Épouvante-horreur

[CRITIQUE] The Monkey, de Osgood “Oz” Perkins

Le pitch : Lorsque Bill et Hal, des jumeaux, trouvent dans le grenier un vieux jouet ayant appartenu à leur père, une série de morts atroces commence à se produire autour d’eux…

À peine un an après Longlegs, Osgood “Oz” Perkins revient avec un nouveau film d’horreur, joyeusement intitulé The Monkey. Adapté à partir d’une nouvelle écrite par Stephen King en 1980 et produit, en partie, par Atomic Monster – la société de production de James Wan, The Monkey a tous les atouts pour attirer le chaland facilement impressionnable par des gros noms imprimés en caractère gras sur une affiche.
Sauf que la nouvelle est au roman ce que le court-métrage est au long-métrage : une histoire qui tient bien dans un format court, avec juste ce qu’il faut d’infos pour créer une tension et une résolution rapide. Un premier film, Le Singe du Diable réalisé par Kenneth J. Berton, a été réalisé en 1984, sans reconnaître qu’il était tiré des travaux de Stephen King, The Monkey est donc là pour remettre les pendules à l’heure.

Une chose est sûre, c’est que le film d’Osgood Perkins ne passe pas par quatre chemins. Guidé par une narration envahissante en voix off (un artifice on ne peut plus flemmard pour pallier un scénario qui tient sur un post-it, au passage), The Monkey prend son temps pour s’installer à travers une première partie à la tendance gore explicite qui, loin de chercher à expliquer l’origine du jouet maléfique, va plutôt prendre à malin plaisir à faire dans le démonstratif. Dans un premier temps, le film amuse par son approche cynique, faisant des images un peu gore son pendant comique qui s’inscrit facilement dans la lignée des comédies d’horreur qui fonctionnent bien au cinéma. Mais il ne faudra pas longtemps pour réaliser qu’il s’agit là du seul atout surprise du film, tandis que l’intrigue s’enlise à travers des interactions creuses et des dialogues écrits avec les pieds (je mets d’ailleurs au défi à quiconque de compter le nombre de fois où le personnage principal s’écrit « Jesus Christ ! » en cours de route). En plus de proposer une tambouille horrifique qui se complait dans une imagerie sanglante mais sans intérêt, The Monkey est en plus pénalisé par une écriture régressive et plutôt ringarde, infusant ça et là de l’humour de stoner qui ne colle jamais avec l’ensemble.

Ultra bavard, The Monkey ne cesse de se raconter plutôt que de se développer, introduisant des personnages pour mieux les sacrifier la séquence suivante dans des mises en scènes qui se veulent spectaculaires. Sauf qu’une fois la surprise passée, l’intention provocatrice finit par tomber à plat et à la énième éclaboussure de cervelle, The Monkey n’amuse plus. Dans sa volonté de marquer les esprits dès le départ, Osgood Perkins a abattu ses meilleures cartes bien trop tôt et le reste du film patauge dans un récit où la narration prend bien trop de distances avec les évènements du films. Résultat, sans comprendre d’où vient le jouet ni les intentions de ses personnages névrosés, The Monkey s’étire en longueurs et met de coté une rivalité fraternelle qu’on n’observe qu’à sens unique, ce qui n’aide pas à s’y intéresser.
Trop occupé à se demander comment transformer ses personnages en chair à pâtée, Osgood Perkins passe à coté du principal : pour qu’un film (peu importe le genre) fonctionne, il faut pouvoir nous attacher aux personnages. Ici, The Monkey est bien plus excité par son jouet lugubre qui arrive après des dizaines d’itérations de jouets maléfiques au cinéma, sans lui donner quoique ce soit pour le démarquer – en dehors d’une absence totale de légende.

Au final, The Monkey prouve qu’un film peut être adapté et/ou produit par un grand nom de l’horreur, cela ne signifie pas que le succès est à la clé. Entre une moitié de jumeau qui joue les victimes pendant plus d’une heure, un jouet filmé sous tous les angles et une galerie de seconds rôles écharpés à l’écran, Osgood Perkins livre un film sans âme ni ambition, qui ne fait que proposer une succession de boucherie gratos et pathétiquement prévisible.
Classé R au US, The Monkey décroche à peine une interdiction au moins de 12 ans en France, donc si vous avez déjà vu et revu tous les Saw, Destination Finale ou autre Terrifier, autant vous dire que ce film est bien inoffensif et décevant.

Au casting, on s’ennuie ferme : si la voix de Theo James (The Gentlemen, The White Lotus…) hante le film dès les premières minutes, c’est le jeune Christian Convery (Sweet Tooth, Crazy Bear…) qui incarnera les jumeaux adolescents, avant de laisser sa place. Autour d’eux, une galerie de seconds rôles viendra (ou pas) se faire éclater la cervelle, se faire éventrer, découper, écrabouiller et autres joyeusetés. Parmi eux, on notera la présence de Tatiana Maslany (She Hulk, Destroyer…), Rohan Campbell (Halloween Ends, Virgin River…), Adam Scott (Severance, Madame Web…) ou encore Elijah Wood (YellowJackets, The Toxic Avenger…), tandis que le réalisateur s’offrira une apparition également. Bref, beaucoup de monde pour pas grand chose.

En conclusion, alors que Longlegs parvenait à créer un univers mystique et mystérieux, Osgood Perkins continue de proposer une réalisation qui manque de profondeur et d’ambition. The Monkey mise tout sur l’hémoglobine, mais oublie d’insuffler la moindre âme à son récit. Un spectacle à peine gore mais sans saveur, vite vu, vite oublié. À tenter.

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