Le pitch : Inspiré des véritables archives du Père Gabriele Amorth, exorciste en chef du Vatican. Le Père Gabriele Amorth enquête suite à la découverte terrifiante d’un jeune garçon possédé. Ses investigations le mèneront à dévoiler une conspiration séculaire que le Vatican a désespérément tenté de maintenir dans l’oubli.
On le sait, le film L’Exorcisme de William Friedkin est un classique du genre, qu’il nous ait fait peur ou nom. Depuis, nombreux sont les films qui tentent de lui arriver à la cheville. Comme dans tous les genres de films, il y a du bon et il y a du mauvais. Curieusement, je note que tous les films qui tentent d’appâter le chaland dès le titre, en mentionnant des mots-clés pour essayer de nous impressionner, comme « exorcisme, possession, diable ou vatican », sont souvent les plus… mauvais. Le Dernier Exorcisme, Possédée, Les Dossiers Secrets du Vatican ou encore La Proie du Diable… en sont quelques exemples. Alors forcément, avec un titre comme L’Exorciste du Vatican, je m’attendais évidemment à un film médiocre… Et ça n’a pas loupé.
Je cherche à me rassurer en me disant que Russell Crowe a probablement accepté ce film pour payer ses taxes (comme le veut la rumeur hollywoodienne « un film pour soi, un film pour les impôts » – du coup, je ne sais pas vraiment où placer Enragé ou Thor – Love and Thunder dans cette équation, mais bon, passons…). Mais une petite voix cynique me dit que l’acteur australien imaginait peut-être pouvoir montrer l’étendu de son coté sombre et faire mieux que son interprétation de Dr Jekyll et Mister Hyde dans le film La Momie, après que le Monster Universe d’Universal Pictures ait fait un flop. Bref, voici le légendaire Gladiateur embarqué dans un film d’horreur vaguement inspiré par l’histoire d’un prêtre, Gabriele Amorth, qui aurait été exorciste entre 1986 et 2016. Bien sûr, ça change de tous les autres films inspirés d’histoires vraies qui jalonnent le paysage horrifique (spoiler alert : pas du tout).
Au lieu de rendre l’ensemble plus crédible, le réalisateur Julius Avery (Overlord, Le Samaritain…) se répand dans la caricature la plus amorphe, lorgnant constamment vers les films Constantine de Francis Lawrence, L’Exorcisme d’Emily Rose de Scott Derrickson et les Conjuring de James Wan pour nous faire croire à son récit. En réalité, L’Exorciste du Vatican fait si peu d’efforts pour installer le minimum de tension que j’en viens presque à regretter les artifices les plus basiques comme les jumpscares. Histoire de faire bien cheap, le film se contente de miser sur des décors pauvrets en hantant des caves ou autres sous-sols obscures, des scènes nocturnes ou volontairement sombre, un gamin contorsionniste et un concert de voix caverneuses (naturelle, coté Crowe, trafiquée coté gamin) pour asseoir son ambiance.
Malgré un début intrigant, L’Exorciste du Vatican patauge rapidement dans le ridicule et surtout souffre d’un excès de déjà-vu permanent. Même si je peux accepter le fait que les bases d’un exorcisme dans la vraie vie reste les mêmes et que de nombreux films sur le même thème ont toujours démontré qu’avoir le nom du démon infectieux était une arme permettant de le vaincre, bon sang que c’est pauvre et pitoyable. L’Exorciste du Vatican a beau gesticuler et contorsionner ses personnages dans tous les sens, rien ne fonctionne ni d’apporte le moindre frisson, tant l’ensemble est desservi par une mise en scène fade et déjà obsolète. Et l’italien de Russell Crowe en version originale n’aide absolument pas à ajouter de la crédibilité à un storytelling léthargique.
Au casting, vous l’aurez compris, Russell Crowe (Poker Face, Enragé, Thor – Love and Thunder…) erre dans les décors, traînant une mine patibulaire et du cabotinage à peine voilée pour cachetonner sans vergogne. Autour de lui, un ensemble presque anonyme compte Alex Essoe (Sermons de Minuit, Doctor Sleep…), Daniel Zovatto (Lady Bird, Don’t Breathe…) et Franco Nero (Django, The Lost City of Z…). Kudos tout de même au jeune Peter DeSouza-Feighoney, ça devait pas être évidement de jouer les pantins possédés, ainsi qu’à Ralph Ineson (The Northman, Chernobyl, Ready Player One…) qui a prêté sa voix au démon.
En conclusion, après un prometteur Overlord en 2018, Julius Avery déçoit en refourguant un film horrifique à la cartographie si transparente et dénué d’imagination, que j’ai préféré en rire. Même si le film est basé sur l’histoire d’un prêtre un peu rebelle, L’Exorciste du Vatican se conforme dans une médiocrité pâle, régurgitant des artifices usés et aussi crédibles qu’une attraction à la Foire du Trône. À éviter.