Le pitch : La détective du LAPD Erin Bell a jadis infiltré un gang du désert californien, ce qui a eu de conséquences dramatiques. Lorsque le chef de la bande réapparaît, elle doit fouiller dans le passé pour se défaire de ses démons.
Réalisatrice américaine touche-à-tout mais toutefois discrète, Karyn Kusama a vécu ses premiers succès grâce au festival Sundance avec son premier film Girlfight en 2010, avant de racler le fond du médiocre avec le très mauvais Aeon Flux, cinq ans plus tard. En 2009, elle propose Jennifer’s Body, un teen-horror movie plutôt sympathique malgré son actrice principale, avant de livrer un film Netflix inintéressant au possible, The Invitation. Avec Destroyer, Karyn Kusama avait de quoi mettre de l’eau à la bouche, surtout en décrochant Nicole Kidman pour le rôle principal. À travers un personnage désabusé, alcoolique et perturbé par son passé, Destroyer tente de conter l’histoire d’une femme dont la vie de policier a basculé après qu’elle ait infiltré un gang de braqueurs.
Très rapidement, le caractère alléchant de Destroyer s’effrite à vue d’oeil. L’héroïne en elle-même est une sorte de caricature forcée, sur-maquillée et flanquée d’une perruque imbitable tandis que l’actrice oscarisée s’efforce de donner vie à un personnage éteint, sensé être alcoolique sans jamais (ou presque) toucher à un seul verre, dort sans sa voiture sans jamais se laver et, a priori, sujet à une extinction de voix permanente qui l’oblige à grommeler d’un ton caverneux tout au long du film. Vampirisant l’intégralité du film, Destroyer capitalise à fond sur la performance de l’actrice et abandonne au passage une histoire qui finit par ressembler à une vaste blague.
Les souvenirs d’infiltrations révèlent un gang de braqueurs du dimanche / white trash à peine assumés, leadés par un bad guy au charisme inexistant, à travers une mise en scène souvent risible entre effets de style ratés et dialogues d’une platitude effarante. Le film se complaît dans ses flashbacks grotesques et un présent nébuleux, si bien que lorsque l’intrigue révèle son twist, c’est pour servir une romance pathétique, noyée dans un ensemble surfait et surtout creux. Destroyer cherche désespérément à créer de la noirceur et de la rage à travers un personnage qui broye plus de noir que Batman en personne, qui se fait plus souvent renvoyer dans les cordes qu’autre chose, cherchant mollement à choquer avec des scènes de branlette gênantes ou des sessions de tabassages gratuites (mais bienveillantes, puisque les méchants l’invitent quand même à aller se rafraîchir aux toilettes quand elle vomit ses tripes. C’est gentil, quand même).
Quand le passé rattrape l’héroïne, Destroyer tente vaguement de creuser le présent de cette femme qui ne prend plus soin de rien, en dehors d’une relation bancale avec sa fille adolescente et rebelle. Les quelques efforts ne font jamais mouche : l’ensemble des personnages qui gravitent autour de celui de Nicole Kidman ne sont jamais véritablement installés. Du coup, le lien entre le passé et le présent ne tient jamais en haleine, on subit le film plus qu’on ne le suit… avec beaucoup de dépit, au passage. Karyn Kusama étire un récit mollasson qui aurait quand même plus fonctionné si la réalisatrice ne s’était pas contenter d’observer à la loupe une Nicole Kidman poussée à bout. Je suis passée totalement à coté de ce thriller mort-né aux ressorts prévisibles et aux twists finaux aussi vivaces qu’une série d’encéphalogrammes plats, tant la réalisation en elle-même choisit le contemplatif au profit d’un sens quelconque de rythme ou de narration. Malgré les avertissements avant le visionnage du film, rien ne prépare à la brutalité de Destroyer : ce film est brutalement chiant, n’ayons pas peur des mots. De la mise en scène à la performance, en passant par l’écriture et le maquillage, j’ai eu l’impression de voir une candidature volontaire à tous les Razzies awards possibles !
Au casting, c’est donc Nicole Kidman (Aquaman, Les Proies, Lion…) et son look clownesque qui vampirise le film, entre une performance à peine correcte et ampoulée par une écriture pantouflarde. Autour d’elle, une cohorte d’acteurs généralement corrects portent des personnages navrants : Toby Kebbell (Hurricane, Kong: Skull Island, Les 4 Fantastiques…) est le gros méchant pour une raison encore obscure – ha si, c’est un meurtrier… -, Sebastian Stan (Avengers: Infinity War, Moi, Tonya…) est… là, voilà, et Tatiana Maslany (Stronger, Orphan Black…) fait des apparitions moyennes. Tous passent par la case maquillage à la truelle, évidemment.
En conclusion, Karyn Kusama livre un film policier ou un thriller raté, qu’on essaie de nous vendre parce que Nicole Kidman à l’apparence d’une clocharde et la vivacité d’un poulpe. On a franchement vu mieux dans le genre. À éviter.
Moi qui voulais le voir, j’ai bien fait de te lire… 😉
C’est une sacrée douche froide 😦