patte jusqu’au bout et en maîtrisant le résultat, propre, stylisé et percutant. Il ne s’agit pas là d’un teen-movie bas de gamme où le sang gicle toutes les cinq minutes fait dans le but inavoué d’excité la brute épaisse latente. Au contraire, I Spit On Your Grave est plus viscéral et plus crédible, car bien mieux réalisé et surtout plus créatif. Finalement, le coté voyeur que l’on ressent au début du film perdure et si au départ c’était une sensation gênante, dans cette partie du film, on en redemande car le film nous attache à cette jeune femme, donnant envie de l’encourager dans sa vengeance. Empathie, quand tu nous tiens !

Coté acteurs, Sarah Butler tient la majeure partie du film sur ses épaules, convaincante dans les deux facettes de son personnage, même si on aurait en savoir plus sur la transition. Une prestation intéressante qui détonne avec les figures féminines que l’on retrouve habituellement dans les films d’horreur…

En conclusion, I Spit On Your Grave est une très bonne surprise et se révèle être original et inattendu, néanmoins très violent et truffé de scènes insoutenables. Certes, aucun monstre ne viendra hanter vos nuits, mais le film ne manquera pas de vous faire frissonner.

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