Thriller

[RATTRAPAGE] Under The Silver Lake, de David Robert Mitchell (Sortie Blu Ray, DVD et VOD)

Le pitch : À Los Angeles, Sam, 33 ans, sans emploi, rêve de célébrité. Lorsque Sarah, une jeune et énigmatique voisine, se volatilise brusquement, Sam se lance à sa recherche et entreprend alors une enquête obsessionnelle surréaliste à travers la ville. Elle le fera plonger jusque dans les profondeurs les plus ténébreuses de la Cité des Anges, où il devra élucider disparitions et meurtres mystérieux sur fond de scandales et de conspirations.

Réalisé par David Robert Mitchell
Avec Andrew Garfield, Riley Keough, Topher Grace…
Sortie en DVD et VOD le 12 décembre

Après la bonne surprise qu’était It Follows, David Robert Mitchell revient avec un trip lancinant et étrange à travers un Los Angeles mystérieux. Under The Silver Lake est un thriller à couches multiples qui raconte une histoire visible (la recherche de Sarah) et plusieurs autres sous-intrigues qui semblent jetées aux vents et n’ont pas forcément d’aboutissements. Clairement inspiré par le cinéma de David Lynch et Alfred Hitchcock, Under The Silver Lake plonge le spectateur dans une chasse à l’homme (ou à la femme) qui a rapidement des allures de chasse au trésor au fur et à mesure que le héros découvre de nombreux secrets dans les recoins de la Cité des Anges.

Comme je l’ai dit plus haut, Under The Silver Lake possède plusieurs lectures. La plus évidente est celle qui tient une véritable conclusion que David Robert Mitchell livre au bout de deux heures d’élucubrations dans les dédales d’une ville aux vices cachés. Pour être honnête, c’est très long et le jeu n’en vaut pas forcément la chandelle, surtout si on s’en tient à la question principale : où est Sarah ? Sur ce sujet, Under The Silver Lake livre un puzzle complexe et surtout une finalité.
C’est finalement tous les autres indices parsemés dans le film qui pourraient rendre Under The Silver Lake saisissant. Qui est le dog killer (facile) ? Mais surtout, quel est le message caché derrière ces clins d’œil multiples vers Comment Épouser Un Millionnaire, le film Jean Negulesco (1953) et qui compte trois icônes de l’époque à l’affiche : Marilyn Monroe, Betty Grable et Lauren Bacall ? Et que dit ce fichu perroquet depuis le début ?!

David Robert Mitchell tisse un labyrinthe presque philosophique en théorisant sur les grandes légendes du cinéma et la déliquescence de la pop-culture actuelle qui encense ces mêmes légendes mortes ou mourantes, dénonçant l’incapacité d’une industrie à se renouveler (hello les reboots, remakes et autres suites x années après la sortie d’un film culte qu’Hollywood pond par dizaine chaque année), tout en gravitant autour d’un personnage qui représente justement une existence en suspens, effrayé par l’engagement (waf waf) et sans véritable prospect. La quête se transforme en parcours initiatique sous acide et plus le personnage s’enfonce dans l’oisiveté paresseuse des plus riches qui se rêvent futurs dieux des temps modernes (hello Donald Trump), puis il se façonne une porte de sortie dans son propre fonctionnement – qui n’est pas forcément le plus sain, et tant pis, puisque de toutes façons, suivre les règles ne promet pas la réussite. À travers ces pistes mystérieuses, Under The Silver Lake dissèque une ville connue pour ses lumières pour en révéler ses secrets les plus sombres, comme l’avait fait l’énigmatique Map To The Stars de David Cronenberg (en moins compliqué).

Après It Follows où ses personnages tentent d’échapper à un sort inéluctable, David Robert Mitchell s’essaie au meta avec un thriller complexe qui dénonce le concept même qu’il applique, à travers des empreints évidents aux cinéastes passés maîtres dans l’art du suspens et/ou du symbolisme nébuleux. Cependant, le problème c’est qu’il faut se prêter au jeu et Under The Silver Lake n’offre qu’une porte d’entrée minuscule pour embarquer le spectateur dans son trip laborieux. À force d’osciller entre l’implicite et l’explicite, le film devient de moins en moins accessible et c’est difficile de réellement apprécier cet exercice de genre délivré aux forceps.

Au casting, Andrew Garfield (Silence, 99 Homes, The Amazing Spider-Man…) porte le film et nous enfonce dans son périple obsessionnel, l’acteur cabotine souvent mais c’est probablement nécessaire pour s’adapter à cette histoire surréaliste. Autour de lui, de nombreux visages plus ou moins connus viennent hanter son parcours : Riley Keough (Logan Lucky, American Honey…), Topher Grace (BlacKkKlansman, American Ultra…), Callie Hernandez (Alien: Covenant, Blair Witch…), Zosia Mamet (Girls…) ou encore Riki Lindhome (Lego Batman, Le Film…).

En conclusion, David Robert Mitchell surprend encore, cette fois en passant d’un film d’horreur inventif et efficace à un thriller alambiqué et peu accessible. Pas facile de se confronter à des pointures telles qu’Alfred Hitchock, David Lynch ou même David Cronenberg comme le prouve Under The Silver Lake : intéressant si on creuse la surface, mais globalement laborieux. À tenter.

Quelques réponses (passer le texte en surbrillance pour l’afficher) :

  • Sam (Andrew Garfield) est le tueur de chiens. Quand il stresse, il s’imagine les gens lui aboyer dessus ; il est attiré par toutes les inscriptions « beware of the dog killer » et, pour finir, il a des biscuits pour chiens dans sa poche. Personnellement, je pense que soit il en a peur, soit il se venge d’une façon ou d’une autre de son ex qui l’a quitté. Et il couche avec sa copine actrice en position levrette 😛
  • Sarah : Sarah n’a pas disparu, elle fait partie du trio de femmes qui vont accompagner le milliardaire Jefferson Sevence dans son bunker. Le film soutient la théorie que les plus riches souhaitent être retrouvés par les générations futures et être considérés comme des visionnaires (ou des dieux) qui auraient vu une quelconque catastrophe arriver. Pourquoi trois filles ? Pourquoi pas. Comment ? En misant sur la fragilité émotionnelles des milliers d’aspirantes aux étoiles qui vont être rejetées par Hollywood chaque jour, comme n’importe quel mouvement sectaire. C’est d’ailleurs pourquoi le film Comment Épouser Un Millionnaire est aussi présent : 3 jolies femmes (poupées) à la recherche d’un homme riche pour les entretenir. Il y a les poupées, le film, l’affiche et évidemment Marilyn Monroe, l’insaisissable jolie femme qui sera fauchée en plein vol… comme le personnage de Sarah.
  • Rêve ou réalité : une partie de moi se demande si le parcours de Sam est vraiment réel. Le héros a toujours les réponses à portée de main : les jeux d’échec, le vieux magazine Nintendo… c’est trop facile. Sam est un jeune homme dans la trentaine, qui ne bosse pas et est sur le point de se faire virer de son appartement. Il ne fait rien de ses journées à part observer ses voisins. Il est possible que son imaginaire lui ait façonné une porte de sortie. Durant ce trip dans les rues de LA, il découvre un monde de menteurs, d’hypocrites et d’adorateurs malsains qui finalement s’en sortent bien. À la fin, on le voit observer son prorio entrer dans son appart depuis le balcon de sa voisine… chez laquelle il va surement squatter impunément le temps de se remettre sur pied. Ou pas.

N’hésitez pas à partager vos théories en commentaire 🙂

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