Action, Sci-fi

[CRITIQUE] Predator: Badlands, de Dan Trachtenberg

Le pitch : Dans le futur sur une planète lointaine, un jeune Predator, exclu de son clan, trouve une alliée improbable en la personne de Thia et entreprend un voyage en territoire hostile, à la recherche de l’adversaire ultime.

Après Prey et la mini-série Killer of Killers, Dan Trachtenberg continue d’explorer l’univers Predator sous un angle nouveau. Pour le septième opus de la franchise, Predator: Badlands s’éloigne de l’imagerie poisseuse et ultra-virile qui lui colle à la peau, pour une aventure plus lumineuse, pleine d’action, de créatures extraterrestres en tout genre et d’une bonne dose d’humour. Un mélange surprenant, parfois un peu trop « Disney-like » dans le ton : aucun humain à l’écran, seulement des androïdes et des aliens, ce qui rend la violence plus “acceptable”… et paradoxalement plus fun.

Comme la série Alien: Earth, Predator: Badlands ose s’émanciper et proposer autre chose que des gros bras qui se font traquer à travers la jungle (quelle soit littérale ou urbaine) par des Predators anonymes. Dan Trachtenberg étoffe la diégèse des Predators, en explorant leurs traditions, leur sens de l’honneur, leur rite de passage et leur rapport à la faiblesse. Le thème de la chasse et du guerrier reste central, mais le réalisateur parvient à l’humaniser au contact des autres personnages / espèces. À la rencontre de Dek et de ses motivations, Predator: Badlands parle aussi de différence, de rejet et de cette idée de chercher une famille ailleurs que dans les liens de sang. Le film parvient habilement à jongler entre la noirceur inhérente à la saga et l’ambition de divertissement, à travers la relation entre les personnages et l’ajout d’une créature qui ferait une bonne peluche (même si elle rappelle douloureusement Godzilla x Kong parfois). On s’habitue donc à ce Predator plus bavard, sans humain, qui permet de mieux s’immerger dans l’action.

Côté mise en scène, il y a beaucoup d’originalité, notamment dans les combats. Avec plus de moyens que pour Prey et malgré les limitations de la prise de vue réelle, Dan Trachtenberg s’en donne à cœur joie pour composer un univers à la fois dense, parfois insensé, comme un terrain de jeu idéal pour tester ses personnages. Au début, Predator: Badlands désarçonne : difficile de comprendre les dangers quand les créatures affrontées ont des capacités inconnues. Mais plus l’histoire avance, plus l’empathie fonctionne, et on finit par s’attacher au héros et à son acolyte de fortune. Axé sur l’action, Predator: Badlands est une aventure haletante, aux allures de blockbusters assumées. Les affrontements deviennent de plus en plus prenants, même si certaines séquences restent un peu illisibles quand les créatures sont trop massives ou que l’action va trop vite (les aléas du CGI qu’on masque avec une colorimétrie foncée).

Globalement, Dan Trachtenberg propose surtout des idées neuves (pas d’armure ni d’arsenal, un combat des jambes mémorable…) et un vrai sens du spectacle, maintenant l’attention jusqu’à la fin. Si l’esthétique ne bouleverse pas les codes, Predator: Badlands flirte souvent avec le beauty shot, sublimant sa photographie froide et métallique par des jaillissements de rouge et d’orange presque organiques. Certains plans s’imposent par leur puissance visuelle, profitant pleinement de cette planète où chaque brin d’herbe peut s’avérer mortel. Ce décor vivant, imprévisible et sans frontière donne au film une respiration constante, un mouvement qui dynamise et enrichit chaque séquence.

À l’issue, plusieurs questions restent en suspens. Si Dan Trachtenberg offre un divertissement accrocheur et plutôt réussi, j’ai hâte de voir ce qu’il compte développer par la suite. Certes, le thème de l’honneur et de la famille ont été développés, mais ça n’a rien de nouveau dans la franchise. Par contre, en intégrant l’entreprise Weyland-Yutani dans le film, Predator: Badlands a ouvert une brèche intéressante permettant d’introduire les robots dans le film (et non des humains qui auraient été perçus comme une menace) et de rejoindre une des thématiques importantes de la saga Alien [SPOILER] à savoir collecter des espèces aliens pour des ambitions plus humaines [/SPOILER]. Reste à savoir si une suite réparera le trauma causé par les films Alien vs Predator…

Coté casting, c’est intelligemment réduit et de nombreux acteurs jouent des rôles multiples. Ainsi, on retrouve la superbe Elle Fanning (Valeur Sentimentale, Maléfique : Le Pouvoir du Mal, Teen Spirit…) pour la première fois dans un film d’action, dans un double rôle, tantôt délicate, drôle et sensible, tantôt froide et implacable. À ses cotés, c’est le cascadeur Dimitrius Schuster-Koloamatangi qui incarne Dek ainsi que d’autres Predator.

En conclusion, Dan Trachtenberg renouvelle la franchise à travers un film plus léger et un ton étonnamment familial, sans pour tant trahir la férocité et l’ADN guerrier des Predators. Predator: Badlands s’inscrit comme un divertissement audacieux et imparfait, mais plein de promesses pour la suite. À voir.

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