Épouvante-horreur

[CRITIQUE] Conjuring 2 : Le Cas Enfield, de James Wan

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Probablement LE film d’horreur attendu de l’année, Conjuring 2 : Le Cas Enfield était attendu au tournant après un premier opus très réjouissant. James Wan ne déçoit pas avec un nouveau volet de Conjuring, dévoilant une histoire à la trame novatrice et une nette amélioration dans la maîtrise de ses effets. Angoissant, stressant et souvent carrément flippant, Conjuring 2 : Le Cas Enfield allie une tension permanente à des jumpscares soignés dans un contexte à la fois captivant et intéressant, puisque le film met en opposition la logique scientifique et les phénomènes paranormaux. Alors que le premier opus perdait en qualité dans les dernières minutes en cédant à une conclusion peu originale, James Wan nous emmène d’un bout à l’autre du film, dans un état fébrile savamment entretenu par ses soins. Et oui, j’ai eu peur 😀

Le pitch : Une nouvelle histoire vraie issue des dossiers d’Ed et Lorraine Warren : l’une de leurs enquêtes les plus traumatisantes. Lorraine et Ed Warren se rendent dans le nord de Londres pour venir en aide à une mère qui élève seule ses quatre enfants dans une maison hantée par des esprits maléfiques. Il s’agira d’une de leurs enquêtes paranormales les plus terrifiantes…

Si vous lisez mes critiques de films d’horreur ou épouvante sur ce blog, je suis souvent entrain de me lamenter : « ha les films d’horreur c’est fini », « trop de jumpscares », « plus personne ne sait utiliser le suspens », « y en a marre des found-footage sans ambition », « y a plus de saisons ! »… et parfois je me console avec des films moyens en me disant que ça pourrait plaire à un public plus sensible (ma façon de dire pour les plus chochottes sans vexer personne, n’est-ce pas). Puis rarement, il y a eu quelques films récents qui m’ont vraiment marqué, comme le dérangeant It Follows de Robert David Mitchell ou l’envoûtant Crimson Peak de Guillermo Del Toro, et bien sûr les petits succès qu’ont été Insidious 2 et Conjuring : Les Dossiers Warren de James Wan.

Donner une suite à Conjuring était un pari risqué, déjà parce qu’il faut éviter la redite (ce qui est trop souvent le cas, surtout dans le cinéma d’horreur), ensuite parce que le spin-off Annabelle n’était pas vraiment convaincant car trop fait à la hâte et enfin parce qu’en dehors d’Insidious 2, il y a eu peu d’exemple de réussite et/ou amélioration parmi les suites de films d’horreur. Mais là, la foi en ce projet repose sur un seul nom : celui de James Wan, aka le jeune réalisateur qui, mine de rien, n’a commis aucun faux pas jusqu’ici. Du premier film Saw en 2003 (à l’origine un thriller remarquable avant que la saga ne le transforme en premier opus d’une heptalogie gore) au dernier Fast and Furious 7, qui avait en plus la lourde de tâche de devoir gérer la mort de Paul Walker en court de route, en passant par l’affûté Death Sentence, James Wan est à la tête d’une filmographie qui s’étoffe petit à petit. De là à dire qu’il réussira à faire un excellent Aquaman pour le DC Universe de Warner Bros, on peut déjà placer les paris.

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Revenons à nos moutons et parlons de Conjuring 2 : Le Cas Enfield.
Dès les premières minutes, le film installe une atmosphère angoissante avec une introduction similaire à celle du premier opus, qui va s’épaissir tout au long du film, enfermant le spectateur dans une expectative constante, à l’affût du moindre détail plus ou moins flippant. Si Conjuring 2 : Le Cas Enfield est une suite, c’est pourtant un film bien différent que propose James Wan qui va, cette fois, utiliser les événements du premier Conjuring pour questionner la légitimité de ses héros, le couple Warren, et surtout la crédibilité des phénomènes paranormaux. Une idée qui apporte un peu d’originalité dans la trame, en plus de créer des moments de respirations (un peu traîtres mais salutaires) avant de sombrer à nouveau dans l’horreur.
En effet, le film a tendance à dessiner trois parties distinctes en commençant par le fameux cas Enfield, ou l’histoire de cette famille aux prises avec une présence sournoise qui se manifeste dans des scènes angoissantes et – cas rare – pas uniquement la nuit. Entre jumpscares (effets de sursaut) et une ambiance stressante aussi bien motivée par l’appréhension du spectateur que par le film; Conjuring 2 : Le Cas Enfield entretient un suspens réjouissant qui joue habilement avec nos nerfs pour maintenir le public constamment sur la brèche. Préparez-vous à hurler et/ou munissez-vous d’un camarade de jeu solide pour affronter le film, car James Wan a su innover dans son traitement qui se révèle bien moins amateur que certains autres films du même acabit.

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Concrètement, Conjuring 2 : Le Cas Enfield fiche la frousse, surtout parce que ses personnages hantés sont des enfants… Et qui n’a jamais eu peur du noir ou de voir un monstre surgir la nuit ? James Wan s’adresse habilement à nos terreurs infantiles pour tisser une trame prenante qui s’intensifie de minutes en minutes. Mais cette fois, plutôt que de jouer la carte de l’horreur jusqu’au bout, Conjuring 2 : Le Cas Enfield prend au dépourvu en court de route. Certes, le film accuse un creux au milieu, tandis que les protagonistes tentent de démêler le vrai du faux en mettant en opposition le paranormal et la logique terre-à-terre (à l’instar du film L’Exorcisme d’Emily Rose, de Scott Derrickson). Un choix intéressant, mais qui a tendance à faire redescendre la pression… Ou plutôt une tactique ingénieuse pour mettre le spectateur en confiance, avant de repartir de plus belle ?
Là où beaucoup trop de films d’horreur se reposent sur la facilité en proposant des constructions similaires (mise en place, jumpscares, jumpscares, conclusion bâclée autour d’un exorcisme…), Conjuring 2 : Le Cas Enfield propose de la nouveauté rafraîchissante, fleurant bon la maîtrise des codes horrifiques, du traitement à la mise en scène mise en valeur par une photographie suffisamment sombre, mais pas trop pour les plus curieux, et surtout grâce à une attention sur les décors qui font de la maison anglaise, un véritable antre du cauchemar. En effet, là où beaucoup de films se reposent sur des cadres attendus : la cabane dans les bois, la grande maison ancienne perdue dans la pampa, Conjuring 2 – Le Cas Enfield choisit une maison simplette située en pleine ville. Du coup, le coté « normal » de la maison fait mouche et le film s’appuie sur les détails de cette maison, entre couloirs et objets anodins qui deviennent inquiétants la nuit, pour renforcer son effet frissonnant continu.
Du début à la fin, le film de James Wan maintient en haleine, grâce à une atmosphère soignée, des personnages plus que convaincants et surtout de nombreux moments de flippe et de suspense qui prennent par surprise ou viennent réveiller d’anciennes frayeurs. Et puis franchement, quand un film arrive à faire peur avec une scène en journée… le pari est déjà gagné.

Au casting, Patrick Wilson (Fargo, Insidious 2…) et Vera Farmiga (Bates Motel, Le Juge…) reprennent le rôle du couple Warren, interprétant un couple aussi complice que crédible. À leurs cotés, Frances O’Connor (Once Upon A Time, The Missing…) incarne une mère de famille aux abois, entourée par Simon McBurney (Mission Impossible : Rogue Nation…), Franka Potente (The Bridge…) et de jeunes acteurs convaincants, Lauren Esposito et Patrick Mcauley, qui entretiennent une ambiance tendue. Mais c’est évidemment la jeune Madison Wolfe (aperçue dans Joy) qui capte tous les regards, livrant une interprétation remarquable au vu de son âge et du contexte du film.

En conclusion, dois-je vraiment en dire plus ? Si vous avez aimé Conjuring : Les Dossiers Warren, cette suite menée d’une main de maître par James Wan s’étoffe avec une intrigue plus ambitieuse et traversée par de vraies moments de frayeur qui vont mettre à cran même les plus coriaces. Savoureusement flippant, Conjuring 2 : Le Cas Enfield joue avec nos terreurs infantiles et livre un vrai bon film d’épouvante qui va en faire hurler plus d’un ! À voir 😀

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PS : à l’avant-première, un prêtre a béni la salle. Vous n’aurez pas cette chance. Désolée.

Crédit photo : Warner Bros France
Crédit photo : Warner Bros France

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