
L’alcoolisme est un sujet épineux et peu souvent transposé dans un drame adolescent et pourtant, The Spectacular Now fait preuve d’une naïveté rarement vue. Complètement noyé sous une amourette lycéenne destinée à charmer les cœurs sensibles, le film de James Ponsolt passe à coté de la puissance de son thème avec une indifférence navrante. Malgré une première partie attirante et un personnage principal touchant, The Spectacular Now enchaîne les pirouettes scénaristiques et pleines de bons sentiments pour déguiser sa flemmardise et masquer le fait que tout cela n’était qu’une excuse pour raconter une histoire d’amour à peine intéressante…
Le pitch : Sutter est un adolescent brillant, drôle, charmant… et très porté sur la boisson. Son quotidien est chamboulé par sa rencontre avec la timide Aimee, une jeune femme totalement différente de lui.
Début 2013, Le Monde de Charlie, de Stephen Chbosky et adapté de son propre livre, proposait sa propre version du malaise adolescent et du passage à l’âge adulte, explorant des thèmes assez sombres (l’inceste et le suicide) pour appuyer ses personnages incroyablement authentiques et touchants.
Un an plus tard et après avoir remporté le prix spécial du jury au Festival du film de Sundance 2013, The Spectacular Now fait étrangement écho, mais est loin d’arriver à la hauteur du film de Stephen Chbosky. Egalement adapté du roman de Tim Sharp, The Spectacular Now met en scène un adolescent solaire et populaire, Sutter Keely. Tout semble lui réussir, même si le film débute sur une fausse note, et il n’y a plus qu’à attendre le moment où les paillettes se dissipent. En effet, sous ces apparences idylliques, les problèmes de Sutter finissent par apparaître en filigrane, notamment un certain penchant pour la boisson.
James Ponsoldt évite le cliché de l’adolescent excessivement fêtard (type Projet X ou encore Spring Breakers) et aborde habilement le sujet, le dissimulant dans les habitudes quotidiennes de Sutter. Si bien que, dans un premier temps, même en ayant remarqué les apparitions répétitives de cette flasque d’alcool, notre attention est toujours portée sur la relation naissante entre Sutter et Aimee. Un parallèle intéressant avec l’alcoolisme « adulte », pas seulement le binge-drinking ou les buveries festives, mais la vraie maladie, celle qui s’immisce dans les gestes de tous les jours et que l’on remarque quand il est trop tard. C’est une nuance qui crée d’abord tout l’intérêt du film, d’ailleurs, car The Spectacular Now utilise cet aspect pour donner de l’ampleur dramatique à son film. Pourtant, Ponsolt ne cesse de tourner autour sans jamais oser mettre les pieds dans le plat, préférant se concentrer sur son histoire d’amour potentiellement salvatrice.
The Spectacular Now réussit parfaitement à retranscrire la fraîcheur et la beauté du premier amour. La personnalité apaisante d’Aimee rend supportable l’exubérance souvent feinte de Sutter, tandis que ce dernier parvient à s’ouvrir à son contact. Ce qui tient en haleine, c’est évidemment l’ombre menaçante des mauvaises habitudes du jeune garçon et l’attente du moment où tout va basculer.
Malheureusement, The Spectacular Now n’assumera jamais le mal-être de son personnage principal, qu’il traîne comme un boulet sans vraiment savoir quoi en faire. Entre excuses et justifications, The Spectacular Now ne parvient pas à se positionner et se cache derrière de banales explications transparentes, sans véritablement chercher plus loin. Un choix finalement assez dangereux puisque le film finit tout de même par laisser transpirer un message indécis autour de l’alcoolisme et de ses conséquences (inexistantes dans le film).
Finalement, The Spectacular Now aurait tout aussi bien pu se passer complètement de cette trame dramatique et inexploitée, pour se focaliser sur la relation entre Sutter et Aimee qui, par conséquent, est mise à mal par ce trou béant dans le scénario qui nous empêche d’apprécier cette romance naïve, peu intéressante et sucrée, à sa juste valeur. C’est là, la majeure différence entre The Spectacular Now et Le Monde De Charlie, car le film de Stephen Chbosky affrontait franchement la réalité et creusait ses personnages, quitte à sombrer et à toucher le fond avant de mieux remonter. James Ponsoldt, lui, préfère proposer un monde merveilleux où chaque problème se résout instantanément dès que l’origine a été identifiée. En inconscience et légèreté, The Spectacular Now n’hésite pas à édulcorer le traitement de son sujet pour mettre en avant une amourette adolescente aussi molle que concrètement inintéressante.
Coté casting, on retrouve les jeunes promesses du cinéma américain. Miles Teller (Footloose, Projet X…) est convaincant dans ce rôle doux-amer où il campe un personnage aussi attachant que parfois énervant. A ses cotés, Shailene Woodley (The Descendants, la série La vie secrète d’une ado ordinaire… et mise à l’écart de The Amazing Spider-Man 2) est aussi mignonne que discrète. Rien de bien folichon dans ce duo, mais ce sera intéressant de les retrouver prochainement dans le film Divergent, de Neil Burger.
Brie Larson (Scott Pilgrim, 21 Jump Street, Don Jon…) et Mary Elizabeth Winstead (Scott Pilgrim, The Thing…) sont également de la partie dans des rôles secondaires.
En conclusion, derrière son pitch alléchant et la promesse d’un drame adolescent profond et vrai, The Spectacular Now n’est en fait qu’une petite romance toute mignonne qui ne vaut certainement pas son pesant de cacahuètes.

