Épouvante-horreur

[CRITIQUE] Halloween Ends, de David Gordon Green

Le pitch : Quatre ans après les événements d’Halloween Kills, Laurie vit désormais avec sa petite-fille Allyson et achève d’écrire ses mémoires. Michael Myers ne s’est pas manifesté ces derniers temps. Après avoir laissé l’ombre de Michael planer sur le cours de son existence pendant des décennies, elle a enfin décidé de s’affranchir de la peur et de la colère et de se tourner vers la vie. Mais lorsqu’un jeune homme, Corey Cunningham, est accusé d’avoir assassiné un garçon qu’il gardait, Laurie devra affronter une dernière fois les forces maléfiques qui lui échappent, dans un déferlement de violence et de terreur…

Un an après un mitigé Halloween Kills, David Gordon Green termine sa trilogie qui ressuscitait l’increvable (?) mais culte Michael Myers face à son proie favorite, Laurie Strode, incarnée par Jamie Lee Curtis. Entre retrouvailles difficilement justifiables (en dehors de l’appel du dollar) avec d’anciens personnages du film original et une storyline décousue, le film précédent donnait l’impression d’être un chapitre de remplissage pour capitaliser sur une trilogie déjà annoncée, mettant carrément l’héroïne hors de portée de la fameuse Silhouette pendant une bonne partie du film. Même si le but était de sacraliser une bonne fois pour toutes le statut de croquemitaine de Michael Myers, sensé cristalliser le règne de terreur qu’il a fait subir à une ville entière pendant plusieurs décennies, Halloween Kills passait à coté du face-à-face attendu et transformait le tueur en gimmick répétitif de moins en moins efficace.

C’est donc refroidie que j’ai accueilli cet opus final… Et j’ai bien fait, car en attendant pas grand chose, il est plus simple de ne pas être déçu (même si ce n’est pas impossible). Avec Halloween Ends, David Gordon Green conclue sa trilogie en tentant de réinventer son croquemitaine à partir des codes instaurés par ses deux précédents films. L’intrigue installe un passage de flambeau inefficace et très peu subtil à travers la présentation d’un nouveau personnage torturé, que Laurie Strode va tenter de prendre sous son aile. Le film cherche alors à nous embarquer dans les conséquences de la mémoire collective d’une ville chahutée par l’ombre d’un tueur en série disparu et prompte à désigner un nouveau monstre au moindre méfait. Une idée intéressante qui aurait pu tenir la route si le film en cours n’était pas estampillé « Halloween ».
Alors que le film précédent souligne l’impossibilité de tuer la figure maléfique qu’est devenue Michael Myers, dans Halloween Ends, les cartes sont rebattues, ni vu ni connu. La fameuse Silhouette habituellement effrayante est desservie par un copycat débarqué comme un cheveu sur la soupe, dont l’origin story téléphonée manque cruellement de finesse. Déjà que la crédibilité du tueur au masque faiblit de film en film à force d’en faire un ennemi presque indestructible (qui a largement passé la soixantaine au passage), il faut en plus s’intéresser à un nouveau personnage qui sort de nulle part et dont la transformation est à la limite du risible.

À la manière du récent Candyman, David Gordon Green cherche à tisser son intrigue sur l’incarnation faite homme du mal qui ronge la ville où évoluent nos personnages, qu’ils soient véritablement mauvais ou victimes de mauvaises circonstances. Cependant, là où Nia DaCosta s’appuyait déjà sur une légende urbaine déjà pré-existante dans la diégèse initiale, Halloween Ends est la résultante fanée d’une figure horrifique qui a été remaniée beaucoup trop de fois au cinéma. Si bien qu’en véritié, le simple fait d’avoir un bonhomme masqué qui tue des gens au couteau la nuit avait suffi à pérenniser le culte de Michael Myers. Avait-on besoin d’aller plus loin ? J’en doute.
Là où Wes Craven avait su analyser ses propres films tout en créant de nouveaux opus (la saga Scream, notamment Scream 2 et Scream 4), virant souvent au méta mais avec intelligence, David Gordon Green n’a pas réussi à me faire croire en sa vision du croquemitaine, ni à cette forme de passation du mal à travers les générations. Et ce n’est pas la réalisation qui va rehausser l’ensemble : les meurtres au couteau n’ont plus aucune saveur, on y croit plus (et surtout pas à cette superlame qui accroche les gens au mur), tandis que les jumpscares sont navrants d’improbabilité. Si le gap des quatre années passées n’était pas déjà un red flag, David Gordon Green contorsionne son scénario pour arriver à ses fins, avec à peine plus d’inventivité qu’une expression écrite rédigée par un lycéen. Dommage pour la probable dernière performance de Jamie Lee Curtis en Laurie Strode, qui se retrouve cantonnée dans un rôle fantomesque, jouant de la voix off pour exprimer des émotions qui ne parviennent jamais à filter à travers l’écran.
C’est d’autant plus dommage car le Halloween sorti en 2018 avait réussi à raviver le slasher culte.

Au casting : évidemment, Jamie Lee Curtis (Everything Everywhere All At Once, À Couteaux Tirés, Scream Queens…) rempile à nouveau, son personnage étant potentiellement aussi increvable que son ennemi, aux cotés d’une Andi Matichak (The Son…) bien plus crédible maintenant qu’elle ne joue plus les lycéennes. Rohan Campbell (Snowpiercer, iZombie, The 100…) a la lourde tâche de camper un nouveau personnage intriguant, tandis que le film réuni à nouveau Kyle Richards et Will Patton. Si James Jude Courtney (Halloween, Halloween Kills…) reprend à nouveau le rôle de Michael Myers, Nick Castle vient faire un rapide caméo dans le film.

En conclusion, David Gordon Green livre le point final d’une trilogie en soins palliatifs depuis le deuxième film. L’aura du film culte de John Carpenter ne suffira pas à relever ce Halloween Ends indigeste et sans âme, qui cherche bien plus à laisser une porte ouverte pour un possible remoot (et non reboot) de la saga. En attendant un éventuel « Halloween – l’héritage », restez chez vous : le film étant  sorti en simultané sur la plateforme américaine Peacock, je vous laisse deviner la suite. À tester.

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