Super héros

[CRITIQUE] Blue Beetle, de Angel Manuel Soto

Le pitch : Fraîchement diplômé de l’université, Jaime Reyes rentre chez lui, plein d’ambitions, mais il découvre que la situation a bien changé depuis son départ. Tandis qu’il cherche sa place dans le monde, le destin s’en mêle : Jaime se retrouve par hasard en possession du Scarabée, une ancienne relique d’une biotechnologie extraterrestre. Dès lors que le Scarabée choisit de faire de Jaime son hôte, le jeune homme se voit revêtu d’une armure hors du commun qui lui octroie des pouvoirs extraordinaires – et imprévisibles. Tout bascule alors pour Jaime qui devient le super-héros Blue Beetle…

Alors que les produits Marvel semblent s’être mis en pause après l’avalanche de ces deux dernières années, Warner Studios continue de vider son catalogue pour faire de la place à son prochain DCU et propose cet été un film sur Blue Beetle. Ce super-héros inspiré par un insecte est certes moins connu, mais qui a au moins l’originalité de proposer un personnage qui évolue dans un environnement hispanico-latino.

Et c’est à peu près tout.

Sur le papier, le film de Angel Manuel Soto (Twelve, La Granja…) ne propose rien de nouveau à travers une origin story balisée et sans surprise. Blue Beetle débarque avec environ 15 ans de retard pour relater l’histoire d’un jeune adulte qui entre en contact avec une bestiole extra-terrestre et se découvre des super-pouvoirs grâce à une armure surpuissante. Face à lui, des méchants manichéens déjà vus et déjà remâchés qui vont s’en prendre à lui pour récupérer ses pouvoirs afin de créer une super-police (et contrôler les gens). Rien de nouveau sous la lune donc, Blue Beetle est de ces films où chaque scène rappelle d’autres films ou d’autres scènes déjà faits et souvent en mieux. Difficile de ne pas penser à Iron Man, Spider-Man ou encore Ant-Man et même Captain Marvel en découvrant Blue Beetle, tant il est le résultat d’une écriture peu inspirée et nourrie par une bonne décennie de film de super-héros, semblant incapable de proposer de la nouveauté.

Et pourtant, il y avait des possibilités, puisque le film de Angel Manuel Soto s’encombre d’une famille bruyante et infatigable, bien décidée à ne pas lâcher le jeune héros seul face à ses ennemis. Blue Beetle vise le divertissement familial, jusqu’à oser la mamie déjantée dont l’aventure va réveiller son passé de guerrière pour faire rire dans les chaumières. L’entourage du jeune héros va prendre énormément de place dans un film aussi court, si bien que rare seront les fois où Blue Beetle fera effectivement son apparition. Entre des problèmes d’armure à la Iron Man 3, les passages obligatoires sponsorisés par l’oncle Ben (de Spider-Man, car on ne devient pas un super-héros sans tragédie n’est-ce pas *wink wink*) et l’exploration poussive de personnage secondaire, Blue Beetle passe plus de temps à combler le vide et l’absence d’originalité de son scénario. Même si tous ces personnages apportent du dynamisme à l’ensemble, à la fin du film la personnalité de Jaime aka Blue Beetle tient sur un timbre-poste.

Il n’y a donc pas grand chose à dire pour ces premiers pas de Blue Beetle au cinéma, et peut-être pas les derniers si le box-office est au rendez-vous (comme l’aurait laissé entendre James Gunn). À la manière du premier Shazam il y a quelques années, Angel Manuel Soto vient égayer le paysage habituellement sombre et torturé du DCverse avec un film relativement divertissant à l’atmosphère enjouée. Evidemment, en restant autant en surface, Blue Beetle enchaîne les clichés sur les familles latines et les gags relevant du comique de situation. On ne s’ennuie pas, mais on ne s’émerveillera pas non plus devant cette tambouille estivale, souvent mal écrite, qui sera aussi vite vue qu’oubliée.

Là où Blue Beetle m’a passablement agacée, c’est dans le mixage sonore et la bande-originale. Entre cacophonie hystériques et crissements de guitare électrique, mes oreilles ont été en surchauffe plusieurs fois et je me serai bien passée de cette migraine à l’issue de la séance. Visuellement, on est loin du cafouillage horrible qu’était The Flash, le film propose des scènes d’action tout-à-fait honorables même si la première transformation de Blue Beetle semblait terriblement douloureuse. Si d’habitude la découverte des super-pouvoirs donne envie de devenir un super-héros, personnellement, ce coup-ci je passe mon tour.

Au casting : Xolo Maridueña (Parenthood, Cobra Kai, Victor et Valentino…) a la lourde tâche de nous attacher à un héros moins connu et s’en sort plutôt bien grâce à un récit mécanique qui répond aux codes classiques d’une origin story standard. Autour de lui, beaucoup de monde dont se démarquent Belissa Escobedo (Hocus Pocus 2, American Horror Stories…), George Lopez (Gare aux Gnomes, Les Schtroumphfs…) et bien sûr Adrianna Barraza (Dora et la Cité Perdue, Cake, Penny Dreadful…) en grand-mère casse-cou, tandis que Bruna Marquezine (Breaking Through…) s’inscrit comme un love interest gratuit et sans intérêt. Coté méchants pas gentils, Susan Sarandon (Feud, Blackbird, Maybe I Do…) cachetonne dans un rôle qu’elle pourrait habiter les yeux fermés… mais non, et Raoul Trujillo (Blood Father, Sicario, Mayans MC…) joue les side-kicks moitié homme moitié robot, gentiment calqué sur un Iron Monger du pauvre.

En conclusion, Angel Manuel Soto livre un film clé-en-main et tout juste divertissant pour faire passer un bon moment. Mais en y grattant de plus près, Blue Beetle débarque avec au moins quinze ans de retard et régurgite du déjà-vu déjà-fait en pilote automatique. À tester, sans plus.

PS : il y a deux scènes bonus dans le générique. La première tease une suite, la seconde enterre l’impression d’avoir perdu beaucoup trop de temps devant ce film.

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