
Le pitch : L’histoire se déroule bien des années après la crise d’identité à laquelle les Coleman ont été confrontées. Anna est devenue mère à son tour. Elle a une fille et s’apprête à avoir une belle-fille également. Mais alors qu’elles font face à la myriade de défis que représente l’union de deux familles, Tess et Anna découvrent que, contre toute attente, la foudre peut vraiment frapper deux fois au même endroit…
Il y a un peu plus de 20 ans, Lindsay Lohan devenait l’icône du cinéma ado hollywoodien, pur produit Disney depuis l’enfance. Avant le culte Lolita Malgré Moi (2004), elle faisait ses premiers pas sur grand écran dans le remake moderne de Freaky Friday : Dans la Peau de Ma Mère (2003). Adapté du roman de Mary Rodgers (1972), déjà porté à l’écran en 1976 et en téléfilm en 1995, le cru 2003 modernise l’histoire : adieu la femme au foyer débordée et son mari exigeant, place à Jamie Lee Curtis en mère active et accomplie, face à une ado incarnant à merveille l’énergie (et la mode discutable) des années 2000.
22 ans plus tard, et après une carrière en montagnes russes pour Lindsay Lohan, Hollywood continue de recycler ses classiques… et livre une suite à ce Freaky Friday culte, entre chanson mémorable et conflit générationnel savoureux.

Derrière la caméra, c’est Nisha Ganatra qui prend le relais. Habituée du petit écran et de comédies sans risques (Late Night, La Voix du Succès…), la réalisatrice ouvre les portes de la nostalgie, faisant tout son possible pour raccrocher les wagons et assurer un lien constant entre cet opus et le premier film. Quitte à perdre en cohérence, fluidité et… humour.
Freaky Friday 2 – Encore Dans La Peau De Ma Mère nous replonge dans la vie de Tess et Anna, désormais grand-mère et maman solo (précisé à plusieurs reprises… par choix). La communication reste compliquée chez les Coleman, au cœur d’un trio animé où s’entrechoquent trois tempéraments. Avec malice, le film montre qu’Anna finit par goûter à sa propre médecine, vingt ans plus tard. Grâce à une romance injectée au chausse-pied, le film remâche la sous-intrigue du mariage imminent pour ajouter de la tension à l’histoire, une fois les corps échangés. Et cette fois, ce n’est pas deux, mais quatre personnages qui changent de place, rappelant un peu l’effet de Jumanji : Next Level (où l’arrivée de nouveaux personnages avait redistribué les cartes).

Entre ses échos au premier film et l’intrigue brouillonne du nouveau, Freaky Friday 2 nous embarque dans une série d’aventures pleine de piaillements, d’excitations et de clichés, qui feront doucement sourire sans jamais réussir à pleinement effacer la superficialité de cette cacophonie millimétrée. Si j’apprécie les énormes et constants appels du pied au film de 2003, la multiplication des échanges rend souvent la lecture compliquée, si bien que j’ai plusieurs fois du me poser la question de qui était qui dans le corps de qui. Pensé comme une balade nostalgique, le film de Nisha Ganatra empile une succession de scènes à gag, vaguement relié par un storytelling inutilement tiré par les cheveux. Freaky Friday 2 a mis les moyens financiers et ça se voit. On frôle l’overdose paillettée et le vomi arc-en-ciel tant le film en met partout.

Évidemment, je ne m’attendais pas à être soufflée par Freaky Friday 2. Comme beaucoup de suites tirées d’un succès ado d’antan, le film de Nisha Ganatra se perd : au lieu de s’adresser aux ados d’hier devenus adultes, il tente de séduire ceux d’aujourd’hui. Problème : comme Souviens-Toi L’Été Dernier récemment, difficile d’être pertinent quand on essaie de singer une génération dont on ignore les codes (en gros, des quadras ou plus qui écrivent pour la Gen Z, ça marche moyen).
Perso, je préférais la rébellion pop-rock de 2003 à une rivalité fadasse entre deux ados, l’une fan de plage, l’autre rêvant de Londres (problème de riche, bonjour). L’idée de renverser le concept du film À Nous Quatre (où Lohan jouait deux jumelles cherchant à réunir leurs parents) est maligne sur le papier, mais le film s’éparpille : mariage, immigration, caprice de starlette, heures de colle… le tout sur une timeline purement décorative. Résultat : en bon gros bonbon hypercalorique, Freaky Friday 2 fait de la surenchère et frôle l’overdose de sucre, à l’image de la bataille de bouffe indécente au début du film, d’ailleurs…

Si Freaky Friday 2 remplit bien son rôle de comédie estivale, il ne parvient pas suffisamment à donner le change pour masquer ses écueils scénaristiques et l’intégration aux forceps de personnages pour cocher toutes les cases des retrouvailles. La tonalité Disney cherche trop souvent à justifier la maternité “par choix” d’Anna (qui, à 36 ans, est maman solo d’une ado *tousse*(et qui fait carrière avec son groupe ?) et manque parfois de dénaturer les bonnes leçons tirées du premier opus (comme avec l’attirance explicite de Jake pour Tess), voire cannibaliser ses propres sous-intrigue (comme le highjacking d’un concert…). Oui, Freaky Friday 2 fait sourire et amuse parfois, mais au-delà de l’effet nostalgie, ça reste une comédie d’été clinquante mais vite oubliée… bien loin du carton qu’avait été le premier opus.

Au casting, on prend les mêmes et on recommence : Lindsay Lohan (Our Little Secret, Irish Wish, Mean Girls…) et Jamie Lee Curtis (The Last Showgirl, Le Manoir Hanté, Halloween Ends…) reprennent leurs rôles. Si la première n’a jamais été, avouons-le, une grand actrice, sa rigidité reste encore visible à l’écran, surtout à coté d’une Jamie Lee Curtis qui continue de s’éclater quelque soit la personnalité qu’elle incarne. De retour également, Chad Michael Murray (Retour à Sullivan’s Crossing, Riverdale…) revient jouer les vieux beaux mais n’existe qu’à travers les personnages centraux (ne cherchez pas à savoir ce qu’il est devenu entretemps, donc), tandis que Mark Harmon (NCIS…), Stephen Tobolowsky, Rosaline Chao (Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux, Mulan…), Lucille Soong (Bienvenue chez les Huang…) et même Ryan Malgarani (La Fracture…) font quelques apparitions. Haley Hudson (Le Pacte…) et Christina Vidal (Code Black, Training Day…) sont aussi de retour pour ressuciter Pink Slip évidemment.

Coté petits nouveaux, Manny Jacinto (The Good Place, The Acolyte, Top Gun: Maverick…) remplit ses obligations Disney et prend la relève de Mark Harmon en tant que petit-ami idéal, tandis que Julia Butters (The Fabelmans, The Gray Man…) et Sophia Hammons (Le Secret de la Momie…) forment le duo d’ados en opposition avec leurs parents. À l’affiche également, Maitreyi Ramakrishnan (Mes Premières Fois, Alerte Rouge…) et Vanessa Mayer (Brooklyn Nine-Nine…) servent d’accessoires commode pour justifier deux éléments principaux mais purement décoratif du film : le sort et la musique.
En conclusion, Freaky Friday 2 – Encore Dans La Peau De Ma Mère surfe sur la nostalgie avec énergie, mais s’éparpille trop pour retrouver la magie du premier. Une sucrerie bruyante qui se grignote vite… et s’oublie tout aussi vite. À voir, tout de même.

