
Le pitch : Josh et Iris semblent incarner le couple parfait. Mais lors d’un week-end entre amis qui vire au drame, un secret bien gardé fait tout basculer…
Avec son premier film Companion, Drew Hancock signe une comédie d’horreur aussi décalée qu’accrocheuse – même si elle semble tout droit tirée de l’intrigue du “Buffybot” dans Buffy Contre les Vampires (saison 5). Le film aurait pu s’enliser dans les clichés du survival : une maison paumée au milieu de nulle part, un week-end entre potes qui tourne mal, et des cadavres qui s’empilent… Mais non, le réalisateur détourne habilement le déjà-vu/déjà-fait, grâce à une photographie romantique et diurne, qui contraste avec ses ambitions sombres et la bonne dose d’humour noir et d’hémoglobine.

C’est vrai, la bande-annonce spoile le twist principal, ce qui gâche un peu l’effet de surprise (même s’il est révélé assez tôt dans le film). Mais rassurez-vous, Companion a plus d’un tour dans son sac et réussit à garder l’intrigue vivante avec des rebondissements bien dosés et un propos inattendu. D’ailleurs, que vous ayez vu ou pas la bande-annonce, le film de Drew Hancock séduit par son cadre moderne et une écriture affûtée par certaines répliques au double-sens qui se dévoile en seconde partie. Alors que ce weekend entre amis se délite tranquillement avec une petite tension naissante en sous-sol, Companion prend une tournure radicale lorsqu’un incident vient troubler la tranquilité apparente.

Loin d’être un film d’horreur pur jus – ici, pas de jumpscares ou d’angoisse viscérale – Companion préfère jouer la carte de la comédie corrosive. Et derrière son vernis de survival teinté de vengeance, le film gratte là où ça fait un peu mal : l’humanité et ses failles vs l’intelligence artificielle qui nous guette. Sans être moralisateur ni sérieux, il pointe du doigt cette capacité qu’a l’homme à écraser tout sur son passage pour obtenir ce qu’il veut, surtout s’il s’agit d’une femme. C’est subtil mais suffisant et assez bien amené pour que le message passe, avec ce qu’il faut de piquant.

Companion tire son épingle du jeu en jonglant avec les codes de l’horreur et de la comédie noire, pour finalement dessiner l’émancipation de son personnage principale. En effet, le prétexte choisit derrière cette relation amoureuse observée à la loupe vient égratigner l’image du couple hétéronormé et le besoin de contrôle sur l’autre. Résultat, le film de Drew Hancock est porté par une tonalité moderne, qui dépoussière le cliché de la bande de potes perdue en forêt, pour partir sur une traque trépidante.
Visuellement, le film joue la carte d’une photographie romantique, avec une prise de vue diurne et presque bucolique, qui détonne avec les événements sanglants qui s’y déroulent. Ce choix esthétique, à la fois léger et décalé, donne une identité visuelle forte au film, presque apaisante par moments, avant que le chaos ne reprenne ses droits.

Au casting, on secoue tous les jeunes acteurs qui ont joué dans des films ou comédies d’horreur récemment et on choisit à l’aveugle. Ainsi, Sophie Thatcher (Heretic, MaXXXine, Le Croque-Mitaine…) continue sa trajectoire, aux cotés d’un Jack Quaid (Scream, Spider-Man: Across The Spider-Verse, Oppenheimer…) qu’on aime détester, tandis que Lukas Gage (Smile 2, Road House, Dead Boy Detectives…) et Megan Suri (Inside, Mes Premières Fois…) ferment ce quatuor d’amateurs du genre. À l’affiche également, Harvey Guillén (What We Do In The Shadows, Blue Beetle…) et Rupert Friend (Anatomie d’un Scandale, L’ombre d’Emily…) complètent ce huis-clos “amical”.
Au final, Companion est une comédie noire gentiment provocante, qui ne prétend jamais être plus qu’elle n’est. Fun, sarcastique et efficace, elle se laisse savourer malgré une campagne marketing un peu maladroite. Et si la peur du jour où I, Robot ou Real Humans ne seront plus de la science-fiction vous titille, ce film vous donnera peut-être une raison supplémentaire de vous méfier. À voir !

