
Le pitch : Albert et Bruno sont surendettés et en bout de course, c’est dans le chemin associatif qu’ils empruntent ensemble qu’ils croisent des jeunes militants écolos. Plus attirés par la bière et les chips gratuites que par leurs arguments, ils vont peu à peu intégrer le mouvement sans conviction…
Quatre ans après Hors Normes et un passage sur le petit écran avec l’adaptation française de la série En Thérapie, le duo Éric Toledano et Olivier Nakache revient avec Une Année Difficile, une comédie dramatique qui tente de jongler avec un double sujet ambitieux : la crise écologique en parallèle avec la misère sociale, tout en conservant leur style léger. L’histoire suit Albert et Bruno, deux individus surendettés et désespérés, qui croisent la route de jeunes militants écolos. Cependant, au lieu de s’engager pleinement dans cette cause, ils sont davantage attirés par les avantages gratuits, puis par le charme de la jolie militante Cactus, que par les arguments des activistes. Cette prémisse offre un potentiel intéressant pour explorer les liens entre l’activisme écologique et la lutte contre la pauvreté.

Malheureusement, Une Année Difficile échoue à équilibrer ces deux éléments et finit par rester à la surface des enjeux qu’il prétend aborder, préférant la caricature (plus ou moins inspirée par un fond de vérité) à la profondeur attendue autour des relations entre les personnages. En effet, les militants écolos, sont présentés de manière stéréotypée et peu nuancée. Les réalisateurs semblent se moquer des clichés de l’écolo engagé, les dépeignant comme trop bobos (dans leurs grands appartements parisiens), trop jeunes, voire tout cela à la fois. Ce point de vue limite la possibilité d’une exploration plus profonde des thèmes abordés.
Une Année Difficile ne parvient pas non plus à tirer le meilleur parti de l’association entre activisme et surendettement. Ces deux réalités se côtoient sans réellement se rencontrer, et l’écriture des personnages reste superficielle. Une sous-intrigue romantique est ajoutée, mais elle manque d’intérêt et ne contribue pas à approfondir les thèmes principaux.

Le ton général du film est résolument comique, avec de nombreux gags et des moqueries envers les messages d’alerte écologique. Bien que les moments humoristiques soient divertissants, ils éloignent le film d’une exploration plus sérieuse de ses sujets, ce qui aurait apporter un peu plus de profondeur et d’étoffe à l’ensemble. Même lorsque le film tente d’introduire un retournement dramatique, il est traité avec désinvolture et ne parvient pas à susciter une réelle émotion.
Quand on pense au duo Toledano-Nakache, on pense à Nos Jours Heureux, Le Sens de la Fête ou encore Intouchable et rien que l’idée d’énoncer ces titres me donnent envie de sourire. Mais avec d’autres films comme Samba ou Hors Normes, le duo de réalisateurs a bien du mal à mettre autant de fond et de vérités franches quand il s’attaque a des sujets plus sérieux, comme l’immigration et l’intégration des personnes en situation de handicap. Avec l’écologie et le surendettement, même constat, comme si les thématiques plus sociales et moins personnelles leur échappaient.

J’émets également une petite réserve sur la fin du film qui, au premier abord, semble se moquer de la pandémie et de ses nombreuses conséquences pour servir une romance mièvre et tricotée de toutes pièces. Cependant, en y repensant, peut-être que la duo Toledano-Nakache cherchait surtout à souligner l’hypocrisie collective qui ignore les messages d’alerte jusqu’au moment où le danger toque à nos portes. À méditer.

Au casting : Pio Marmaï (Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan, En Corps, L’Évènement…) et Jonathan Cohen (Le Flambeau, Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu, Terrible Jungle…) forment un duo à la complicité attachante, le second ayant plus de facilité à porter la charge humoristique du film. Autour d’eux, Noémie Merlant (Tár, Portrait de la Jeune Fille en Feu, L’Innocent…) apporte beaucoup de fraîcheur et sort des clichés des love interests sirupeux usuels. En toile de fond, on retrouve des visages connus, comme Mathieu Amalric (The French Dispatch…), Luàna Bajrami (Coupez !…) ou encore Grégoire Leprince-Ringuet (Gloria Mundi…).
En conclusion, Une Année Difficile est un film qui promettait beaucoup, mais qui peine à approfondir ses thèmes et à offrir une réflexion sérieuse sur la crise écologique et la misère sociale. Malgré quelques moments humoristiques réussis, il reste en deçà des attentes que l’on peut avoir du duo Toledano-Nakache. À voir.

