Drame, Sci-fi

[CRITIQUE] Le Règne Animal, de Thomas Cailley

Le pitch : Dans un monde en proie à une vague de mutations qui transforment peu à peu certains humains en animaux, François fait tout pour sauver sa femme, touchée par ce phénomène mystérieux. Alors que la région se peuple de créatures d’un nouveau genre, il embarque Émile, leur fils de 16 ans, dans une quête qui bouleversera à jamais leur existence.

9 ans après Les Combattants et une incursion dans le monde télévisé avec Ad Vitam, Thomas Cailley revient sur grand écran en tant que réalisateur, avec Le Règne Animal, un film de genre ambitieux et original. L’histoire nous immerge dans une réalité fictive où l’humain fait face à des mutations qui le transforme en animal et suit l’épopée d’un père et de son fils, alors qu’ils déménagent dans le sud pour suivre la transformation d’un proche. Derrière le postulat fantastique, Thomas Cailley continue de questionner le genre humain à travers une relation père-fils et une société en pleine évolution.

Dans un monde en plein mouvement, Le Règne Animal rappelle les craintes qu’on a vécu avec la pandémie, entre la peur de l’inconnu, de la maladie et du changement permanent. L’histoire établit des parallèles entre cette crise et l’adolescence, explorant la notion de mutation sous toutes ses facettes tout en nous guidant à travers les tourments de ses personnages. L’ensemble est prenant, neuf et original, proposant un récit accrocheur aux frontières de l’étrange.

Si le cinéma de genre français à moins de moyen que les productions venues d’outre-atlantique, Thomas Cailley fait preuve d’une belle ingéniosité quand il s’agit de mettre en scène ses créatures. Le film mise sur la suggestion pour attiser la curiosité, avant d’utiliser ses décors naturels pour sublimer certaines apparitions. J’ai aimé le coté imparfait qui met paradoxalement en avant le travail somptueux sur le maquillage, les costumes et autres effets visuels. À aucun moment, on ne perçoit le déguisement, tant l’atmosphère du film confère un réalisme prégnant et saisissant.

Thomas Cailley signe un film ambitieux et éblouissant, qui scrute l’âme humaine au milieu d’une mosaïque d’émotions universelles. L’intégration de l’adolescent au cœur de l’intrigue se révèle particulièrement astucieuse, car la métaphore entre la mutation et la puberté gagne en sens au fil de l’histoire. De la crise existentielle à l’acceptation de soi, Le Règne Animal trouve une voie singulière pour explorer la quête identitaire à un moment charnière de l’évolution de son personnage central.

Au casting, justement, c’est donc le jeune Paul Kircher (Le Lycéen, Petite Leçon d’Amour…) qui porte brillamment le film, même si j’ai parfois été désarçonnée par sa diction étrange, qui rappelle l’ »acteur » Estéban. À ses cotés, Romain Duris (Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan, Coupez !, En Attendant Bojangles…) livre une performance solaire, solide et touchante en papa un poil anarchiste. Parmi les autres membres du casting, on retrouve également Adèle Exarchopoulos (Je Verrai Toujours Vos Visages, Fumer Fait Tousser, Les Cinq Diables…), Tom Mercier (La Corde, Ma Nuit…) et Billie Blain (Sparring, La Sainte Famille…), qui apportent leur propre nuance à l’ensemble.

En conclusion, Le Règne Animal met à l’honneur le cinéma français de genre : un peu imparfait, certes, mais souvent éblouissant. Thomas Cailley dissèque le genre humain, dans une dystopie fantastique… et fantastique. À voir.

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