Le pitch : Yassine, jeune étudiant marocain vient à Paris faire ses études d’architecture avec un visa étudiant. Suite à un événement malencontreux, il rate son examen, perd son visa et se retrouve en France en situation irrégulière. Pour y remédier, il se marie avec son meilleur ami. Alors qu’il pense que tout est réglé, un inspecteur tenace se met sur leur dos pour vérifier qu’il ne s’agit pas d’un mariage blanc…
Dernier né de « La Bande à Fifi » menée, en partie par Philippe Lacheau et Julien Arruti, après Babysitting 1 et 2, Alibi.com, Paris à Tout Prix ou encore Jour J, Épouse-Moi Mon Pote est cette fois réalisé par Tarek Boudali, connu par la mini-série En Famille diffusée sur M6. De cette fameuse bande, j’ai souvent du mal avec les films de Philippe Lacheau que je trouve généralement bêtement idiots, tandis que d’un autre coté, je trouve Tarek Boudali trop souvent dans le sur-jeu plein de mimiques exagérées, teinté d’une certaine naïveté qui le sauve de justesse. Du coup, on ne peut pas dire que j’ai été séduite par le projet Épouse-Moi Mon Pote dès le premier coup d’œil, craignant les blagues lourdingues sur l’homosexualité et un humour grossier.
En bon film à sketchs tout public et un poil régressif, Épouse-Moi Mon Pote propose une histoire facile à dérouler et se repose essentiellement sur le duo Boudali-Lacheau pour égayer l’histoire, dans un film fabriqué entre copains (et pour les copains). En effet, sachant que le sujet était à prendre avec des pincettes, Tarek Boudali joue la carte des clichés avec une approche bébête et simpliste pour faire passer la pilule : boite gay, blagues sous la ceinture, essais de rebondissements à contre-courant avec la brute épaisse du quartier… Tout y est, il n’y a qu’à patienter.
Sans surprise, Épouse-Moi Mon Pote se révèle, dans le fond, ultra-conformiste malgré son sujet principal (le mariage gay) pour pouvoir atteindre un public plus large – quitte à enraciner certains préjugés négatifs qui ont déjà la peau dure. Le film de Tarek Boudali se concentre sur un humour gras et bas de plafond, proposant une fausse virée dans l’univers homo pour n’en ressortir que des idées préconçues sur la sexualité (déviante…) et gênantes (sentiment de honte assez présent). Au lieu d’en profiter pour dresser un portrait positif et encourageant du Mariage pour Tous, le film s’englue dans une parodie comique faussement subversive, mais suffisamment beauf pour espérer une petite place dans une programmation dominicale de TF1 et passer pour un film populaire.
Résultat, Épouse-Moi Mon Pote peut souvent faire grincer des dents avec ses défauts qui s’entassent : de l’introduction qui se moque joyeusement des personnes en surpoids (avec une actrice visiblement rembourrée par des prothèses, des accessoires qui n’auront aucun rapport avec le reste de la choucroute…) à une intrigue cousue de fils blancs et habitée par des personnages ultra transparents et prévisibles. Un peu flemmard sur les bords, Épouse-Moi Mon Pote ne brille pas par sa nouveauté et ressert des mécanismes déjà bien rouillés par les films superficiels de Philippe Lacheau.
Pourtant, si on est pas trop regardant, le film de Tarek Boudali réserve de rares moments désopilants quand le scénario prend par surprise ou vise juste avec des traits d’humour efficace. De plus, on s’attache rapidement à ce héros gentil mais embourbé malgré lui dans un mensonge qui le dépasse, tandis que le sort s’acharne, mêlant sa famille, l’amour de sa vie et le couple de son meilleur ami. Fait pour divertir et amusé un public très ciblé, Épouse-Moi Mon Pote évite la gravité de son sujet pour rester sur une tonalité juvénile qui invite à la bonne humeur détendue du slip. L’ensemble est commode, avec un final un chouilla bâclé, mais face à des comédies françaises récentes et franchement honteuses (Coexister ou Les Nouvelles Aventures de Cendrillon, pour ne pas les citer), le film de Tarek Boudali s’en tire plutôt bien grâce à l’ambiance « cour de récré » proposée par Tarek Boudali et ses copains. Ceci étant dit, c’est dommage que ce film, destiné aux jeunes, véhicule autant d’idées préconçues plutôt que d’essayer, a minima, de faire évoluer les mentalités. Mais bon, on ne peut pas tout avoir…
Au casting : second couteau dans les films de ses potes (Babysitting, Paris à Tout Prix, Alibi.com, Jour J…), Tarek Boudali prend du galon en étant devant et derrière la caméra. Son caractère enthousiaste et gauche prend le pas sur son manque de justesse et sa tendance parfois agaçante à grimacer ou à exagérer ses expressions. Autour de lui, on retrouve un ensemble familier au talent de comédien inégal : Philippe Lacheau ressert le même personnage adulescent et immature depuis Paris à Tout Prix à quelques variations près, Charlotte Gabris (À Fond, Les Têtes de l’Emploi…) est assez catastrophique avec un jeu amateur, tandis qu’Andy Raconte s’illustre dans un personnage étrangement antipathique malgré son importance dans l’histoire (le coup de la fausse obésité, probablement…) et que Julien Arruti joue les running gags accessoires. Heureusement, des habitués de l’humour viennent rattraper le niveau, notamment avec David Marsais (Palmashow, Les Gazelles, La Folle Histoire de Max et Léon…) et Philippe Duquesne (Au Revoir Là-Haut…), plutôt sympathiques ; tandis que Baya Belal apporte un peu de cœur dans un film animé par une bande de grands gamins.
À noter, la présence de Fatsah Bouyahmed (La Vache…) qui, en une seule scène visiblement improvisée, offre le meilleur fou rire du film !
En conclusion, si les films précédents de « La Bande à Fifi » vous ont plu, Épouse-Moi Mon Pote se glisse parfaitement dans la lignée de ces comédies légères conçues entre potes et bercées par l’autocongratulation, qui débarquent pile à temps pour les vacances, avec un cortège overdosé de vannes et autres gags gras et collégiens, suffisamment osés pour susciter quelques bouches bées et faciès agréablement choqués (mais bon, c’est pas du Seth Rogen non plus, hin…). À tenter.
PS : je ne recommande pas d’être accompagné par des enfants trop jeunes, pour éviter d’avoir à répondre à des questions embarrassantes par la suite 😛