Action, Comédie

[CRITIQUE] Jumanji : Bienvenue Dans la Jungle, de Jake Kasdan

Toucher à Jumanji, c’est prendre le risque de se mettre toute une génération, voire plusieurs, à dos. Jake Kasdan revisite le classique de 1995 dans une aventure moderne, jubilatoire et, contre toutes attentes, vraiment réussie ! S’il faut se détacher au film original, Jumanji : Bienvenue Dans La Jungle est un cocktail bien dosé d’humour, d’action et de rythme, misant à fond sur le divertissement familial et évitant avec brio les pièges du teen-movie lourd et trashouille. Le film est porté par un quatuor efficace et hilarant, notamment grâce à un Jack Black absolument génial ! Quelle surprise !

Le pitch : Le destin de quatre lycéens en retenue bascule lorsqu’ils sont aspirés dans le monde de Jumanji. Après avoir découvert une vieille console contenant un jeu vidéo dont ils n’avaient jamais entendu parler, les quatre jeunes se retrouvent mystérieusement propulsés au cœur de la jungle de Jumanji, dans le corps de leurs avatars. Ils vont rapidement découvrir que l’on ne joue pas à Jumanji, c’est le jeu qui joue avec vous… Pour revenir dans le monde réel, il va leur falloir affronter les pires dangers et triompher de l’ultime aventure. Sinon, ils resteront à jamais prisonniers de Jumanji…

Débarrassons-nous tout de suite des points gênants : le film de Joe Johnston, sorti en 1995, est devenu un classique des comédies familiales de l’époque, porté par feu Robin Williams. Inutile de revenir sur les nombreuses qualités de Jumanji qui, à portée d’enfants, offrait une comédie mêlant action, frissons et humour, sur les bases d’un jeu de société mystérieux qui prenait vie et une morale permettant à ses protagonistes d’affronter leurs peurs. Le conte familial classique, en somme. Du coup, l’idée de relancer la franchise culte n’a ravi qu’une poignée de gens et au lancement de la première bande-annonce, en juin dernier, j’étais parmi les premières à grimacer d’horreur.  Le pire était à prévoir avec un tel projet entre les mains du réalisateur de films incluant Cameron Diaz (gros bémol dès le départ !), d’autant plus que le duo Dwayne Johnson / Kevin Hart ne me rassurait pas, après un poussif Agents Presques Secrets. De plus, le triste décès de Robin Williams en 2014 semblait rendre Jumanji (et ses autres succès) intouchable.

Pourtant, on y est : 2017, pile à temps pour les fêtes, Jumanji : Bienvenue Dans La Jungle débarque sur nos écrans. Annoncé comme une suite (ce qui est discutable), le film de Jake Kasdan (Bad Teacher, Sex Tape…) se repose sur l’univers créé par le film original – adapté du roman de Chris Van Allsburg – pour nous transporter directement dans l’univers du jeu. En effet, si en 1995 Jumanji faisait intervenir le jeu dans la réalité, cette fois ce sont les personnages qui sont projetés dans Jumanji. C’est là un des premiers bons points du film : au lieu de répéter la recette d’origine, Jake Kasdan réinvente le concept et colle finalement à la pop-culture en faisant évoluer le jeu du modèle plateau à la réalité virtuelle – en passant tout de même par l’étape du jeu vidéo sur vieille console et télévision cathodique : un bon clin d’œil pour la génération Jumanji.

Bien ficelé, Jumanji : Bienvenue Dans la Jungle s’adapte à notre société actuelle, avec tous les bons clichés attendus dans ce genre de comédies. Alors que l’introduction installe les quatre ados qui vont rapidement céder leurs places aux véritables stars du film, Jumanji : Bienvenue Dans La Jungle évoque les turpitudes de l’adolescence, entre problèmes d’image, d’isolement et d’assurance classiques. Une fois que l’aventure démarre, le film de Jake Kasdan va intelligemment puiser dans ces caricatures établies pour animer ses personnages et les faire évoluer tout au long du film, entre volonté de survie et esprit de cohésion. Du coup, si on n’échappe pas à la petite morale sucrée disséminée à petites doses, le film propose des personnages (et acteurs) tellement irrésistibles que la pillule passe sans problème.
Mais évidemment, Jumanji : Bienvenue Dans La Jungle ce n’est pas uniquement de la psychologie. Tout comme le premier, le film vise le divertissement familial en reprenant les ingrédients-clé : humour, action, un peu de frisson et surtout de l’aventure ! Si l’approche est différente, ce nouveau Jumanji reste cohérent de bout en bout, malgré ce nouveau décor. Le monde sauvage décrit par Alan Parrish en 1995 prend vie et Jumanji : Bienvenue Dans La Jungle ne lésine pas sur les moyens pour créer une jungle effrayante qui ne va laisser aucun répit à ses personnages. Entre un vilain pas beau et des animaux dangereux derrière chaque buisson, le film nous précipite dans un rollercoaster survitaminé et explosif, qui ne laisse filtrer aucun temps mort. Une fois embarqué, tous comme les personnages, impossible de s’arrêter.

La grande surprise c’est de voir un film aussi dense fonctionner ! Au-delà de la franchise, il faut équilibrer un casting XXL (dont 3 acteurs connus pour leur potentiel comique) ; des personnages hauts en couleur à faire évoluer aussi bien individuellement qu’en équipe ; un univers multiple, mouvant et imprévisible, ainsi qu’un scénario à faire tenir debout de A à Z. Cela fait beaucoup pour un film et, contre toute attente, Jumanji : Bienvenue Dans La Jungle relève le défi haut la main. Certes, on pourra toujours râler en disant que l’original est meilleur, que le nom « Jumanji » n’est là que pour rebooter la franchise… mais j’ai trouvé ce nouveau film fun et drôlement efficace, au loufoque complètement assumé. La maîtrise et le sens du rythme du film de Jake Kasdan sont remarquables, car, soyons honnête, le film avait tout pour se casser la gueule. Pourtant, l’ensemble parvient à divertir tout en évitant les pièges les plus évidents : pas d’humour trashouille, pas de gags gras ou bêtifiants… L’écriture des personnages est affûtée, reposant sur les caractéristiques de ses doubles personnages pour les faire avancer et même si ceux de Nick Jonas et Karen Gillan manquent un chouilla de relief, j’ai été absolument conquise par cet ensemble hilarant – voire même un peu triste quand les avatars ont fini par laisser leurs places aux ados.

Au casting, justement : après le très lourd Baywatch : Alerte à Malibu, c’est un plaisir de retrouver Dwayne Johnson (Fast And Furious 8, Vaiana…), toujours à l’aise dans son genre de rôle de colosse tendre et drôle, mais nettement plus maîtrisé et donc parfait. À ses cotés, on retrouve son acolyte Kevin Hart (Agents Presque Secrets, Comme des Bêtes…), beaucoup moins hurleur que dans ses autres films et vrai moteur comique du film. J’aurai aimé voir plus de Karen Gillan (The Circle, The Big Short…) en mode badass même si certains de ses passages font trop écho aux Gardiens de la Galaxie (dans lesquels elle joue Nebula), tandis que Nick Jonas (Kingdom…) parvient étonnamment à trouver une place dans cet ensemble imposant et Bobby Cannavale (Ferdinand, Ant-Man…) est convaincant en vilain pas beau. Mais loin devant ces têtes d’affiche, c’est surtout Jack Black (Chair de Poule, Sex Tape…) qui tire son épingle du lot : avatar d’une ado superficielle, l’acteur est absolument génial, tant il adopte parfaitement les attitudes nécessaires sans en faire des tonnes. Il est le véritable bijou du film, j’ai adoré le voir dans ce personnage.
Et puis on ne va pas les oublier : Alex Wolff (Mariage à la Grecque 2…), Madison Iseman (The Real O’Neals…), Ser’Darius Blain (Shameless US…) et Morgan Turner (Le Musée des Merveilles…) incarnent les adolescents du film.

En conclusion, ce n’est jamais facile de revisiter un classique apprécié du public : on en a vu passer des catastrophes et des redites paresseuses. Jumanji : Bienvenue Dans La Jungle est parvenu à relever un sacré défi en livrant une comédie à la fois dense, animée et déjantée, à travers un divertissement familial et efficace qui ne dessert en rien le film original. Si le lien avec l’original est discutable, le film de Jake Kasdan offre un excellent moment et transpire la bonne humeur. À voir absolument !

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