Le pitch : Dans une station balnéaire au paysage de carte postale, des clients profitent de leurs vacances dans un cadre idyllique, pris en charge par un personnel des plus agréables et serviables. Très vite, il devient clair que le bonheur apparent et les sourires de façade sont trompeurs.
Créée par Mike White
Avec Murray Bartlett, Connie Britton, Steve Zahn, Alexandra Daddario, Jake Lacy, Jennifer Coolidge, Natasha Rothwell, Sydney Sweeney…
Disponible à la demande sur OCS
Cette nouvelle série d’anthologie a débarqué en catimini cet été sur OCS à raison d’un épisode par semaine et est rapidement devenu mon fil rouge estival. Introduite comme un thriller dès les premières minutes, The White Lotus est en réalité une comédie piquante, voire caustique, qui s’articule autour d’un groupe de personnages, vacanciers ou employés, dans un paysage de rêve. Le cadre idyllique d’un resort hawaïen devient le théâtre aux allures de vaudeville, alors qu’on découvre la semaine tourmentée d’un couple en voyage de noces, d’une famille aisée aux adolescents désabusés et d’une femme solitaire face à un staff dominé par un directeur hanté par ses propres démons et une responsable de spa aux grands rêves.
Si les premières minutes posent une intrigue alléchante, The White Lotus choisit de noyer le poisson pour mieux nous immerger dans toutes les relations conflictuelles qui émergent et évoluent dans chaque épisode. Entre les amours troubles, les regrets et le jugement des uns et des autres, la série brasse de nombreux sujets une légèreté aussi apparente que la bonhommie de façade qu’affichent les personnages. Le cadre paradisiaque se fissure pour laisser deviner des fêlures de chacun, entre paranoïa et addictions, en passant par des trahisons et des déceptions en tout genre, mais tout en gardant un ton satyrique alors que l’écriture se moque de ses personnages et des situations explorées.
L’argent ne fait donc pas le bonheur comme dirait l’autre et The White Lotus s’épanouit dans ce panorama artificiel où le décor de luxe laisse vite place à l’égocentrisme à l’étroit de ses visiteurs qu’ils rendent tout aussi grinçants qu’attachants. La série brille par son écriture excellente qui conjugue habillement l’humour et l’observation sarcastique, parvenant presque à nous faire oublier son point de départ. Finalement, le mystère initial passe au second plan alors que j’ai pris plaisir à découvrir cette chorale de caractères tous aussi ambivalents les uns que les autres, jusqu’à une conclusion qui résonne comme un passage inévitable dans cette farandole peu flatteuse et pourtant jubilatoire.
Au casting, du beau monde : Connie Britton (Promising Young Woman, Scandale, Dirty John…) semble reprendre une autre variation de son personnage dans Dirty John en moins vaporeux, aux cotés d’un Steve Zahn (Captain Fantastic, Tall Girl…) excellent en paternel paumé dans sa masculinité. Alexandra Daddario (Why Women Kill, Baywatch…) gagne en substance avec un personnage accessible qui se questionne sur son nouveau statut, tandis que Jake Lacy (Rampage, I’m Dying Up Here…) incarne à merveille le gosse de riche arrogant. On retrouve également un Murray Bartlett (Looking, Iron Fist…) excellent qui orchestre tout ce bon monde, tandis que Natasha Rothwell (Insecure, Love, Victor…) et Jennifer Coolidge (2 Broke Girls, Lady Business…) nous offre un duo à la fois attachant et déchirant. Enfin, Brittany O’Grady (Black Christmas…), Sydney Sweeney (Euphoria, Nocturne…) et Fred Hechinger (Fear Street, La Femme à la Fenêtre…) offrent un portrait générationnel cinglant, à la recherche d’une authenticité et de sens entaché par leurs privilèges.
En conclusion, The White Lotus donne parfois l’impression d’observer un zoo sociologique tant la série permet de scruter la psyché de ces personnages à travers le spectre du luxe et des apparences. Drôle, caustique et porté par un casting brillant, The White Lotus n’a peut-être pas un ton accessible à tous mais mérite largement le détour… Et une saison 2 !