Le pitch : Il y a trois siècles sur le territoire des Comanches, Naru, une farouche et brillante guerrière, se fait désormais un devoir de protéger sa tribu dès qu’un danger la menace. Elle découvre que la proie qu’elle traque en ce moment n’est autre qu’un prédateur extraterrestre particulièrement évolué doté d’un arsenal de pointe des plus sophistiqués. Une confrontation aussi perverse que terrifiante s’engage bientôt entre les deux adversaires…
Discret mais toujours efficace, Dan Trachtenberg est de retour avec Prey. J’avais beaucoup aimé son premier long-métrage 10 Cloverfield Lane, du coup je n’ai jamais compris pourquoi il était aussi rare sur nos écrans, bien qu’il ait réalisé des épisodes pour Black Mirror et The Boys au passage. 5e film de la saga Predator, Prey propose une histoire originale qui n’a aucun lien avec les premiers films, celui de John McTiernan (1987) et sa suite réalisée par Stephen Hopkins (1990), et encore moins avec le Predators de Nimród Antal (2010) ou le récent opus de Shane Black sorti en 2018 – en dehors de l’extra-terrestre en question, bien sûr.
Dan Trachtenberg propose ici un récit de chasseurs et de combattants, à travers un parcours initiatique aussi violent que formateur, au coté d’une jeune améridienne affirmé qui cherche aussi sa place au sein de sa tribu. Alors que l’histoire se situe du début du 18e siècle, le parallèle est évident entre l’histoire des États-Unis à cette époque et l’arrivée du Predator sur ces terres, tandis que le face-à-face entre chasseurs, proies et prédateurs devient de plus en plus fascinant. Au détour d’une installation fluide, Prey parvient facilement à dresser un tableau tendu où le danger rôde déjà, bien avant l’arrivée de l’extra-terrestre, alors que le quotidien de notre héroïne est bousculé par un rite de passage qu’on lui refuse à cause de son statut de femme, ce qui lui est constamment rappelé par son entourage. Le film est toujours sur les dents, dès les réveils à coup de pied dans l’épaule jusqu’au premier affrontement avec le Predator.
Si le spectateur se doute déjà de ce qui attend les personnages du film, Prey parvient à construire une ambiance haletante où la traque est au centre de l’intrigue. Même s’il s’agit d’une énième tentative de raviver la franchise Predator, Dan Trachtenberg parvient à faire frissonner dès l’installation de sa menace, tout en proposant un regard intéressant sur le rôle des prédateurs aussi bien dans le monde animal que pour la survie d’une tribu amérindienne, comme un jeu de poupées russes à l’envers, les proies se succèdent entre les griffes de leur ennemi, jusqu’au face à face attendu.
Là où Prey diffère des autres, c’est en nous offrant une perspective inédite où, au-delà de la survie des personnages humains, on suit une héroïne déjà impressionnante de courage et bien décidée à s’imposer dans un monde d’hommes en prouvant qu’elle est tout aussi capable qu’eux. Féministe, vous avez dit féministe ? Oui un peu, mais pas que heureusement, car cette interprétation reste habilement au stade de la sous-intrigue pour ne pas ampouler l’histoire principale. Cependant, cela permet de s’attacher encore plus au personnage principale qui n’est pas, pour une fois, un militaire sur-entraîné (et/ou un poil déjanté). Cerise sur le gâteau, l’arrivée de colons français en seconde partie contribue à souligner l’intelligence d’un film qui, d’une idée simpliste de reboot, fait l’effort de travailler ses personnages et le contexte historique en cohérence avec le pendant SF des Predators. Ingénieux, donc.
Dans l’ensemble, j’ai passé un bon moment devant Prey, sorte de David vs Goliath fantastique, aussi captivant qu’accrocheur. L’intrigue est solide, les personnages sont travaillés et la mise en scène de Dan Trachtenberg offre une immersion à l’angoisse palpable. En écoutant bien, je suis sûre qu’on pourrait entendre Leonardo Dicaprio se faire ratatiner par un ours au loin (non) !
Au casting, peu de visages connus en dehors de l’héroïne incarnée par Amber Midthunder (Roswell, New Mexico, Legion, Ice Road…) qui porte le film sur ses épaules, ainsi que Michelle Trush vue dans Jimmy P. (Psychothérapie d’un indien des Plaines), qui interprête la mère de Naru. Dakota Beavers parvient également à impressionner dans le rôle de Taabe, le frère de Naru. Enfin, « kudos » à Dane DiLiegro qui a endossé le costume du Predator.
En conclusion, Dan Trachtenberg livre un film solide, alliant le frisson du Predator à une intrigue originale et haletante où la loi du plus fort se décline quelques parts entre science-fiction et un chouille de féminisme. Ceci étant dit, même si Prey innove dans sa vision de l’extraterrestre, celui-ci reste encore et toujours à la recherche du chasseur ultime à combattre, ce qui continue de le classer bien en dessous d’Alien. Enfin je dis ça, je dis rien 😛 À voir.