Biopic, Drame

[RATTRAPAGE] Le Cercle des Neiges, de Juan Antonio Bayona

Le pitch : En 1972, un avion uruguayen s’écrase en plein cœur des Andes. Les survivants ne peuvent compter que les uns sur les autres pour réchapper au crash.

Avis express : Un peu plus de dix ans après The Impossible, Juan Antonio Bayona (L’Orphelinat, Quelques Minutes Après Minuit, Jurassic World : Fallen Kingdom…) s’intéresse à un autre fait divers, à travers l’histoire de ce crash d’avion et de ses survivants qui ont vécu près de 72 jours d’enfer dans des conditions terribles. Une histoire vraie et terrifiante qui a déjà fait l’objet d’adaptation au cinéma ou sur petit écran, avec notamment le film Les Survivants de Frank Marshall, sorti en 1993. Derrière le résumé connu et sensationnel « ils ont mangé les cadavres », Le Cercle des Neiges va se détacher de cet aspect dérangeant pour mieux s’attacher aux sorts de ces personnages. Entre survie et culpabilité, Juan Antonio Bayona capte à merveille le dilemme terrible, teinté d’horreur auquel font face les survivants rongés par le froid, la faim et la peur viscérale de mourir sans s’être battus.

De ses débuts joyeux caractérisés par l’attrait d’un voyage entre amis, il n’en reste plus rien au bout de quelques minutes. Le passage au drame est brutalement tranché par la réalisation d’un crash aérien phénoménal. Le Cercle des Neiges nous transpose à l’intérieur de la carcasse et aux cotés de ses personnages. On partage avec eux l’effroi, la peur et ce froid meurtrier qui grignote chaque étincelle d’espoir qui ose s’attarder. Survivre coûte que coûte ou se laisser mourir ? Juan Antonio Bayona évite le glauque et sensationnel avec brio : il ne s’agit pas d’un fiction à la Cannibal Holocaust ou autres films d’épouvante mettant en scène des mangeurs d’hommes ou même des zombies. En réalité, le fait de manger de la viande humaine sera bien moins important que ce qu’il se passe avant et après cette décision loin d’être unanime. Le film est bien plus porté par la volonté de vivre, la culpabilité grandissante et l’angoisse palpable des personnages livrés à eux-même et oubliés du reste du monde. Il faudra cependant avoir le cœur bien accroché pour tenir, car Le Cercle des Neiges est un drame poignant, difficile et surtout porté par un regard admiratif sur ces hommes qui se sont battus, un jour après l’autre, contre une nature bien décidée à les engloutir. On finit même par se demander ce qu’on aurait fait, à leur place…

Récompensé aux derniers Golden Globes, le film fait évidement parti des favoris aux Goyas 2024 et récolte également une nomination aux BAFTA 2024 dans la catégorie Meilleur film en langue étrangère, ainsi que deux nominations aux Oscars 2024 pour Meilleur Film International et Meilleurs Maquillages et Coiffures. Un palmarès bien mérité pour un réalisateur dont on oublie trop souvent son talent de narrateur et son esthétique incroyable (Quelques Minutes Après Minuit fait partie de mes films favoris, même si j’aimerais bien le revoir dans le registre de l’horreur). À voir.

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