Si le parallèle entre la grossesse et la possession démoniaque était osé, il devient assez percutant dans The Baby. À mi-chemin entre le found-footage et le docu-fiction, Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett réalisent un film assez scolaire et mollasson, malgré un scénario simple et tangible. Malheureusement, The Baby a beau rassembler tous les codes du film d’épouvante, le film est totalement desservi par un montage final aux coupes agressives et des stratagèmes (jumpscares) beaucoup trop prévisibles. Le trouillomètre ne décolle jamais devant l’absence d’ambition du film, malgré une ambiance initialement prometteuse. Dommage…
Le pitch : Suite à une soirée bien arrosée lors de leur lune de miel, deux jeunes mariés doivent gérer une grossesse survenue plus tôt que prévu. Alors que le futur père choisit d’immortaliser les neuf mois à venir en filmant sa femme, il découvre que celle-ci adopte un comportement de plus en plus inquiétant, témoignant de changements profonds aux origines à la fois mystérieuses et sinistres…
Depuis Rosemary’s Baby de Roman Polanski (1968), rares sont les films sur les grossesses démoniaques qui ont réussi à faire recette au cinéma. En fait, on préfère plus souvent voir le fruit du mal au visage innocent s’amuser à trucider son entourage avec le sourire (The Omen, Joshua, Le village des damnés…). Les deux réalisateurs de The Baby ont donc eu une bonne idée en choisissant de centrer le film autour de la grossesse et si on ne peut s’empêcher, à première vue, de penser au film culte de Polanski, le traitement ici est tout autre.
Inspiré par le found-footage, toute la première partie est traitée uniquement à travers le point de vue du mari, qui ne réalise pas tout de suite que les changements que subit sa jeune épouse ne sont pas tout à fait normaux. Du coup, même avec beaucoup d’indulgence devant la mise en scène fragile et peu créative, The Baby met du temps à entrer dans le vif du sujet et comble le manque de réactions logiques par des effets stériles et/ou téléphonés, rarement efficaces. Si on apprécie le mélange entre les effets secondaires de la grossesse et la possession démoniaque, ainsi que la bonhomie des personnages principaux, The Baby a la fâcheuse habitude de sauter hâtivement d’une scène à l’autre, anéantissant ainsi toute tentative de créer une quelconque tension.
De plus, en plein milieu du film, les réalisateurs décident de changer de tactique et d’intégrer des prises de vues supplémentaires à travers des caméras de surveillances à l’intérieur de la maison, de manière très incongrue et déstabilisante. Une idée qui aurait pu être géniale, si elle avait été exploitée jusqu’au bout. Finalement, la seule scène qui vaut véritablement le détour se déroule en extérieur, puisque dans la maison, on y voit rien. Toutes les scènes potentiellement flippantes sont édulcorées, voire éludées, et The Baby nous laisse carrément sur notre faim. Au-delà de l’absence de frayeur, le film éparpille des morceaux d’informations vaguement liées à une secte occulte, sans jamais expliquer le fond du film et en se terminant avec une fin assez bâclée et expéditive.
Frustrant et décevant, The Baby frôle l’amateurisme, faisant passer des films tels que Paranormal Activity pour des chefs d’œuvres du genre. Le plus navrant, c’est que le film avait vraiment de bonnes idées et un scénario certes simple mais largement exploitable, pourtant les réalisateurs se contentent de mettre en scène leur film sans relief ni émotion. Résultat, au lieu de faire peur, The Baby a tendance à faire sourire devant ses effets maladroits et plats, qui ne devraient pas empêcher grand monde de dormir. D’ailleurs, on finirait même par se demander si les réalisateurs n’auraient pas une légère dent contre l’Europe, notamment à cause du symbole maléfique qui ressemble étrangement celui de l’Euro (voir sur l’affiche) ou tout simplement à cause de la scène finale !
Coté acteurs, Zach Gilford (Le Dernier Rempart, prochainement dans American Nightmare 2) a la lourde tâche de porter le film sur ses épaules et, malgré ses efforts, son jeu n’est pas très convaincant. Attachante au début, Allison Miller (17 ans encore, Blood: The Last Vampire…) devient complètement obsolète dès les premières manifestations anormales de son bébé et ne sert finalement que de poupée désincarnée, ne s’animant que pour manger de la viande crue ou ouvrir de grands yeux écarquillés.
En conclusion, The Baby fait partie de cette nouvelle génération de films d’épouvantes qui confondent lenteur et suspens, ainsi que frayeur et jumpscares bruyants. Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett livrent un premier film criblé de défauts et sans aucun relief, où les bonnes idées sont tous simplement tuées dans l’œuf (haha) à cause d’une mise en scène scolaire, souvent grotesque et surtout paresseuse. Amateurs de films d’horreur, passez votre chemin (et évitez les taxis !).


