Le pitch : Les Men In Black ont toujours protégé la Terre de la vermine de l’univers. Dans cette nouvelle aventure, ils s’attaquent à la menace la plus importante qu’ils aient rencontrée à ce jour : une taupe au sein de l’organisation Men In Black.
7 ans après le dernier volet de la trilogie Men In Black, la franchise revoit le jour avec un spin-of bien nommé : Men In Black International. Pour réaliser ce nouvel opus, c’est F. Gary Gray – propulsé par le succès de NWA: Straight Outta Compton, puis le discutable Fast and Furious 8 – qui est chargé de ressusciter un des joyaux des années 90.
En effet, le premier Men In Black réalisé par Barry Sonnenfield en 1997 – adapté de comics édités par Malibu Comics, racheté par Marvel comics, d’ailleurs – fait partie de l’ère disparue où le blockbuster était un phénomène exceptionnel. Porté par un Will Smith superstar – également chanteur de la mémorable chanson éponyme, le film proposait une aventure qui mélangeait les genres, entre science-fiction, comédie et action, reposant sur la légende de Roswell et des petits-hommes verts qui vivent parmi nous. Le film était à l’époque surprenant car au-delà de l’efficacité du duo de cinéma que formait le solaire Will Smith et Tommy Lee « grumpy cat » Jones, Men In Black était d’une originalité rafraîchissante et novatrice dans son exploration de ce monde alien un poil fantaisiste mais tout de même dangereux.
Cependant, le phénomène est vite retombé comme un soufflé moisi, puisque Men In Black 2 débarque, précipité et bordélique, partagé par tous ceux qui voulaient mordre une part du gâteau – même Michael Jackson a insisté pour en faire partie ! Du coup, si le deuxième film a su attirer plus de monde et a engrangé plus de dollars, le public n’a pas été du même avis (39% sur Rotten Tomatoes, contre 91% pour le premier film). Enfin, Men in Black 3, malgré une intrigue nouvelle, arrive en fin de course en 2012 et fait pâle figure face à une génération de blockbusters mieux rodés au phénomène émergeant – dont un certain Avengers qui sortait la même année. Si cet épisode sonnait comme une conclusion, Hollywood en a décidé autrement et a re-pioché dans son tiroir à nostalgie pour lancer le fameux Men In Black International.
Les costumes restent les mêmes, les protagonistes changent. Le film se focalise sur une jeune femme qui a vécu une rencontre du troisième type étant petite et qui devient obsédée à l’idée d’entrer au MIB. Le destin lui sourit facilement rapidement et, une fois engagée, elle devient l’agent M et fait équipe avec l’intrépide agent H pour une mission qui va l’emmener de Londres à Naples en passant par les confins du désert marocain. International, on vous a dit.
Si l’effet nostalgique des Men in Black fonctionne au début du film, la magie s’évanouit vite. Le film est expéditif, pressé d’en finir avec une installation simpliste et capillotracté pour éviter que l’on s’attarde sur les incohérences (ha ? on peut hacker la NASA aussi facilement ?). F. Gary Gray se lance sur les chapeaux de roue, quitte à tronquer méchamment le montage, ce qui crée pas mal de scènes orphelines qui semblent déconnectées de l’ensemble (l’intégration de l’agent M dans l’organisation, ce qui s’est vraiment passé à Paris ???? à savoir la fin, en fait ?!) ou des moments forts qui ne connaîtront aucune conséquence dans la suite (comme la création d’un canyon en plein désert africain ou, tout simplement, l’introduction de l’héroïne…). Cette manie ampoule véritablement la décontraction du film qui cherche la coolitude plus que la solidité de son histoire, en dépeignant des personnages accessoires écrits avec la profondeur d’une planche à pain. Globalement, Men in Black International n’est pas déplaisant, vraiment. Porté par un casting assez cool et reposant sur un humour décontracté et pas mal d’esbroufe, le film aligne une intrigue attendue et truffée de rebondissements qui vont heureusement dynamiser la trame, permettant de ne pas vraiment s’ennuyer.
Le problème c’est que… pfff, c’est du déjà vu, quoi. Alors que le premier Men In Black soufflait un vent de fraîcheur parmi les blockbusters SF de l’époque, le film de F. Gary Gray manque d’une originalité certaine tant il rappelle d’autres films récents : l’humour de Thor (Ragnarok) forcément, le coté action hero international à la Mission: Impossible ou James Bond, la frénésie d’un Fast and Furious… et bien sûr, la recette d’origine de Men in Black. Car en effet, c’est une chose de proposer une film formaté dans le moule de succès récents, c’en est une autre de proposer un spin-off d’une franchise éteinte en répétant exactement le même schéma : à savoir récupérer un objet extra-terrestre qui pourrait détruire le monde. Encore. L’autre défaut du film, c’est qu’il en fait trop. Dans le premier Men In Black, j’avais bien aimé le coté secret de la présence extraterrestre où il fallait savoir où aller pour en trouver, tandis que ces derniers se cachaient derrière une apparence humaine (ou canine). Dans Men In Black International, il semblerait que la surpopulation de la Terre soit surtout due à la présence massive d’extraterrestres qui pullulent à tous les coins de rue et sans vraiment se soucier de la forme qu’ils empruntent (rendant finalement la présence des jumeaux danseurs inutiles, au passage) !
Men In Black International ne manque pas d’efforts et reste un objet sympathique qui s’observe avec un bon kilo de pop-corn, même si j’aurai aimé une complicité plus évidente entre les deux héros – plutôt qu’un teasing de dernière minute qui arrive comme un cheveu sur la soupe – ou n’importe quelle tentative d’approfondissement des personnages à vrai dire ! F. Gary Gray exploite à peine son concept, sauve le film de quelques moments salutaires qui évitent la catastrophe, si bien que l’ensemble s’avère être un cocktail suffisamment divertissant pour démarrer l’été mais finalement inégal et déjà vieillot.
Au casting justement, ils ne se quittent plus : Chris Hemsworth (Avengers: Endgame, Sale Temps à l’Hôtel El Royale, Thor Ragnarok…) retrouve à nouveau Tessa Thompson (Creed 2, Sorry To Bother You, Dear White People…). Si le premier ré-endosse un personnage au pendant comique dans lequel il est à l’aise, le rôle de Tessa Thompson déçoit finalement par rapport aux promesses faites par le film. En effet, la jeune femme introduit l’histoire, laissant penser qu’elle aura un rôle majeur dans l’intrigue mais se retrouve reléguée au rang de side-kick lambda, affublée d’un mini-moi drolatique auquel Kumail Nanjiani (Lego Ninjago, Silicon Valley…) prête sa voix, comme si elle n’était pas suffisante. Quel intérêt de parler de « women » in black finalement, immaright ?
Autour d’eux, Liam Neeson (Les Veuves, Quelques Minutes Après Minuit…) me fera toujours frémir grâce à sa voix de conteur (« Release the Kraken! »), Emma Thompson (My Lady, La Belle et la Bête…) est géniale dans n’importe quelle situation, tandis que Rafe Spall (Jurassic World: Fallen Kingdom, The Big Short…) et Rebecca Ferguson (Alex, Le Destin d’un Roi, Mission Impossible : Fallout…) complètent un ensemble éclectique.
À noter, la présence de Laurent et Larry Nicolas Bourgeois, les jumeaux danseurs révélés par l’émission « La France a un incroyable talent », puis ultra-hypés par Ellen DeGeneres. Franchement, cela aurait pu être eux comme n’importe quels péquins, à vrai dire, puisque les passages dansés n’étaient pas vraiment nécessaires au schmilblik.
En conclusion, Men In Black International est à peine sorti qu’il devient déjà ce que la franchise est aujourd’hui : un souvenir. F. Gary Gray livre un film divertissant mais loin d’être mémorable, plus porté par le charisme de ses acteurs que par une intrigue accrocheuse. L’ensemble est prévisible et daté malgré une esthétique relativement fichue. Cependant, ce n’est pas suffisant pour ressusciter une franchise qui, à mes yeux, n’a jamais réussi à faire mieux que son premier opus. À tenter.