Drame

Palo Alto : Déprimant et vide, malgré un potentiel bien présent

Palo Alto

Troublant mais beaucoup trop lunaire, le premier film de Gia Coppola s’intéresse à la langueur adolescente et observe un quatuor indécis et paumé entre l’enfance et le monde adulte. Autour de ces destins croisés, Palo Alto se perd dans la contemplation passive, laissant filer ses bonnes idées à peine percevables gâchées par les nombreux effets de style inutiles qui viennent alourdir et étirer la trame jusqu’à l’ennui. Clairement inspirée par le cinéma de sa tante, Gia Coppola se perd dans l’evanescence trop vague et non aboutie de son film, pourtant agréable, mais vide de substance.

Le pitch : Piégés dans le confort de leur banlieue chic, Teddy, April, Fred et Emily, adolescents livrés à eux-mêmes, cherchent leur place dans le monde. Ils ont soif de sensations fortes et testent leurs limites. L’alcool, les drogues et le sexe trompent leur ennui. Ils errent sans but dans les rues ombragées de Palo Alto incapables de voir clair dans le tourbillon confus de leurs émotions. Sauront-ils éviter les dangers du monde réel ?

Coppola n’est pas forcément un nom facile à porter quand on décide de se lancer dans le cinéma. Si Francis Ford et Sofia Coppola sont des cinéastes accomplis, chacun dans leur style évidemment, parmi les petits nouveaux il faut compter avec le fils, Roman qui a réalisé Dans la tête de Charles Swan III en 2013 et maintenant la petite-fille, Gia (sans parler de Nicholas Cage et de Jason Schwartzman…).

Adapté de nouvelles écrites par James Franco (et oui), Gia Coppola réunit quatre adolescents qui se croisent sur les bancs du lycée, chacun mû par ses propres problèmes, craintes et désirs. Palo Alto illustre plutôt bien ces instants indécis où la personnalité adulte se forge, à travers l’incertitude et les tentatives d’affirmation de soi à travers un comportement atypique, voire marginal. Si certains sont prêts à tout pour se faire aimer, d’autre seront confrontés à une personnalité plus forte qui, imperceptiblement, affûtera malgré eux leur vision du monde extérieur. Gia Coppola tente d’exprimer l’apprentissage de la vie, à travers les espoirs et les désillusions, et si elle parvient à capter l’allégresse de la fleur de l’âge où l’irresponsabilité est reine, les rares éléments dramatiques du film passent malheureusement à la trappe.
En effet, en plus de rester vague, Gia Coppola s’embourbe dans une mélancolie déprimante et communicative. Palo Alto propose des personnages plutôt amorphes (à une exception près) et passifs, ancrés dans un quotidien monochrome et livrés à eux-mêmes, devenant rapidement les proies faciles d’adultes malveillants. Le film tente de sensibiliser leur parcours en jouant avec un faible chassé-croisé amoureux, mais malgré l’ambiance doucereuse et agréable, il ne se passe définitivement rien qui vaille le détour.
Palo Alto soulève des questions pour mieux les laisser en suspens et abandonne sa trame en cours de route pour se conclure sur une fin trop facile et frustrante.

Avec ce premier film, il est quasiment inévitable de comparer Palo Alto à une rencontre étrange entre Virgin Suicides et The Bling Ring de Sofia Coppola. Seulement là où Coppola-fille parvient à s’exprimer dans les non-dits et ses films reconnaissables par sa légendaire mise en scène alanguie et maîtrisée, Gia Coppola teste des effets de style qui ne font qu’embrouiller la lecture du film, en superposant sons et images sans véritable but, reléguant, malgré ses efforts, Palo Alto à une sombre copie impersonnelle à l’éclairage blafard.

Au casting, Emma Roberts (Scream 4, Les Miller – Une Famille En Herbe, American Horror Story…) livre une performance plutôt éteinte et ses comparses, Jack Kilmer, Zoe Levin et Nat Wolff suivent, sans conviction. À leurs cotés, James Franco (Spring Breakers, C’est La Fin…) et Val Kilmer (Déjà Vu, Twixt…) ne sortent pas vraiment du lot.

En conclusion, Palo Alto parvient à peine à maintenir un quelconque intérêt en laissant planer une ombre douteuse au-dessus de ses personnages, sans jamais l’exploiter au final. Gia Coppola se plante dans la mise en scène, cherchant trop à imiter le style de Sofia Coppola, mais sans réussir à susciter la moindre émotion. Résultat, l’ennui latent transforme Palo Alto en une œuvre déprimante dont on ressort légèrement en miettes.

Boredom
Boredom

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