Alors que nos mémoires tentent encore d’oublier la catastrophe qu’était Terminator Genisys, la franchise se renouvelle avec un sixième opus bien décidé à récrire l’histoire en se positionnant après les événements de Terminator 2, tout en façonnant une redite qui semble vouloir offrir un dernier baroud d’honneur à ses acteurs cultes, Linda Hamilton et l’infatigable Arnold Schwarzenegger. À l’arrivée, Terminator: Dark Fate livre un film d’action globalement satisfaisant et à la storyline simpliste pour mieux miser sur la menace quasi-invincible qui poursuit nos personnage sans relâche. Si on est loin la vision à la fois ambitieuse et pré-apocalyptique des premiers film, Tim Miller colle à la veine des blockbusters actuels avec un divertissement mécanique, pas toujours joli à voir mais suffisamment fun et relevé par du fan service attendu. Après Genisys, autant dire que je n’y croyais plus !
Le pitch : De nos jours à Mexico. Dani Ramos, 21 ans, travaille sur une chaîne de montage dans une usine automobile. Celle-ci voit sa vie bouleversée quand elle se retrouve soudainement confrontée à 2 inconnus : d’un côté Gabriel, une machine Terminator des plus évoluées, indestructible et protéiforme, un « Rev-9 », venue du futur pour la tuer ; de l’autre Grace, un super-soldat génétiquement augmenté, envoyée pour la protéger. Embarquées dans une haletante course-poursuite à travers la ville, Dani et Grace ne doivent leur salut qu’à l’intervention de la redoutable Sarah Connor, qui, avec l’aide d’une source mystérieuse, traque les Terminators depuis des décennies. Déterminées à rejoindre cet allié inconnu au Texas, elles se mettent en route, mais le Terminator Rev-9 les poursuit sans relâche, de même que la police, les drones et les patrouilles frontalières… L’enjeu est d’autant plus grand que sauver Dani, c’est sauver l’avenir de l’humanité.
Terminator, la franchise culte initiée par James Cameron en 1984 est probablement l’une des plus connues et incontournables pour les cinéphiles de tout poil. Et aussi la plus invraisemblable puisque la saga compte Terminator 2, l’une des rares suites cinématographiques qui a réussi à faire mieux que le premier film, mais qui compte aussi trois autres films à la qualité plus que discutable, avec le dernier en date : le douloureux Terminator Genisys.
Alors que le voyant rouge semblait éteint pour toujours après un tel échec critique, la franchise n’hésite pas à mettre en branle un sixième film, annonçant presque dans la foulée, le retour de Linda Hamilton, en plus d’Arnold Schwarzenegger. Ajoutons à cela, la grande implication de James Cameron qui, au lieu de nous baratiner comme la dernière fois, s’implique dans la production du film. La rumeur dirait aussi que les droits de la saga lui reviendraient également après ce sixième film, lui laissant le champ libre pour rebooter Terminator ou non (si Disney le veut…).
À la barre, c’est Tim Miller, le réalisateur salué du premier Deadpool, qui prend la relève, assurant une haute dose d’action attendue pour ce film. Et pour cause, Terminator: Dark Fate démarre rapidement et avec des intentions spectaculaires affirmées. Renouant avec les références quasi-traditionnelles de la franchise, le film démarre avec une introduction fleurant bon la nostalgie (numérique), puis l’arrivée des personnages du futur, toujours dans cette sphère électrique et nus comme des vers, avant de s’intéresser aux personnages du présent. L’histoire est simple et fleure bon la redite. Situé de nos jours et après Terminator 2, l’heure du Jugement Dernier n’a pas sonné mais le futur a eu tout de même eu des répercussions dans la vie de Sarah Connor, qui reprend les armes pour jouer les anges gardiens au ton franc et à la dégaine facile, pour protéger la jeune Dani aux cotés de la charismatique et badass Captain Marvel Grace. Certes, on retrouve les mêmes twists préfabriqués sur ce futur apocalyptique qui menace le présent, avec ses détours capillotractés pour expliquer le retour des personnages phares de la franchise… mais ces facilités comparées à la complexité brouillonne de Terminator Genisys seront les bienvenus, permettant au film d’aller droit au but et de servir le divertissement promis.
Alors que le premier Terminator fête ses 35 ans, Tim Miller (et James Cameron) a bien compris que le genre action hero a muté. Le ton fataliste et la cristallisation d’un monde déjà sur la mauvaise pente et aveugle à la menace latente des nouvelles technologies (déjà, dans les années 80) sont des ingrédients qui ont été revisités à multiples reprises au cours de ces dernières années ; du coup, là où Terminator: Dark Fate pèche un peu en terme d’imagination et de simili constat social, le film se rattrape en misant sur ses personnages forts en gueule et des affrontements explosifs. L’ensemble tient ses promesses dès le départ, proposant un antagoniste toujours plus dangereux et aux capacités toujours plus extraordinaires auquel Gabriel Luna apporte un brin de personnalité bien trouvé. Les intentions de suspens ne fonctionnent pas, mais chaque interaction avec les héroïnes du films, dont Grace et Sarah Connor, font grimper d’un cran le tensiomètre.
Ce qui me rend, en bonne partie, aussi positive avec ce film, c’est que Terminator: Dark Fate maîtrise un rythme bien cadencé et, surtout, ne se rate pas dans son final, proposant un climax excellent, prenant et enfin délesté de toutes les intentions démonstratives qui pèsent sur le film, laissant le spectateur profiter du spectacle et voir ses personnages favoris modeler une scène d’action époustouflante.
En effet, ce qui vient freiner les efforts de Tim Miller, c’est justement cela : le surplus d’action, souligné par du slow-motion répétitif et trop appuyé, comme pour crier « oh regardez ce moment incroyable ! » toutes les cinq minutes. C’est un peu lassant et surtout, le rendu ne fait pas toujours mouche tant la photographie du film est uniforme. Souvent précipitées, certaines scènes d’action sont parfois difficilement lisibles et peu esthétiques. Heureusement, le combat final est, selon moi, à la hauteur et le plaisir de retrouver les héros de Terminator se foutre sur la tronche sans retenue permet allègrement de pardonner les faiblesses du scénario ou du montage général.
Au casting, commençons par la jeune Natalia Reyes (Les Oiseaux de Passage…), qui se retrouve au centre du film et finalement transparente face à des personnages de poids. Malgré le fait que le film tente de lui donner de l’importance, elle incarne un cliché geignard sur pattes. Autour d’elle, Mackenzie Davis (Tully, Blade Runner 2049, Halt and Catch Fire…) est incroyable, depuis son physique musclé jusqu’à sa performance déchirée entre la tension de ses enjeux et ses émotions refrénées : j’aurai aimé la voir plus en avant, quitte à avoir un peu moins de place pour les deux véritables stars du film. En effet, la raison d’exister de Terminator: Dark Fate semble reposer sur le retour de Linda Hamilton (Defiance, La Maison du Silence, Chuck…), toujours aussi badass en Sarah Connor, et bien évidemment Arnold Schwarzenegger (Terminator Genisys, Maggie, Expendables 3…) qui interprète un Terminator vieillissant, mais toujours aussi imposant, étrangement drôle et attachant. Le duo porte le film sur leurs épaules, cohabitant toujours aussi bien et assurant le fan service nostalgique.
Enfin, Gabriel Luna (Ghost Rider dans Agents of SHIELD, Free Love…) parvient à se démarquer des autres Terminators menaçants du futur, déjà grâce à son alter ego surprise, mais aussi grâce aux touches de personnalité qui viennent gonfler un personnage mécanique.
En conclusion, si Terminator: Dark Fate n’a pas (et la saga n’aura probablement plus jamais) le caractère culte ni l’emphase des deux premiers films – et vieillira sûrement mal, mais Tim Miller capitalise judicieusement sur un format simple et efficace, pour animer des personnages fédérateurs et/ou conquérants. Si Linda Hamilton et Arnold Schwarzenegger sont à la fois la colonne vertébrale et l’âme du film, Mackenzie Davis est sans conteste un des rares autres personnages qui pourraient parvenir à marquer la saga. À voir.
Belle chronique. Je pense au contraire qu’il vieillira plutôt bien. Nous avons enfin une belle trilogie sans passages de honte. Le retour de l’humour efficace est aussi à fêter. Reste plus qu’à ignorer les 3 autres films jusqu’à la fin des temps.
Hello Joe, merci pour ton commentaire.
J’aurai dû préciser : ce sont les effets spéciaux dans certaines scènes qui vieilliront mal, pas l’ensemble du film 🙂
A bientôt =)