Épouvante-horreur

[CRITIQUE] Insidious : La Dernière Clé, d’Adam Robitel

Le pitch : Le docteur Elise Rainier, la brillante parapsychologue, va affronter le cas le plus effrayant et le plus personnel de son histoire : elle doit intervenir dans sa propre maison…

Les productions Blumhouse sont un peu comme les chocolats de Forrest Gump : on ne sait jamais sur quoi on va tomber, même si on finit quand même par s’en douter. Même si la maison a produit quelques bonnes surprises l’année dernière avec Split de M. Night Shyamalan, Get Out de Jordan Peele et même Happy Birthdead de Christopher Landon, le fond de commerce reste le même : le film d’horreur facile et potentiellement dérivé d’un opus dont le succès remonte déjà à un petit moment. Insidious : La Dernière Clé est l’exemple parfait, puisque la saga remonte non seulement jusqu’à James Wan mais cultive également l’esprit de famille de ce dernier en laissant ses comparses réaliser spin-off et compagnie. En effet, Leigh Whannell était déjà responsable d’Insidious : Chapitre 3 (2015), et celui-ci passe le flambeau à Adam Robitel pour ce qui semble être le volet final, pour l’instant, de la saga (prouvant une nouvelle fois que le score au box-office n’est pas relatif à la qualité d’un film). C’est donc le réalisateur de films anecdotiques, L’étrange Cas de Deborah Logan et Paranormal Activity 5, qui s’attelle à la tâche pour revamper Insidious sur nos écrans.

Insidious : La Dernière Clé renoue avec Elise Rainier, la médium qui a accompagné la saga depuis le début, en compagnie de ses deux acolytes XXL (la vanne marche bien mieux en VO, grâce à la sonorité similaire des mots « psychic » et « side-kick »), dans un nouveau cas qui va la ramener dans la maison de son enfance. Et évidemment, on découvre que son don s’est révélé alors qu’elle était gamine et qu’elle a grandi dans un univers envahi de fantômes parce que, tenez-vous bien, elle vivait aux abords d’une prison qui exécutait les condamnés à mort. Déjà, le film met en place un cadre bien accueillant pour une gentille famille innocente, avant d’enfoncer le clou avec un père violent qui refuse le don de sa fille et une tragédie qui va construire une atmosphère déja pesante pour les personnages. Insidous : La Dernière Clé a beau en rajouter des tonnes, le film ressert un plat réchauffé avec une introduction qui manque un peu de saveur. Alors que James Wan avait ouvert une brèche – ou plutôt une porte – vers un imaginaire sombre et inquiétant, Insidious : La Dernière Clé ressasse des cas de possessions finalement très classiques, ayant pour seule audace de montrer de façons plus tranchantes jusqu’à quels points les démons peuvent influencer les vivants, à travers une intrigue voguant entre souvenirs et tentatives de rédemption. Jusque là, pourquoi pas.

Insidious : La Dernière Clé fait peu d’effort spour installer une ambiance aux artifices vus et revus (obscurité et jumpscare), plus focalisé sur le parcours personnel d’Elise que sur l’ambition horrifique du film. Si la volonté d’Adam Robitel est de se démarquer des autres Insidious, le film ne fait que s’enfoncer dans une trame inutilement complexe, scindée en deux parties qui vivotent difficilement ensemble. Même si je la connais depuis les autres films, je n’ai pas réussi à m’attacher à cette héroïne qu’on nous remâche depuis le début et, surtout, qui ne frémit plus depuis longtemps devant des présences fantomatiques. Et c’est bien là le problème : alors que les précédents Insidious (et films d’horreur dans ce genre) sécurisent de l’empathie en mettant en avant des personnages innocents et terrifiés, Insidious : La Dernière Clé s’articule autour de trois experts dans le domaine qui parle aux fantômes comme s’ils commandaient une pizza. Du coup, le frisson ne filtre jamais à travers l’écran tandis que le film s’évertue à tricoter un scénario fade et peu inspiré (des clés pour changer des portes, wouhou !) rattaché à l’enfance d’un personnage qui a toujours été secondaire dans cette franchise, entre esprits dérangés et esprits frappeurs.

Insidious : La Dernière Clé reste globalement très safe, tout en tentant de camoufler les creux avec quelques blagues à peine assumée. En effet, l’une des modes actuelles dans le genre horrifique (vu qu’apparemment l’horreur pure et simple est devenue trop fastoche, n’est-ce pas), c’est de distiller du cocasse, un peu d’humour quoi, dans ce monde obscure où l’électricité coute visiblement la peau du cul vu que tout le monde s’obstine à vivre dans la pénombre… Seulement voilà, avec deux vannes au compteur et un running gag dérangeant autour de deux mecs adultes tentant de draguer lourdement deux (très) jeunes femmes, les ambitions d’Adam Robitel tournent toujours court et le film patauge dans un ensemble médiocre, vaste gâchis d’énergie et de temps pour rapporter du dollar, non pas parce que le film sera réussi, mais malheureusement parce qu’il est porté par la popularité des opus précédents qui attirera les curieux (et les masos) – dont je fais partie, évidemment !

Au casting : Lin Shay (la saga Insidious, Ouija : Les Origines…), Leigh Whannell (la saga Insidious…) et Angus Sampson (la saga Insidious, Mad Max : Fury Road…) reprennent du service, formant un trio des plus atypiques et moins crédible possible. Sur leur chemin, Kirk Acevedo (La Planète des Singes : L’Affrontement, Arrow…) et Josh Stewart (Transcendance…) semblent plus amorphes que les zombies de The Walking Dead, tandis que Caitlin Gerard (When We Rise…) et Spencer Locke (Resident Evil Extinction et Afterlife…) font visiblement de leur mieux pour tirer leurs épingles du jeu.

En conclusion, si ce nouveau chapitre n’était pas à attendu, le résultat confirme l’essoufflement flagrant d’une franchise qui ne parvient pas à se renouveler. Adam Robitel tricote une intrigue fadasse autour d’un personnage dont, franchement, on avait rien à faire jusque là. D’ailleurs, en s’attachant à l’histoire d’Elise, une médium habituée aux cas de possessions démoniaques, Insidious : La Dernière Clé renonce à créer un lien entre le public et les personnages généralement terrifiés par ce qui leur arrive, du coup… bah on s’ennuie de pied ferme. À éviter (sauf si vous souhaitez absolument voir un Insidious 5 qui racontera peut-être les deux lourdauds qui l’accompagnent se sont rencontrés, qui sait…).

1 réflexion au sujet de “[CRITIQUE] Insidious : La Dernière Clé, d’Adam Robitel”

  1. Bonjour,
    J’ai bien aimé ce dernier volet, découvrir une partie de l’enfance d’Elise Rainer, joué par Lin Shaye (et non Lin Shay).
    Au contraire, je trouve intéressant, au lieu de reprendre le concept classique, des personnes, du jour au lendemain, se retrouvent dans une situation surnaturelle, du coût effrayé.
    Là, on découvre, l’enfance du médium, ce fil conducteur de la saga, une mère qui l’a soutient, un peu et un père ivrogne, qui refuse de croire à tout ça.
    Sans rentrer dans les détails, pour ne pas dévoiler l’histoire, le « hasard » veut qu’elle doive revenir dans cette maison, comme pour boucler une boucle.
    Et aussi créer de liens avec sa famille et recréer un lien avec son père, plus découvrir la vérité sur son père, son vrai visage et pourquoi il était comme ça.
    Même lever le voile sur de faux souvenirs
    Lin Shaye fait fragile, alors qu’elle joue le rôle d’un médium, qu’elle doit affronter des forces maléfiques puissantes, je trouve le personnage très attachant, on a de l’empathie pour elle.
    On la sent, par moment, prête à craquer, puis elle devient plus forte, une volonté de fer.

    Je conseille ce film à tous ceux qui aiment ce nouveau genre de films d’horreur.

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