
Le pitch : Rhiannon Lewis s’ennuie dans sa vie. Les gens passent devant elle dans la rue sans même lui jeter un regard. Elle est constamment ignorée pour une promotion au travail, le gars qu’elle aime ne veut pas s’engager, et son père est vraiment, vraiment malade. Puis tout dans sa vie bascule. Poussée à bout, Rhiannon perd le contrôle. Désormais capable de tout, elle accède à un nouveau pouvoir enivrant. Pourra-t-elle garder son secret de tueuse ?
Créée par Kirstie Swain
Disponible sur Max
Avec Ella Purnell, Nicole Lecky, Jon Pointing…
Avec Sweetpea, Kirstie Swain (Pure…) et la réalisatrice Ella Jones (The Baby…) livrent une série aussi stylée que féroce, portée par une Ella Purnell magnétique dans un rôle inattendu. Chronique sociale teintée de thriller psychologique, parfois slasher, souvent glaçante, la série frappe fort.
Voici trois bonnes raisons de binger cette série aussi réjouissante que dérangeante :

Une héroïne fascinante, tout sauf lisse
Rhiannon n’est ni une icône féministe, ni une méchante stylée. Elle est… dérangeante, presque banale au début, puis monstrueuse. Et pourtant, on la comprend, parce qu’elle montre que n’importe qui peut basculer. On suit avec une empathie troublante cette jeune femme trentenaire, presque invisible au quotidien et surtout au travail (une version alternative et troublante de Pam de The Office !). Lorsque sa vie personnelle s’effondre, c’est comme si le monde entier lui rappelait son insignifiance. Sa violence, brutale, cathartique, devient un miroir de la rage contenue des femmes effacées, ignorées. Un personnage tout en ambiguïté et marquant, si bien qu’on ne sait plus vraiment s’il faut être de son coté ou réclamer justice pour ses victimes !

Un mélange de genres audacieux et savoureux
Entre chronique sociale, thriller, true crime, et slasher féministe, Sweetpea brouille les pistes et assume son ADN hybride. Le personnage mute sous nos yeux et s’affirme de plus en plus, comme si la violence réveillait une version d’elle-même longtemps étouffée par la société. À la manière d’un Grave, cette part d’ombre devient une sorte d’éveil à la fois féminin, sensuel et mature. C’est noir, c’est grinçant, c’est parfois drôle, souvent malaisant, comme un doux héritier british du cinéma dénonciateur mené par Emerald Fennell, Julia Ducourneau ou encore Coralie Fargeat, avec ce qu’il faut de sang, de sarcasme et de subversion.

Une critique sociale planquée sous un vernis rose bonbon
Sous ses airs de sucrerie pop dans un monde grisâtre, Sweetpea dresse un constat glaçant : celui d’un monde où les femmes ordinaires sont invisibles, méprisées, étouffées. Le propos est extrême, exagéré… mais jamais moralisateur. Le personnage principal, Rhiannon, n’est pas un modèle, encore moins quelqu’un qu’on peut excuser. C’est un monstre en devenir, qui incarne les dérives d’une société moderne où le rapport de force entre les genres est déséquilibré. La série pique là où ça fait mal, sans faire la leçon ni excuser les actes de son personnage. Et dans le paysage des séries féministes, c’est rare.

Au casting : Ella Purnell (Army of the Dead, Miss Peregrine et les Enfants Particuliers, Yellowjackets…) et son regard hypnotique porte la série, jouant très bien avec son apparence ingénue et réservée, qu’elle switche aisément en un clin d’œil pour laisser filtrer son double émergeant. Autour d’elle, Nicôle Leky (Sense8, Mood…), Jonathan Pointing (Queenie, Starstruck…), Leah Harvey (The Assessment…) ou encore Jeremy Swift (Ted Lasso, Blanche-Neige…) animent un ensemble réduit mais efficace.
En conclusion, Sweetpea est une série noire et stylisée, un thriller féministe à la fois brutal et lucide, porté par une actrice au sommet et une écriture audacieuse. Entre malaise et jubilation, c’est une descente aux enfers qu’on suit avec un étrange plaisir. À binge-watcher… mais à vos risques et périls.

