Épouvante-horreur

[CRITIQUE] The Boy, de William Brent Bell

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Annoncé comme le successeur du film Annabelle de John R. Leonetti, The Boy sait créer la surprise. Grâce à une ambiance angoissante au mystère entretenu, le film de William Brent Bell nous enferme dans une intrigue où les apparences sont trompeuses. Entre paranormal et suspens, The Boy est plutôt soigné et convaincant, jouant avec les codes classiques des films d’épouvante récents pour mieux nous prendre au piège. Même si l’ensemble est loin d’être flippant, on se laisse facilement duper par ce tête-à-tête oppressant avec cette étrange poupée. Et si la vérité était ailleurs ?

Le pitch : Pour essayer d’échapper à son passé, Greta, une jeune Américaine, se fait engager comme assistante maternelle en Angleterre, dans une maison perdue en pleine campagne. À son arrivée, elle découvre qu’elle a été embauchée non pas pour s’occuper d’un petit garçon de 8 ans en chair et en os, mais d’une poupée de porcelaine grandeur nature. Seule dans la maison, loin de tout, Greta assiste à des événements tous plus étranges les uns que les autres. La poupée serait-elle vivante ? Il se trouve que Greta n’a pas seulement été engagée, elle a été choisie…

Si les marketeurs autour du film ne nous avaient pas devancé, nous nous serions tous chargés de comparer The Boy au film Annabelle. En effet, le coup de la poupée flippante couplé à des phénomènes effrayants, cela semble déjà vu, on aurait tendance à vouloir cataloguer le film de William Brent Bell à la hâte. Pourtant, The Boy possède un premier atout considérable : il ne s’agit pas d’une production BlumHouse, ce qui a d’entrée de jeu attiser ma curiosité, tout en craignant le pire car soyons honnête, depuis quelques années les bons films d’épouvante sont surtout moyens (voir tout pourris).
Cependant, si le film surfe sur les trames faciles et interchangeables proposés par les films d’épouvante les plus récents, The Boy joue sur nos habitudes pour semer le trouble. En effet, nous sommes si habitués à voir le même genre de film d’épouvante, à la construction simpliste et attendue, que The Boy donne l’impression de suivre une continuité bien fade et sans surprise. Visiblement, William Brent Bell joue là-dessus pour construire la première partie de son film dont il soigne l’ambiance, entre les décors plongés dans une pénombre permanente et un mystère qui s’épaissit autour de cette poupée. The Boy prend son temps pour s’installer et offre une première partie presque attendue, jouant avec les codes classiques de l’horreur avec une petite pointe de second degré, comme pour rappeler le grotesque de la situation. Le film tente de jouer avec nos nerfs, se rangeant d’abord derrière l’incrédulité de son héroïne avant de sauter à pieds joints dans le paranormal. Plus la réponse parait évidente et plus The Boy se mue en huis-clos entêtant, donnant finalement envie de connaître l’issue du film.theboy2

La bonne idée de William Brent Bell c’est finalement de jouer sur nos préjugés pour polir sa mise en scène à la fois simple mais efficace. Alors que je m’attendais à voir un film banal, The Boy préfère construire une trame qui happe par surprise dans un univers plutôt stressant et captivant, aussi bien entretenu par les décors sinistres que par la lenteur du film et la musique inquiétante. Bien que The Boy repose sur quelques jumpscares, c’est en semant le doute que le film parvient à nous piéger. Si dans un premier temps, on guette le moindre millimètre de l’image pour trouver la faille du film, petit-à-petit le film finit par convaincre grâce à des moments d’angoisse frissonnants, jusqu’au moment l’intrigue finit par révéler sa véritable histoire. Si le twist est un chouilla bancal dans son exécution, il a tout de même le mérite de surprendre et de proposer une issue différente. En se focalisant sur la poupée, The Boy détourne savamment notre attention, laissant ainsi notre esprit échafauder ses propres hypothèses. Du coup, le film parvient jusqu’au bout à nous mener par le bout du nez, alors qu’il semblait si prévisible au départ. Certes, l’ensemble est un peu faible coté frayeur, mais le film de William Brent Bell installe une atmosphère pesante et captivante, à laquelle on adhère d’emblée, d’abord parce qu’elle semble prévisible et ensuite parce que le twist rend le film plus intéressant. De plus, j’aime aussi le ton assumé du film qui joue pleinement du coté grotesque de sa trame, évitant finalement les pièges dans lesquels était tombé Annabelle concernant l’utilisation de la poupée, et en restant fidèle à son concept, même s’il en devient un peu ridicule à la fin.

Au casting, Lauren Cohan abandonne les zombies de The Walking Dead pour jouer à la poupée, à la fois naturelle et crédible. À ses cotés, Rupert Evans (Agora…) sert d’accessoire, tandis que Jim Norton (Jimmy’s Hall…) et Diana Hardcastle (Indian Palace – Suite Royale…) contribuent à faire grimper la tension du film en incarnant des « parents » carrément inquiétants.

En conclusion, The Boy n’est certainement pas la frayeur de l’année, mais William Brent Bell crée la surprise avec un film à l’ambiance inquiétante et soignée, en misant sur les habitudes d’un public gavé par des films d’épouvantes de moins en moins inventifs. Tel est pris qui croyait prendre. À tester.

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