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[SÉRIE TV] The Mindy Project : Retour sur une déception romantique (en 6 saisons)

*** ATTENTION : cet article contient des spoilers ***

Le pitch : Mindy Lahiri, une femme médecin trentenaire, gaffeuse, impatiente et désespérément romantique, estime que le moment est venu pour elle de prendre de bonnes résolutions afin que la chance puisse enfin lui sourire en amour et dans tous les autres domaines. Elle a l’intention d’être plus ponctuelle et moins dépensière, de lire plus de livres et de perdre du poids ! En devenant parfaite, elle espère tout naturellement rencontrer enfin son homme parfait…
Créée par Mindy Kaling
Avec Mindy Kaling, Ed Weeks, Ike Barinholtz…

Lancée en 2012, The Mindy Project a été pendant 3 saisons ma série girly chouchou du moment.
Portée par la comédienne Mindy Kaling, la série racontait les aventures d’une célibataire à New York. Déjà vu ? Peut-être, mais sous cet angle, rarement. Mindy n’est pas la New-yorkaise des films : femme de couleur, avec une carrière exigeante, mais surtout qui assume son envie de dating avec une gaucherie hilarante et un franc-parler rafraîchissant. On est loin du portrait de la fille parfaite à la taille zéro qui pullule sur nos écrans, The Mindy Project parle à la femme normale, avec ses défauts, ses kilos en trop, son envie irrépressible de se consoler par la bouffe et son absence de logique pathologique quand il s’agit du sexe opposé. Pétillante, pour ne pas dire fofolle, cette Mindy sort des clichés et décide de croquer la vie à pleines dents après des années de longues études. Et surtout, elle s’assume.

Pendant 3 saisons, la série a évolué autour des histoires de cœur de l’héroïne, tout en cuisinant un lien plus profond entre elle et son antagoniste, Danny Castellano (Chris Messina) un homme trop sérieux et trop pondéré mais qui révèle peu à peu une facette attachante. Les deux animent le show à travers leurs nombreuses prises de becs, jusqu’au moment où ils cèdent enfin et se mettent ensemble pour le plaisir des fans – surtout moi – qui n’attendaient que ça, même si certaines histoires précedentes semblaient tailler pour durer (Mindy et Casey).
L’autre point fort de la série, c’est son esprit délirant qui arrose l’ensemble du casting : au sein d’un cabinet de gynécologues, médecins, infirmiers et standardistes partagent leurs névroses et autres excentricités avec éclats comme une jolie famille dysfonctionnelle à souhait, souvent visitée par des guests de choix : Justin Long, Seth Rogen, Ed Helms, James Franco, Timothy Olyphant, B. J. Novak, Kevin Smith, Max Minghella, Julie Bowen, Julia Stiles, Ana Ortiz….

Et puis, dès la quatrième saison, The Mindy Project a commencé à se déliter progressivement. D’une part, en sapant maladroitement tout le travail fait dans les premières saisons pour canaliser et faire mûrir son héroïne et, d’autre part, parce qu’à force de faire une série entre copains, The Mindy Project est devenue sa propre caricature. L’humour ouvert à laisser place à des blagues exclusives, souvent plus potaches qu’efficaces, mais surtout visiblement nourris entre potes hors caméra qui s’autocongratulent en permanence. De comédie romantique et pétillante, la série dérive peu à peu vers le sitcom collégial et légèrement hystérique. Pourquoi un tel changement de cap ?

Tout d’abord, il y a eu le changement de chaîne. Alors que la Fox a annoncé (le 6 mai 2015) l’annulation de la série à la fin de la troisième saison, les créateurs ont logiquement conclu leur histoire : Mindy et Danny s’aiment, se déchirent puis se réconcilient, se marient et ont un enfant… la quête de l’héroïne est enfin terminée et en beauté. Sauf qu’en cours de route, le 15 mai 2015, Hulu s’est pointée à l’horizon pour racheter la série et la relancer sur son propre réseau. Ma théorie, c’est que les scénaristes n’ont pas eu le temps de réécrire un final ouvert – parce qu’entre la prise de décision et l’annulation effective, je pense qu’ils étaient déjà au courant – et c’est ce qui a amorcé la catastrophe.

Début de saison 4, Danny est mystérieusement absent. Et pour cause, l’acteur avait pris d’autres engagements (dont un pour un rôle dans un film pour lequel il a du prendre du poids), ce qui l’a empêché de poursuivre son rôle dans The Mindy Project. La série décide donc de séparer les deux tourtereaux et de remettre Mindy sur le marché, des mères célibataires cette fois.
Oui mais voilà, Mindy célibataire : déjà vu. Mindy jeune maman ? Ce n’est plus la même cible (en tout cas pas la mienne, je ne suis pas fan de séries qui ont pour focus des jeunes parents ou des parents célibataires. Ou des enfants.). Du coup, revoir Mindy enchaîner les rencards à tout-va comme dans les premières saisons n’est plus aussi drôle et novateur – surtout vu le paquet de mecs qu’elle a déjà croisé, on a un peu vu tous les profils possibles.
Autour d’elles, de nouveaux personnages débarquent pour remplacer ceux qui sont partis (notamment Peter, qui reviendra pour quelques caméos), tandis que les anciens secondaires vont prendre de l’ampleur. Du coup la série va bien plus s’attarder sur les personnalités loufoques des personnages, entre l’infirmier Morgan (Ike Barinholtz) qui oscille entre le crade et l’absence de dignité pathologique, le Dr Jody (Garret Dillahunt) hyper antipathique et sa soeur lourdingue Colette (Fortune Feimster)… The Mindy Project s’embourbe dans un carnaval de personnalités tornitruantes, oscillant entre histoires de cœur et absurdités, ce qui a finit par me fatiguer royalement.

Dès la saison 5, la série tente de reprendre les rennes du show, mais le mal est fait. L’ensemble se complaît dans son ambiance de colonie de vacances. Si la bonne entente et l’amusement des acteurs est visible à travers la série, The Mindy Project traîne la patte, on a perdu trop de personnages phares (Danny, Peter, les frères Duplass…), donc il n’est pas facile de s’attacher à ces nouvelles têtes (souvent trop bruyantes) et ce n’est pas l’arrivée du nouvel amoureux de Mindy qui va sauver l’ensemble qui annonce rapidement que la saison 6 sera la dernière.

Les années passent, mais les scénaristes n’ont toujours pas affûté leur subtilité. Même si cette saison est concentrée en 10 épisodes, ils continuent de commettre des erreurs de débutants. Alors que le démarrage de la saison 4 de The Mindy Project était desservi par la rupture maladroite du couple Danny/Mindy (et encore je ne parle pas de celle entre Mindy et Casey au début de la saison 3), les scénaristes réitèrent en séparant les jeunes mariés en deux coups de cuillères à pot dès les premiers épisodes avant de, tout aussi subtilement, faire revenir un certain personnage pour amorcer le happy end. Occupée à boucler la boucle, la saison 6 de The Mindy Project tient un bon rythme : les personnages se retrouvent et semblen s’accomplir, chaque épisode fait avancer la saison (finalement plus de 20 épisodes sur ce genre de série comique, ça fait beaucoup de temps à combler et ça s’est ressenti durant les précédentes saisons) et la série retrouve son dénouement final, attendu et logique (Danny et Mindy)… bien que cousu de fils blancs.

En conclusion, alors que j’étais contente de voir la série durer plus longtemps après l’annulation coté Fox, quand je vois le résultat, je me dis que les trois premières saisons étaient finalement suffisantes. Avec son arrivée sur Hulu, The Mindy Project a cherché à se renouveler sur tous les fronts en s’orientant vers le sitcom entre potes pour donner de la place à tous ses personnages et élargir sa cible, mais ce n’était plus vraiment la série que j’ai aimé à ces débuts, à savoir la comédie romantique un peu loufoque mais profondément girly. Désolée, Mindy, ce n’est pas toi le problème, c’est moi 😉

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