
Le pitch : Lilian Steiner est une psychiatre reconnue. Quand elle apprend la mort de l’une de ses patientes, elle se persuade qu’il s’agit d’un meurtre. Troublée, elle décide de mener son enquête.
Après le cagolesque Une Fille Facile (2019) et le solide Les Enfants des Autres (2022), Rebecca Zlotowski tente ici un pas de côté en s’attaquant au thriller psychologique. Porté par un joli parcours en festivals et surtout par la présence prestigieuse de Jodie Foster en tête d’affiche, Vie Privée intrigue immédiatement et annonce un passage assumé dans la cour des grands.

Difficile d’ailleurs de ne pas sourire devant les coïncidences : la réalisatrice retrouve Virginie Efira, tandis que l’intrigue évoque immanquablement le troublant Sybil de Justine Triet, où l’actrice incarnait déjà une psychologue confrontée à la vie tourmentée d’une patiente. Ici, Vie Privée suit une psychiatre bouleversée par le suicide brutal de l’une de ses patientes. Un choc qui fissure le cadre méthodique et presque clinique de son quotidien. Pour reprendre la main, une seule solution : enquêter. Ce chemin l’entraîne alors entre secrets de famille et zones troubles de sa propre histoire.
Sur le plan formel, Rebecca Zlotowski progresse nettement. Sa mise en scène se fait plus soignée, plus lisible, surtout moins superficielle. Loin est le temps de la contemplation un peu vaine de la plastique d’une bimbo : Vie Privée se déploie avec élégance, du cabinet parisien épuré aux face-à-face tendus entre anciens amants. Le film s’ouvre, doucement, comme une fleur.
Mais malgré ces efforts évidents, Vie Privée finit par me perdre en cours de route. Trop d’allers-retours, trop de personnages qui gravitent inutilement (l’ex-patient en quête de remboursement, la relation avec le fils…) et des révélations qui tombent sans véritable impact. L’intrigue se disperse dans des intentions multiples, là où le dilemme intérieur de l’héroïne, déchirée entre émotions refoulées et rationalité clinique, semblait amplement suffisant. Rebecca Zlotowski peine à trouver le bon rythme, hésite entre humour et opacité, et finit par s’emmêler dans son propre labyrinthe narratif. Résultat, Vie Privée fait l’effet d’un puzzle désaccordé, jamais assez sérieux, jamais vraiment drôle, qui m’a peu à peu fait perdre l’envie d’en comprendre les règles.

S’il fallait retenir un atout majeur, ce serait sans conteste la présence de Jodie Foster (Money Monster, True Detective, Désigné Coupable…). Sa classe internationale, sobre et naturelle, apporte au film une aura particulière, doublée de l’admiration qu’elle suscite. Même en la sachant parfaitement bilingue, la voir évoluer avec une telle aisance dans un film en français reste fascinant, et donne au projet une dimension qu’un casting entièrement francophone n’aurait sans doute pas eue.
Au casting et à ses côtés, le duo qu’elle forme avec Daniel Auteuil (Le Fil, Adieu Monsieur Haffmann, La Belle Époque…) fonctionne plutôt bien (même si je me serais volontiers passée d’une certaine scène de baiser 🤢). Autour d’eux, Mathieu Amalric (La Voie Du Serpent, Une Année Difficile…) et Luàna Bajrami (Coupez !, L’Événement…) se répondent, tandis que Virginie Efira (L’Amour et les Forêts, Rien à Perdre…) joue les absentes. Parmi les personnages superflus, Vincent Lacoste (Merteuil, L’Amour Ouf…) surprend par son sérieux, pendant que Noam Morgenszten (Le Consentement, Paternel…) ou encore Sophie Guillemin (Jouer Avec Le Feu, Quand Vient L’Automne…) tentent d’apporter un peu de légèreté. Si l’ensemble du casting est solide, je reste dubitative sur la réelle valeur ajoutée de certains rôles dans une intrigue qui aurait clairement gagné à rester plus resserrée.
En conclusion, avec Vie Privée, Rebecca Zlotowski ambitionne un thriller psychologique élégant mais se perd dans ses multiples intentions. Jodie Foster sauve un ensemble séduisant sur le papier, mais trop confus pour pleinement convaincre. À tenter.

