Action, Aventure, Comédie, Sci-fi

[CRITIQUE] Miss Peregrine et Les Enfants Particuliers, de Tim Burton

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Tim Burton retrouve un univers qu’il maîtrise bien avec son nouveau film Miss Peregrine et Les Enfants Particuliers, une fable envoûtante et douce-amère sur l’enfance, entre aventures fantastiques et culte de l’innocence. Grâce à un casting attachant et une atmosphère gaie néanmoins teintée par une gravité subtile, Miss Peregrine et Les Enfants Particuliers est un conte bien particulier, à la fois drôle, touchant et romantique, le tout gravé dans un contexte historique bien sombre. Tim Burton renoue avec ses ambitions super-héroïques, tout en référençant quelques-uns de ses films cultes, livrant un récit complet, généreux et plein de fantaisie.

Le pitch : À la mort de son grand-père, Jacob découvre les indices et l’existence d’un monde mystérieux qui le mène dans un lieu magique : la Maison de Miss Peregrine pour Enfants Particuliers. Mais le mystère et le danger s’amplifient quand il apprend à connaître les résidents, leurs étranges pouvoirs … et leurs puissants ennemis. Finalement, Jacob découvre que seule sa propre « particularité » peut sauver ses nouveaux amis.

Edward Aux Mains d’Argent, Mars Attacks, Sleepy Hollow, Big Fish… On ne présente plus les films cultes de Tim Burton, en tout cas ceux qui mettent tout le monde d’accord, car depuis quelques années, il semblait que le réalisateur ait un peu perdu de sa patte reconnaissable. Personnellement, j’ai beaucoup aimé Sweeney Todd (2008), et Dark Shadows (2012) ne m’a pas déplu. Par contre, si on pouvait fermer les yeux sur Alice au Pays des Merveilles (2010) car il s’agissait d’un film Disney, Big Eyes a été une sacréE déception, tant le réalisateur s’était éloigné de son univers plutôt sombre, inventif et fantasque.
Allait-il se rattraper avec Miss Peregrine et Les Enfants Particuliers, l’adaptation des livres de Ransom Riggs ?

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Une chose est sûre, c’est que Tim Burton semble avoir retrouvé son inspiration et même s’il adapte un roman, le réalisateur n’abandonne pas son identité artistique pour autant – au contraire. À cheval entre le monde moderne et les années 40 en pleine Seconde Guerre Mondiale, Miss Peregrine et Les Enfants Particuliers narre l’aventure d’un jeune garçon qui cherche à avoir des réponses suites au décès étrange de son grand-père. Dans une première partie, un peu longue, certes, j’ai aimé découvrir l’univers du film, très complet, qui allie réalité et science-fiction à travers la rencontre du héros avec la fameuse Miss Peregrine et ses complices. Le film charme d’emblée (ou presque) en développant des personnages attachants, grâce à une écriture malicieuse qui parvient à trouver le dosage juste entre la fable enfantine et l’aventure prenante, donnant presque envie de traverser l’écran pour rejoindre ce monde fantastique.

Entre boucles temporelles et menaces grandissantes, Tim Burton livre une histoire complète en prenant le temps d’installer son intrigue et ses personnages dans un cocon pétillant, fantaisiste et surtout accueillant. Alors qu’il n’est pas facile de faire un film pour adultes avec des personnages principaux ados (surtout après les rouleaux compresseurs des sagas « young adult »), Miss Peregrine et Les Enfants Particuliers offre une double lecture salvatrice : si le film garde au coin de l’oeil un contexte historique sinistre (la seconde guerre mondiale, les nazis et la réalité des enfants Juifs qui devaient se cacher pour survivre), Tim Burton détourne son propos grâce à une trame fantastique mêlant mystères, voyages dans le temps et super-pouvoirs, remplaçant les nazis par des vilains voraces et envieux.
Forcément, quand on sait qu’il y a quelques années Tim Burton était pressenti pour réaliser les premiers X-Men, Miss Peregrine et Les Enfants Particuliers devient tout de suite plus familier (une école qui recueille des enfants ayant des pouvoirs ? hum-hum…), mais sans jamais perdre son ambiance « burtonnienne », même lorsque le film distille un peu d’action. Dans une seconde partie un peu hâtive, Tim Burton joue la carte du blockbuster familiale et pousse le divertissement jusqu’à l’affrontement explosif, tout en gardant un ton amusant.

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Avec un peu de recul (et deux visionnages !), je trouve tout de même que Miss Peregrine et Les Enfants Particuliers est parfois inégal : si la première partie prend son temps pour installer le film, le dernier acte semble un peu expédié. Quand un film se risque à parler de boucle temporelle et à jouer avec les timelines, c’est dommage de voir les explications se perdrent dans une conclusion ficelée à la hâte. Au-delà de ça, et sans avoir lu les livres, Miss Peregrine et Les Enfants Particuliers est une expérience réjouissante qui salue le retour d’un réalisateur tout aussi particulier, pour le plaisir de ses fans.

Au casting : Asa Butterfield (Hugo Cabret, La Stratégie Ender, Le Monde de Nathan…) est notre guide dans cette aventure burtonnienne, mais c’est surtout la jeune Ella Purnell (Tarzan, Maléfique, Kick-Ass 2…) qui illumine le film. Autour d’eux, la belle Eva Green (Sin City 2, White Bird…) ajoute un certain cachet au film, tandis que Samuel L. Jackson (Tarzan, Les Huit Salopards, Kingsman – Services Secrets…) reprend un rôle similaire à celui qu’il tenait dans Jumper (un film où il traquait aussi des gens avec des super-pouvoirs !) en plus délirant et c’est toujours un plaisir que de retrouver Judi Dench (Spectre, Indian Palace : Suite Royale…) et Allison Janney (Mom, Spy…), même si on les voit peu.

En effet, bien qu’il s’agisse d’une adaptation, Miss Peregrine et Les Enfants Particuliers est marqué par la personnalité fantaisiste de son réalisateur. Tim Burton imprègne le film de son univers personnel, avec des références plus ou moins discrètes rappelant ses classiques (d’Edward aux Mains d’Argent à Sleepy Hollow, en passant par Beetlejuice). Véritable narrateur accompli et âme d’esthète, Tim Burton tissse une histoire sympathique autour de l’innocence pétillante de ses personnages, qu’il retranscrit dans ses tableaux à la fois colorés et rafraîchissants, empreints d’un « gothisme » romanesque, conférant au film une tonalité effectivement particulière. Tout est soigné : des décors aux costumes, jusqu’au choix des acteurs, Miss Peregrine et Les Enfants Particuliers est un film Burton, un vrai. À voir, évidement.

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