Comédie, Drame

[CRITIQUE] Life of Chuck, de Mike Flanagan

Le pitch : La vie extraordinaire d’un homme ordinaire racontée en trois chapitres. Merci Chuck !

Avec Life of Chuck, Mike Flanagan signe sa troisième adaptation d’une œuvre de Stephen King, après Jessie sur Netflix et Doctor Sleep au cinéma. En s’attaquant à cette nouvelle courte de l’auteur, parue dans le recueil “Si Ça Saigne” en 2020, Mike Flanagan s’éloigne de l’horreur pour proposer une parenthèse lumineuse dans une filmographie marquée par son genre de prédilection, marqué par ses séries cultes (The Haunting, Sermons de Minuit, La Chute de la Maison Usher) et ses longs-métrages, dont les plus anciens comme Pas un Bruit, Ne t’endors pas ou Ouija : Les Origines.

Alors qu’on attend encore son adaptation de « Carrie » (de Stephen King, toujours) en 2026, Mike Flanagan surprend avec Life of Chuck, une comédie dramatique douce-amère centrée sur la vie ordinaire d’un homme, pour mieux interroger la brièveté de l’existence. Le ton se veut plus lumineux, mais le fond reste traversé par une méditation discrète sur la finalité de toutes choses, toujours en filigrane, jamais nommée frontalement. Une façon pour Mike Flanagan de rappeler dès le début, via une image aussi littérale que son adage, que c’est dans la nuit la plus noire que les étoiles brillent le plus fort.

Dans la lignée des récits initiatiques pour adultes — ces films qui nous invitent à ralentir, à cesser de courir vers un idéal impossible pour savourer l’instant présent, comme Eat Pray Love ou encore La Vie rêvée de Walter MittyLife of Chuck s’articule en trois actes, retraçant plusieurs tranches de vie très ordinaires autour de ce mystérieux Chuck. En démarrant par la fin, Mike Flanagan choisit de lever dès le départ le suspense narratif, pour se concentrer pleinement sur le message. Pas de destin exceptionnel, pas d’explosion, ni de révélation spectaculaire ici : l’histoire brille par la simplicité cocasse, normale et routinière de ses personnages, tandis qu’ils affrontent la fin des temps, l’incongru ou leur peur. Dans chaque acte, Life of Chuck met en lumière ces instants où ses personnages se sentent pleinement vivants, tout en gardant la mort en toile de fond, invisible, tue et pourtant omniprésente. Mike Flanagan célèbre l’existence de Chuck… ou plutôt une minuscule portion de celle-ci… et c’est précisément là que le film me perd.

En effet, le premier acte m’a bien accrochée, malgré son arc un peu attendu, la suite m’a laissée moins convaincue. S’il était temps qu’un film fasse danser Tom Hiddleston après toutes ces interviews où on a pu voir l’acteur démontrer ses talents, j’aurai aimé que la version de Mike Flanagan ne laisse pas un gap aussi immense entre les jeunes années de son héros et le court passage où on le voit adulte. Le traitement narratif crée un déséquilibre en zappant des étapes majeures entre les jeunes années de Chuck et sa période adulte.
Alors que Life of Chuck se présente comme une ode à la vie dans sa plus simple banalité (désolée pour les comptables, au passage), il semble paradoxalement éluder tout un pan crucial de cette existence qu’il prétend honorer. Le film aurait gagné à approfondir davantage son propos au lieu de rester en surface. Malgré un dernier acte touchant, le récit donne l’impression d’ouvrir de jolies portes… sans jamais vraiment y entrer.

Le film est peuplé de personnages attachants, dont on aurait aimé en apprendre davantage — mais qui, au final, ne font qu’orbiter autour d’un protagoniste qu’on peine aussi à cerner. Mike Flanagan parvient à relier l’imaginaire au réel avec une certaine élégance, mais sans jamais provoquer le vertige émotionnel espéré. Life of Chuck avance avec sincérité, mais peine à embarquer jusqu’au bout.

Au casting : Tom Hiddleston (Loki, Kong: Skull Island, The Night Manager…) réussit à être la star sur l’affiche alors qu’on ne le voit que finalement très peu. Cela ne l’empêche heureusement pas de livrer une performance tout en finesse, à la fois juste, émotive et parfaitement dosée. Autour de lui, Cody Flanagan, Benjamin Pajak et Jacob Tremblay (La Petite Sirène, Doctor Sleep, Good Boys…) prennent le relais à différente étapes de la vie de Chuck (ce dernier ayant le double rôle d’incarner Chuck à 17 ans et aussi son fils). On retrouve également Chiwetel Ejiofor (Bridget Jones : Folle de Lui, Venom : The Last Dance…), Karen Gillan (Douglas Is Cancelled, Les Gardiens de la Galaxie Vol. 3…), Mia Sara (La Folle Journée de Ferris Bueller…) ou encore David Dastmalchian (Le Dernier Voyage du Demeter, Oppenheimer…).

Evidemment, le Flanagan-verse n’est pas en reste avec notamment la présence de Kate Siegel (The Haunting, Sermons de Minuit, Pas un Bruit…), Violet McGraw (The Haunting of Hill House, M3GAN…), Rahul Kohli (The HauntingLa Chute de la Maison Usher, Sermons de Minuit…), Samantha Sloyan (The Midnight Club, La Chute de la Maison Usher…), Mark Hamill (Le Robot Sauvage, La Chute de la Maison Usher…), Annalise Basso (Ouija : Les Origines, Snowpiercer…) ou encore Carl Lumbly (Doctor Sleep, Captain America : Brave New World…). Même Carla Gugino (Lisa Frankenstein, The Haunting, La Chute de la Maison Usher…) est audible en voix off, aux cotés de Nick Offerman (Civil War, Mission : Impossible – The Final Reckoning…) qui fait la narration du film.

En conclusion, Life of Chuck est un joli film, qui aurait pu être un excellent feel-good movie si Mike Flanagan avait un peu plus poussé le sujet — s’il avait osé faire comme Stanley Kubrick, quitte à s’éloigner du matériau original écrit par Stephen King. En restant en surface, le film limite son impact en se cantonnant à un récit balisé, qui séduira sûrement le grand nombre et fera passer un bon moment, mais sans vraiment laisser de trace… À part, peut-être cette superbe séquence de danse, éventuellement. À tenter.

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