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[SÉRIE TV] Mon Petit Renne : La noirceur cachée derrière ce nom tout mignon

Le pitch : Inspirée du one man show de Richard Gadd, crée à Edinburgh Fringe 2019, qui suit sa relation tordue avec une harceleuse et l’impact qu’elle a sur lui alors qu’il est finalement obligé de faire face à un traumatisme profond et sombre enfoui…
Créée par Richard Gadd
Avec Richard Gadd, Jessica Guning, Nava Mau
Disponible sur Netflix

Moi qui espérais une comédie british comme je les aime mais ne vous fiez pas à son nom rigolo. En 7 épisodes, Mon Petit Rennes nous plonge dans un cercle vicieux glaçant duquel il est difficile de s’en détourner.

Voici trois raisons d’appuyer sur PLAY en étant averti :

1/ C’est une histoire vraie

Mon Petit Renne et son nom tout mignonnet (Baby Reindeer en VO) se présente comme une de ces séries britishs qui sait si bien doser l’humour noir et la banalité du quotidien, qu’il s’agisse d’une comédie ou d’un thriller (Pure, Extraordinary, Bad Sisters…). L’histoire de ce barman – wannabe humoriste – harcelé par une femme qui semble bien trop intense est un point de départ original et à contre-courant des récits habituelle. Sauf que la série se révèle bien plus sombre que cela, alors que l’attachement de la jeune femme devient excessif et qu’on en découvre un peu (beaucoup) plus sur le passé du personnage principal, incarné par Richard Gadd.

Egalement showrunner de la série, il s’avère que Mon Petit Renne est un récit autobiographique revenant sur son harcèlement, mais également les nombreux traumatismes qu’il a subi. Richard Gadd se met à nu, déballant toutes ses vérités une à une, même les moins glorieuses, disséquant la relation sordide qu’il entretient avec son harceleuse et les raisons qui l’on amené à subir cette situation.

Heureusement, au bout du tunnel, il y a de la lumière et malgré la noirceur de la série, Mon Petit Renne se révèle nécessaire pour donner la parole aux victimes, dénoncer la complexité des relations toxiques et, aussi, pointer du doigt les manquements du système judiciaire à l’ère du digital.

2/ Trigger Warnings

Dès le second ou troisième épisode, la harceleuse dépasse déjà les bornes en agressant une première fois sa proie en lui agrippant le sexe. Mon Petit Renne prend un virage très sombre alors que l’histoire nous emmène en Ecosse, le pays natal du héros, pour nous raconter ses débuts en tant que comédien et sa rencontre avec le Harvey Weinstein local. Richard Gadd raconte avec courage sa descente aux enfers auprès de son violeur, entre drogue, grooming et autres addictions.


Attention : l’épisode 4 comporte des scènes très difficile à regarder (TW : viol, mais aussi drogue, violences sexuelles, dépression durant le reste de la série) et il m’a fallu quelques jours avant de continuer la série. À l’instar de l’excellent I May Destroy You de Michaela Coel, Mon Petit Rennes n’y va pas avec le dos de la cuillère en s’enfonçant dans les blessures de son personnages et expose ses réactions qui, du point de vue extérieur, peuvent perturber.
Enfin, si Richard Gadd porte la série, une mention spéciale pour Jessica Gunning s’impose, puisqu’elle incarne la saisissante Martha, un personnage qui peut être aussi doux que subitement terrifiant.

3/ La fin brouille les limites

Le rapport bourreau-victime est complexe. On aimerait que ce soit si simple, avec les méchants d’un coté et les gentils de l’autre, clairement étiqueté. Mais ne dit-on pas que l’Enfer est pavé de bonnes intentions ? Une simple attention peut ouvrir la porte à des conséquences désastreuse, le besoin d’amour peut se transformer en soif dévorante d’attention et les traumas non résous ne disparaissent jamais. Durant les dernières minutes de la série, Mon Petit Renne illustre en une interaction somme toute banal la façon un cercle vicieux peux se former, quitte à remettre en question l’innocent de la victime et la « méchanceté » du bourreau. De quoi réfléchir et intriguer sur les motivations même qui nous mènent à tendre la main à autrui !

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